Bien qu’il soit le quatrième cabinet comptable en importance au Québec et le plus gros à propriété exclusivement québécoise, le groupe Mallette n’avait aucune présence dans l’île de Montréal. Une anomalie qui vient d’être corrigée avec l’ouverture d’un premier bureau au centre-ville de la métropole qui servira de plateforme pour assurer la croissance du groupe québécois au cours des cinq prochaines années.

La semaine dernière, Mallette a officiellement inauguré son premier bureau montréalais, qui occupe le 26étage du 500, place d’Armes, dans le Vieux-Montréal, mais ce n’est qu’un premier jalon en vue d’une expansion planifiée.

« On a réservé le 27e étage pour la prochaine étape », précise Mario Bédard, président du conseil de la firme comptable établie à Québec, mais qui regroupe 40 bureaux dans plusieurs régions du Québec.

Mallette n’a pas toujours été absente de Montréal, où elle avait des bureaux depuis sa fusion avec le groupe Maheu Noiseux en 1991, mais après le rachat de Mallette Maheu par le groupe Arthur Andersen en 1994, les associés du bureau de Québec se sont dissociés de l’entreprise américaine en janvier 2002.

« On a divorcé du groupe Arthur Andersen tout juste avant que le groupe international ne soit démantelé dans la foulée du scandale Enron, en avril 2002. On a repris le nom Mallette et on a fusionné avec les anciens bureaux de Mallette Maheu au Saguenay–Lac-Saint-Jean », relate Mario Bédard, associé de longue date et président du conseil de Mallette depuis 2014.

En 2002, Mallette compte donc 30 associés et 300 professionnels dans ses bureaux de Québec et du Saguenay et entreprend son expansion en réalisant l’acquisition de bureaux professionnels dans les différentes régions du Québec.

Aujourd’hui, Mallette regroupe 1500 personnes, dont 1200 professionnels et 130 associés, et se classe au 4rang des plus importants cabinets comptables au Québec, tout juste derrière Deloitte Canada, Raymond Chabot Grant Thornton et KPMG Canada.

Depuis 2012, Mallette a fait pas moins de 20 acquisitions de bureaux de comptables et d’autres services professionnels pour notamment élargir la gamme des services que la firme offre à ses clients.

« On a commencé à s’approcher de Montréal à partir de 2015 en faisant l’acquisition de bureaux à Terrebonne, Saint-Hyacinthe et Saint-Jérôme, et là, on vient de rentrer dans le marché de Montréal en rachetant un cabinet de syndic et un bureau de services d’analytique à Montréal.

« On s’installe dans nos bureaux du Vieux-Montréal parce que c’est à partir d’ici que va se faire la prochaine expansion de Mallette. D’ici cinq ans, on prévoit avoir 1000 professionnels dans la grande région de Montréal, dont 300 au centre-ville », anticipe Mario Bédard.

Accompagner les entrepreneurs et leur entreprise

Depuis 2002, Mallette a développé sa propre personnalité en s’attaquant prioritairement à l’accompagnement des PME en région, en leur offrant la plus vaste panoplie de services possible et en privilégiant la proximité avec les entrepreneurs.

« Nos clients, ce sont des PME qui réalisent entre 1 et 200 millions de chiffre d’affaires. On les accompagne pour tous leurs besoins, que ce soit des services d’actuariat, de la vérification, des régimes d’assurances collectives ou des régimes de retraite, de l’immigration ou du recrutement de spécialistes. On est un guichet unique pour les PME.

« En région, c’est plus difficile d’avoir accès à des avocats. Nous, on a plus de 140 personnes qui travaillent en notariat. On fait tout autant les minutes d’une compagnie que le testament du propriétaire. On fait aussi beaucoup de transactionnel », explique Mario Bédard.

Bien connu à Québec, où il a été l’instigateur du mouvement J’ai ma place en faveur de la construction d’un nouvel amphithéâtre, des célébrations du 400e anniversaire de la ville et, plus récemment, comme porte-parole de la Coalition du mont Sainte-Anne, Mario Bédard vient maintenant à Montréal une semaine sur deux pour y faire du développement des affaires.

On est le cabinet de comptables numéro un au Saguenay–Lac-Saint-Jean et à Québec, on est numéro un ou deux sur la Côte-Nord et dans l’est du Québec, là, on veut s’implanter solidement dans la grande région de Montréal pour y desservir les PME et les entrepreneurs.

Mario Bédard

Le président du conseil a de nombreuses rencontres prévues avec des firmes comptables et de services professionnels. Les occasions ne manqueront pas, et l’objectif de compter 1000 employés de plus dans la grande région métropolitaine est atteignable, selon lui.

« Je parle à plusieurs personnes qui sont à la tête de bureaux de 20 à 100 personnes et il y a de l’intérêt à se joindre à un groupe comme le nôtre », souligne-t-il.

Mallette réalise 50 % de ses revenus avec les activités de vérification, 20 % avec la fiscalité et les services juridiques, 20 % avec les services-conseils et 10 % avec l’actuariat.

« La seule limite qu’on a, ce sont les ressources. Dans le passé, les comptables qui obtenaient leur diplôme passaient à peu près tous par un grand cabinet pour faire de l’audit durant au moins deux ans. Ils sont recrutés maintenant directement par les firmes comme les compagnies d’assurances ou les grandes entreprises manufacturières, le recrutement est plus difficile », observe-t-il.

Mais pour Mario Bédard et les 130 associés de Mallette, la propriété exclusivement québécoise du groupe n’est pas négociable, elle fait partie de l’identité même de l’entreprise. « Il n’est pas question que l’on s’associe à un grand groupe international où tu ne décides rien ; nous, on choisit de faire ce que l’on veut », tranche le président du conseil de Mallette.