(Montréal) Le plan d’Hydro-Québec pourrait « réveiller » les autres provinces canadiennes qui devront, elles aussi, investir massivement dans les énergies renouvelables, espère le patron d’Innergex.

Michel Letellier a souligné que le Québec avait une longueur d’avance sur les autres provinces canadiennes puisqu’une plus grande part de sa consommation d’énergie provient de l’hydro-électricité.

« Au Québec, environ 42 % de la consommation énergétique est en hydro-électricité. Si Hydro-Québec doit doubler sa production d’électricité d’ici 2050, imaginez les autres provinces, où l’énergie renouvelable représente probablement moins de 30 % dans plusieurs marchés au Canada. »

Le retard des autres provinces canadiennes représente une occasion d’affaires pour les producteurs privés d’énergie renouvelable comme Innergex, a estimé son chef de la direction. « Nous sommes très optimistes pour le Canada. L’Ontario, la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick sont nos marchés de prédilection (avec le Québec). »

M. Letellier s’attend à ce que la majorité des contrats obtenus auprès d’Hydro-Québec soient dans le secteur de l’énergie éolienne. Il entrevoit aussi la possibilité d’obtenir des contrats dans la filière solaire, voire même des débouchés pour de petites centrales hydro-électriques.

Hydro-Québec prévoit investir entre 155 milliards et 185 milliards d’ici 2035. Environ 35 000 travailleurs de la construction par année devront être mobilisés pour la réalisation des nouvelles infrastructures, selon les estimations de la société d’État.

Météo « inhabituelle »

Les conditions météorologiques « inhabituelles » ont continué d’avoir un effet défavorable sur la production de l’entreprise de Longueuil au troisième trimestre clos le 30 septembre dernier.

La direction a mentionné que l’été avait été « extrêmement » sec en Colombie-Britannique et que les vents avaient été plus faibles au Québec. La production globale a ainsi atteint 88 % de la moyenne à long terme.

Les conditions météorologiques défavorables en Colombie-Britannique ont été évoquées depuis quelques trimestres par la société. M. Letellier a indiqué que la situation semble s’améliorer en octobre et novembre.

« Le quatrième trimestre semble bien mieux, même si nous sommes encore au début. La Colombie-Britannique est de retour. Les prévisions de pluie pour novembre sont bonnes et nous avons eu un bon mois d’octobre. »

Des questions sur le dividende

En raison d’une production d’électricité inférieure aux moyennes à long terme, le dividende reste inférieur aux flux de trésorerie générés par les activités de l’entreprise.

Au cours des 12 derniers mois, le dividende a représenté 121 % des flux de trésorerie, comparativement à 78 % à la même période l’an dernier. La société estime que ce ratio aurait été d’entre 75 % et 82 % si la production avait été similaire aux moyennes météorologiques.

L’analyste de RBC Marchés des capitaux, Nelson Ng, souligne que le ratio serait plus élevé, à 193 %, en tenant compte d’autres éléments comptables comme les dépenses liées aux projets en développement et les coûts liés aux acquisitions.

Questionné sur le sujet, M. Letellier a évité de donner une réponse définitive sur l’avenir du dividende. « Le dividende [en le réduisant] n’est pas le premier endroit où nous regarderions pour lever des capitaux demain. […] Nous regardons toujours comment nous pouvons optimiser notre allocation du capital et nous avons beaucoup d’occasions [de projets potentiels] devant nous. »

M. Ng reconnaît que la société rapporte plusieurs développements intéressants quant à son financement, notamment la vente d’une participation de 30 % dans son portefeuille en France. « Même si la société a fait d’importants progrès quant aux liquidités, nous croyons que les investisseurs demeurent préoccupés par le bilan. Nous estimons que le ratio dette/bénéfice avant intérêts, impôt et amortissement (BAIIA) atteint 10 fois en excluant la participation des coentreprises. »

L’analyste de RBC Marchés des capitaux souligne que l’entreprise a fait des progrès sur les projets en développement. Il cite notamment le projet de Boswell Springs de 329,8 mégawatts (MW) situé dans le Wyoming, aux États-Unis, qui est en avance sur le calendrier de production.

Au troisième trimestre, Innergex a dévoilé un bénéfice net de 4,4 millions en comparaison à 21 millions à la même période l’an dernier. Le bénéfice dilué par action est de 4 cents.

Les revenus, pour leur part, s’établissent à 292,2 millions, comparativement à 268,7 millions.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice de 6 cents, selon la firme de données financières Refinitiv.

L’action d’Innergex gagne 23 cents, ou 2,52 %, à 9,34 $ à la Bourse de Toronto en début d’après-midi.