Cette semaine, les cofondatrices d’Omy Laboratoires, Rachelle Séguin et Andrea Gomez, répondent à nos questions sur le leadership.

C’est un grand pas que votre jeune entreprise créée en 2018 vient de faire. Vos crèmes fabriquées sur mesure en fonction des besoins de la peau du client, qui n’étaient offertes que sur votre site internet, sont vendues à partir de maintenant dans les pharmacies Jean Coutu et Brunet du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick.

Rachelle : Honnêtement, je ne pensais jamais que mon rêve allait se réaliser. Quand tu lances ton entreprise, oui, tu vises à devenir très gros, mais tu ne t’imagines pas que ça va réellement arriver. Qu’on en soit rendu là, en si peu d’années, et qu’on entre dans autant de points de vente d’un seul coup, je suis impressionnée.

Andrea : C’est un rêve qu’on trouvait inaccessible au début. Ce sont de gros volumes qu’on déploie partout au Québec et ça demande une maturité sur le plan des opérations. Mais avec la croissance, on a réussi à avoir cette maturité sur le plan des opérations et du marketing. On a une solide équipe de 50 employés. C’est grâce à toutes ces bonnes personnes qu’on s’est dit : ça y est, on est prêtes. Notre objectif dans les prochaines années, c’est de se démarquer partout en Amérique du Nord.

Comment deux jeunes entrepreneures ont-elles réussi à conclure un partenariat exclusif avec un géant ?

Andrea : C’est un travail qu’on fait depuis un certain temps avec Jean Coutu et Brunet. Ils valorisent les marques québécoises et voulaient autant que nous voir Omy entrer chez eux. Il y a quelques années, ils nous avaient approchées, mais l’entreprise n’était pas prête. Quand on était cosméticiennes, Rachelle et moi, on a vu tellement de marques entrer et prendre la poussière sur les tablettes que c’était inconcevable d’être en pharmacie sans avoir une certaine notoriété.

Rachelle : Nous avons fait du codéveloppement. Ils ont été conciliants et flexibles. Nos produits ont été pensés pour le commerce en ligne. Ils sont blancs. Jean Coutu et Brunet nous ont permis de mettre un fond jaune derrière nos produits, de rentrer dans la section qu’on voulait qui était la section des dermocosmétiques, de mettre aussi nos bandes avec nos revendications végane et hypoallergénique.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Présentoir des produits Omy chez Jean Coutu

Actuellement, les clients remplissent un formulaire en ligne, puis une fois que la crème est fabriquée à l’aide de l’intelligence artificielle, elle est livrée chez le client. Comment allez-vous fonctionner en pharmacie ?

Rachelle : On a testé différents concepts, dont celui avec un iPad en magasin. On a finalement observé que les gens n’ont pas envie de répondre à des questions personnelles sur un outil technologique qui ne leur appartient pas. On a donc fait le choix d’avoir un code QR en magasin. Lorsqu’on le scanne avec son téléphone, il ouvre automatiquement l’analyse de peau Omy. Les gens vont pouvoir répondre aux questions et les produits seront livrés directement chez eux. Un pourcentage de la vente est donné au magasin. Les cosméticiennes seront formées pour devenir des expertes de produits Omy, mais les clients vont toujours commander avec le code QR.

Andrea : Toute la partie du code QR, c’est une belle innovation qu’on amène dans le Groupe Metro. En plus des produits sur mesure, on a 19 produits sur les tablettes. On a aussi développé six nouveaux produits pour les pharmacies. Ç’a été un long processus, parce qu’on a fait six développements de produits. On a travaillé très fort sur le plan de la recherche et développement avec des tests cliniques, des tests d’efficacité pour avoir des formules avec la même qualité que nos produits habituels dans une gamme en pharmacie.

Avec des intermédiaires, devrez-vous vendre vos produits plus cher, parce que c’est ce qui vous inquiétait au départ ?

Rachelle : Non, les prix restent les mêmes. Ç’a été de grosses négociations avec le Groupe Jean Coutu et Brunet, d’ailleurs. C’est l’une des raisons pour lesquelles on est une marque exclusive.

Vous êtes de jeunes entrepreneures de 32 et 28 ans. Rachelle a un bébé de 5 mois et Andrea, des jumelles de 19 mois. Comment faites-vous pour concilier vos rôles de mère et d’entrepreneure ?

Rachelle : L’entourage est important, le conjoint, la famille et tous ceux qui nous aident au quotidien. Ce sont nos conjoints qui ont pris les congés parentaux.

Andrea : Ce n’est pas toujours évident, parce qu’on est fatiguées quand le bébé ne dort pas. Mais on a de grandes ambitions, on veut donner l’exemple à nos enfants, on veut démontrer à nos trois filles qu’on peut accomplir ce qu’on désire dans la vie. On veut créer un meilleur monde, avoir un impact sur l’industrie, la rendre plus verte, c’est pour ça qu’on fait de nombreuses innovations sur le plan de la certification B Corp, les recharges, nos livraisons carboneutres, nos opérations en laboratoire zéro déchet. En tant qu’entrepreneures, on a beaucoup de pouvoir, et c’est ce qui nous motive de faire avancer les choses.