(Rivière-du-Loup) C’est l’histoire d’une multinationale qui avait de l’appétit pour un menu local et celle d’un petit restaurant qui devait grandir pour survivre. Deux destinées se sont ainsi unies, permettant à Premier Tech, dont le siège social est situé à Rivière-du-Loup, d’offrir à ses employés un service de cafétéria hors du commun avec les repas mitonnés par Côté Est, restaurant reconnu de Kamouraska.

« Le secret de Côté Est, ç’a été ça », lance en souriant Perle Morency, copropriétaire du restaurant avec son conjoint et chef de l’établissement, Kim Côté. Accoudée au comptoir du restaurant de Kamouraska où une fenêtre laisse entrer le soleil et entrevoir le fleuve, elle ne cache pas que le partenariat conclu avec Premier Tech fait partie des éléments qui ont permis à son entreprise de se maintenir à flot au cours des dernières années, en cette période difficile pour la restauration.

« Pourquoi Côté Est est encore vivant ? On a toujours diversifié nos activités », répond-elle simplement. Entre 2012 et 2024, les restaurateurs ont ajouté plusieurs volets à leur entreprise, dont une concession alimentaire sur le campus de Premier Tech, une multinationale louperivoise qui se spécialise notamment en horticulture, en agriculture, en développement industriel et en environnement.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Perle Morency, copropriétaire du restaurant Côté Est

« Ils sont venus nous chercher. Ils ont le goût d’offrir à leurs équipiers, à leurs travailleurs des cafés qui servent ce que j’appellerais du “bon manger”. Du bon spaghetti, du poulet, des sautés, des sandwichs préparés avec de plus en plus de produits de la région », décrit Perle Morency.

Ceci n’est pas une cafétéria

À une quarantaine de kilomètres à l’est, Stéphanie Thériault, gestionnaire des relations publiques chez Premier Tech, attablée à l’une des deux cafétérias de l’entreprise, explique à La Presse, qu’elle a accueillie à son siège social de Rivière-du-Loup, pourquoi l’entreprise a jeté son dévolu sur Côté Est en 2015.

Petite mise au point d’abord : personne ici ne parle de « cafétéria ». Ces endroits où les employés peuvent à la fois commander un café de spécialité, un muffin frais du jour encore chaud ou une assiette réconfortante à l’heure du dîner ont plutôt été baptisés Tech Cafés. Il faut dire qu’avec ses fauteuils, ses grandes baies vitrées, ses tables en bois, son comptoir aux multiples viennoiseries, ses petits pots en verre remplis de noix, son frigo plein de salades colorées, l’endroit n’a rien à voir avec l’image typique d’une cafétéria traditionnelle. « Ce n’est pas une cafétéria. C’est vraiment une expérience café qu’on veut créer », tient à souligner Mme Thériault.

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Les plats du jour sont offerts dans une portion généreuse.

« On aime avoir une signature, raconte Mme Thériault tout en faisant préparer une assiette de polpettes nappées de sauce tomate, le plat inscrit au menu du jour. Lundi, c’était le parmentier et bœuf braisé, à la fin de la semaine, un bol poke aux crevettes épicées. Ces plats du jour offerts dans une portion généreuse, avons-nous constaté, coûtent environ 11 $. Ils sont préparés chaque jour par une équipe de quatre employés de Côté Est qui s’affaire à quelques mètres de là, dans un conteneur converti en cuisine. Pour le repas plus haut de gamme, dans un menu exécutif, on peut se faire servir un pavé de poisson du Saint-Laurent accompagné de légumes du jardin, par exemple, pour environ 17 $.

On avait la volonté d’offrir du local, de mettre la région en valeur, d’offrir des options saines. Je peux imaginer que pour Côté Est, c’est un partenariat qui fait une différence. Mais ça fait aussi partie de la réflexion de Premier Tech, une entreprise qui veut s’implanter dans son milieu.

Stéphanie Thériault, gestionnaire des relations publiques chez Premier Tech

« L’idée, c’est d’être un acteur important pour les communautés où nous sommes présents et de contribuer au développement de ces communautés », ajoute-t-il.

Dans ce secteur de la ville où il n’y a pas de restaurants à proximité, le Tech Café devient presque une destination incontournable pour ceux qui n’ont pas leur lunch.

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Variété de plats servis à la cafétéria de Premier Tech

Et pendant que les « équipiers », nom donné aux employés de Premier Tech, ont accès à un menu qui n’a rien à envier à celui de nombreux cafés et restaurants, Côté Est peut compter sur des « revenus récurrents », souligne Perle Morency.

« C’est la courbe inversée du tourisme, explique-t-elle. Avec eux, ça commence en septembre et ça augmente jusqu’en mars, avril, mai. [Au printemps], c’est vraiment demandant, il y a beaucoup d’évènements internationaux, des gens qui viennent ici chez Premier Tech, qui viennent faire de la formation. Il y a vraiment beaucoup d’activités. Et l’été, ça tombe. »

Heureusement parce que le restaurant, la cantine et la boutique à Kamouraska bourdonnent de clients pendant la saison estivale.

La pandémie… et des habitudes qui changent

Bien que les deux cafétérias semblent populaires sur le campus de Premier Tech, elles ont néanmoins été désertées un certain temps pendant la pandémie, comme partout ailleurs. Perle Morency reconnaît que les affaires ont alors été « au ralenti ».

Avait-elle envie d’abandonner cette concession ? « Ils [les représentants de Premier Tech] se sont engagés à payer un minimum pour maintenir le service, souligne-t-elle C’est l’engagement de cette entreprise-là qui nous a permis de rester. »

Et après ces mois difficiles, le retour des travailleurs au bureau coïncide avec l’apparition de nouvelles habitudes, observe-t-elle.

« Les gens trouvent tellement ça cher à l’épicerie qu’ils mangent beaucoup plus dans la concession alimentaire [où ils ont l’impression d’en avoir pour leur argent] », affirme-t-elle. Il a toutefois été impossible du côté de Premier Tech de nous fournir des données précises à ce sujet. Stéphanie Thériault se disait néanmoins portée à croire que les Tech Cafés attiraient davantage d’employés. Le président et chef de la direction, Jean Bélanger, y mange lui-même tous les jours.

Pendant la pandémie, le campus était moins occupé. Avec le retour au travail, on arrive avec une offre pas trop coûteuse.

Perle Morency, copropriétaire du restaurant Côté Est

« On a aussi noté un nouveau réflexe, indique pour sa part Perle Morency. Les gens prennent un plat pour emporter le midi et ils le mangent à la maison le soir. On n’avait jamais vu ça en 10 ans. »

Au lieu de se payer un souper au restaurant, de commander ou d’acheter un repas prêt à manger à l’épicerie, les employés semblent se tourner vers leur service de cafétéria pour s’éviter une corvée de souper.

Cette nouvelle tendance lui donne-t-elle envie d’ouvrir des concessions alimentaires dans d’autres entreprises de la région ? « Pas vraiment, répond Perle Morency tout de go. Il y a vraiment une identité, un ADN, chez Premier Tech en matière de développement des affaires, d’offres qu’ils font à leurs employés, qui est unique. Le campus, c’est une petite ville en soi. »

« Et les clients de la concession alimentaire deviennent aussi des clients de chez Côté Est à Kamouraska. »

Premier Tech

Fondation : 1923

Président et chef de la direction : Jean Bélanger

Siège social : Rivière-du-Loup

Nombre d’employés : 5200 répartis dans 28 pays, dont la France, les États-Unis, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Portugal

Nombre d’employés au campus de Rivière-du-Loup : 1300

Secteurs d’activité : horticulture, développement industriel et environnement

Côté Est

Fondation : 2012

Propriétaires : Perle Morency et Kim Côté

Lieu du restaurant : Kamouraska

Nombre d’employés : entre 15 et 30 (selon la saison)

Secteurs d’activité : restauration, concession alimentaire, vente de produits locaux, économusée