Après avoir vu plusieurs hauts dirigeants quitter le navire ces dernières années, Investissement Québec (IQ) se tourne vers sa numéro deux pour ramener de la stabilité. Bicha Ngo succédera à Guy LeBlanc – qui prépare sa sortie – à la tête du bras financier de l’État québécois.

Première femme à diriger la société d’État, Mme Ngo, âgée de 51 ans, occupe le poste de première vice-présidente directrice aux placements privés depuis la fin de 2019. Sa nomination a été entérinée par le Conseil des ministres du gouvernement Legault, mercredi. Elle entrera en poste le 1er février.

Les chantiers ne manquent pas : dans un contexte de ralentissement économique, Mme Ngo aura le mandat de mettre la main à la pâte pour poursuivre le déploiement de la filière des batteries, où il y aurait pour encore 15 milliards d’investissements à venir. Elle devra aussi s’assurer de « stabiliser » la haute direction, où la rétention semble un enjeu, notamment depuis avril 2022. Interrogée en point de presse aux côtés du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, et du président-directeur général sortant, Guy LeBlanc, Mme Ngo a voulu tempérer les choses.

« Des départs, il y en a. Est-ce que cela m’inquiète ? Non, mais on va s’assurer évidemment de stabiliser l’organisation. Les gens sont partis pour différentes raisons. »

Les dernières semaines n’ont pas été de tout repos chez IQ. Le 30 novembre dernier, La Presse révélait que la société d’État montrait la porte à Jocelyn Beauchesne, qui était premier vice-président au réseau régional, pour avoir « enfreint une règle de gouvernance », sans préciser laquelle. Ce dernier était considéré comme le numéro trois de l’organisation. Les détails de son congédiement sont toujours nébuleux. IQ affirme que M. Beauchesne n’a « tiré aucun avantage pour lui-même, n’a eu aucun comportement inapproprié ou fait de harcèlement à l’égard d’un individu » et qu’il n’y avait eu « aucune conséquence pour les clients ».

Ce congédiement coïncidait avec le départ d’un autre cadre qui relevait de M. LeBlanc : David Stréliski, directeur principal de la gestion du risque et de la gouvernance financière. Contacté par La Presse, ce dernier avait évoqué un « manque de fit » avec le conseil d’administration », sans offrir plus de détails.

Des chaises musicales

Plusieurs hauts dirigeants d’IQ ont quitté le bateau depuis avril 2022. Trois des sept premiers vice-présidents figurant dans le dernier rapport annuel sont partis. Il s’agit de Christian Settano (finance et risques de crédit), Sylvie Pinsonnault (stratégies et innovation) et M. Beauchesne.

« C’est comme si le feu était pris, avait déploré à La Presse un employé parce qu’il n’a pas l’autorisation de parler et qu’il souhaite protéger son emploi. Il n’y a plus du tout de relève. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Guy LeBlanc est président-directeur général d’Investissement Québec depuis 2019.

Nommé en 2019, M. LeBlanc – un ami personnel de M. Fitzgibbon – passe le flambeau à une collaboratrice qui connaît bien les rouages de la société d’État. Dans ses fonctions, Mme Ngo a travaillé étroitement avec le président-directeur général sortant. M. LeBlanc n’avait pas l’intention d’effectuer un second mandat, a expliqué le ministre.

Issue d’une famille vietnamienne qui est arrivée au Québec au milieu des années 1970, la nouvelle dirigeante d’IQ affiche une feuille de route bien garnie dans le milieu financier. Avant d’être embauchée par le bras investisseur de l’État, elle a œuvré chez HSBC (directrice de comptes), Merrill Lynch (associée, banque d’affaires groupe de technologies), Marchés des capitaux CIBC (directive exécutive, banque d’affaires) et Domtar (vice-présidente au développement corporatif).

Mme Ngo avait obtenu la rémunération globale (qui tient compte du salaire de base, des primes et autres avantages) la plus élevée au sein de la société d’État en 2022-2023 avec un traitement de 1,2 million. Cet exercice financier s’était soldé par un rendement négatif de 4,8 % ainsi qu’une perte de 224 millions.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard et d'Hugo Joncas, La Presse

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