Hydro-Québec s’engage dans un plan d’investissement colossal de plus de 100 milliards pour doubler sa capacité de production à 200 térawattheures et améliorer son réseau de transport.

Ce qu’il faut savoir

  • Le nouveau plan d’action d’Hydro-Québec prévoit l’ajout de 150 à 200 térawattheures d’électricité d’ici 2050 pour la décarbonation et la croissance de l’économie.
  • D’ici 2035, ce sont 60 térawattheures de plus qui seront ajoutés, nécessitant des investissements deux fois plus élevés que ceux qui ont été nécessaires pour construire la Baie-James.
  • Les tarifs résidentiels resteront plafonnés à 3 %, mais les tarifs industriels augmenteront.

Le plan d’action tant attendu de Michael Sabia, qui a pris la place de Sophie Brochu à la tête de la société d’État, prévoit la construction de nouvelles centrales hydroélectriques, dont une centrale à réserve pompée, et l’ajout de 5000 kilomètres de lignes de transport.

Les nouveaux investissements prévus totalisent 100 milliards de dollars d’ici 2035, auxquels il faut ajouter les 45 à 50 milliards prévus pour améliorer la fiabilité du réseau électrique.

« C’est quelque chose », a reconnu le président-directeur général d’Hydro-Québec en conférence de presse.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Michael Sabia

Hydro-Québec veut ajouter de 8000 à 9000 mégawatts à sa capacité de production, ce qui équivaut à la production de LG-2, sa plus grosse centrale, celle de Manic-5 et celle de la Romaine réunies.

Environ 2000 mégawatts de cette production supplémentaire viendront de nouveaux ouvrages hydroélectriques. À part le projet du Petit Mecatina, pour lequel des études préliminaires ont été amorcées, aucun autre site n’est identifié. « Nous avons plusieurs autres options », a assuré M. Sabia.

Il y aura plus d’éolien, plus de solaire et plus d’économies d’énergie. La centrale de TC Énergie à Bécancour sera remise en service, alimentée avec du gaz naturel renouvelable et utilisée pour la pointe hivernale.

Selon le plan, 75 % de l’énergie additionnelle servira à décarboner l’économie québécoise et le reste sera consacré à la création de richesse.

Les investissements annuels d’Hydro-Québec, qui sont actuellement de 4 milliards, tripleront pour atteindre de 12 à 16 milliards annuellement jusqu’en 2035. C’est deux fois plus élevé que pendant la construction de la Baie-James.

La société d’État prévoit avoir besoin de 35 000 travailleurs de la construction annuellement pour réaliser ses projets de croissance, ce qui sera tout un défi, reconnaît Michael Sabia.

Les tarifs d’électricité vont demeurer abordables, assure Hydro-Québec. « Pour la clientèle résidentielle, les hausses tarifaires seront limitées à l’inflation, jusqu’à un plafond de 3 % », affirme la société d’État.

Les tarifs industriels augmenteront, a indiqué Michael Sabia, mais ils resteront moins élevés qu’ailleurs au Canada et dans le monde. « Nous avons dans ce secteur une marge intéressante », a-t-il dit.

Le PDG d’Hydro-Québec assure que le bénéfice net et le dividende versé chaque année au gouvernement du Québec ne seront pas réduits « à court terme », malgré l’augmentation importante des investissements et le plafonnement des tarifs résidentiels. À plus long terme, plusieurs facteurs, dont les taux d’intérêt et les coûts de main-d’œuvre, pourraient réduire le bénéfice et le dividende, reconnaît-il.

Améliorer le service

Hydro-Québec veut s’allier avec les communautés autochtones et en faire des partenaires pour réaliser ses projets. Le temps des indemnisations est terminé. « C’est une vieille mentalité », a dit M. Sabia.

Les communautés autochtones pourront devenir des associés d’Hydro-Québec et tirer des revenus récurrents de la production d’énergie, selon la société d’État.

Hydro-Québec a aussi l’intention d’investir pour améliorer la qualité de son service, qui s’est dégradée au cours des dernières années. L’objectif est de faire baisser le nombre de pannes de 40 % et de réduire les délais de branchement de 40 %.

De l’aide financière sera offerte pour l’achat d’équipements permettant de réduire la consommation, comme les thermopompes, les thermostats intelligents et les contrôleurs de chauffe-eau.

Les propriétaires de « maisons imposantes » seront particulièrement visés par des tarifs adaptés à leur consommation plus importante. Il n’est toutefois pas question pour Hydro-Québec d’imposer quoi que ce soit à sa clientèle, a insisté Michael Sabia.