Les conclusions d’une étude menée sur près d’un siècle

Qu’est-ce qui rend les gens heureux au travail ? Dans le livre qui résume la plus longue étude scientifique sur le bonheur, menée par Harvard sur une période de 85 ans auprès de 2000 participants, les chercheurs concluent que ce n’est ni l’argent ni les conditions qui font le bonheur… mais les relations avec les autres.

Publié en janvier aux éditions Simon & Schuster, The Good Life* est cosigné par le professeur en psychiatrie Robert Waldinger et son collègue psychologue Marc Schulz, tous deux affiliés à l’Université Harvard. Le livre de 352 pages consacre un chapitre au monde du travail.

Le bonheur professionnel est non seulement possible, mais il est conditionnel à une vie heureuse et épanouie, disent les chercheurs.

Voici leurs conclusions, en cinq points, pour être heureux au travail.

Donner un sens à ses activités professionnelles

« Si vous pouviez cesser de travailler sans perdre vos revenus, le feriez-vous ? Que feriez-vous à la place ? » C’est avec ces deux questions que le chapitre sur le travail s’amorce. Les auteurs rappellent que des milliards de personnes se lèvent tous les matins, partout dans le monde, pour se rendre au travail – et que pour la plupart d’entre elles, cela sert uniquement à subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Pour développer un sentiment d’attachement à son travail, il faut y trouver (ou y donner) un sens. C’est crucial pour s’épanouir, soulignent les auteurs.

Les réalisations sont plus satisfaisantes lorsqu’elles sont liées aux autres

Les deux chercheurs expliquent que les réussites au travail sont plus gratifiantes lorsqu’elles sont « relationnelles », autrement dit lorsqu’elles sont en lien avec les autres ou qu’elles ont un impact sur les autres. « Quand ce que nous faisons compte pour les autres, cela compte davantage pour nous », indiquent-ils. Le bénéfice social compte beaucoup dans le sentiment de compétence, de fierté et d’appartenance. Cela peut passer par le travail d’équipe, par le fait d’exercer une influence directe sur les autres, ou encore par la satisfaction de raconter ses succès personnels à sa famille ou à ses amis.

La bonne idée : avoir un meilleur ami au travail

Robert Waldinger et Marc Schulz ont remarqué que les participants à l’étude trouvaient les questions liées aux amitiés au travail « absurdes et non pertinentes ». Et pourtant… Dans certains milieux professionnels, les amitiés entre collègues sont mal vues, comme si elles influençaient négativement la productivité. Mais les deux experts avancent que c’est plutôt l’inverse qui se produit ! La recherche démontre que « les personnes qui ont un meilleur ami au travail sont plus engagées que celles qui n’en ont pas ». Cette relation privilégiée fait baisser le stress, améliore la santé physique et mentale des travailleurs et fait chuter le nombre de jours où ils rentrent chez eux frustrés.

Le mentorat aide tout le monde

Un programme de mentorat au sein de l’entreprise rayonne autant sur les mentors que sur les mentorés. Pour beaucoup de travailleurs, « encourager les autres est plus important que les accomplissements personnels », disent les auteurs. En tenant compte de cette particularité, un programme de mentorat soutenu par l’entreprise peut rendre presque « n’importe quel emploi plus valorisant » puisque « le partage de sagesse et d’expérience fait naturellement partie de la vie au travail ». Les bénéfices de la relation mentor-mentoré dépassent largement le cercle des deux personnes et irradient sur toute l’entreprise, notent les codirecteurs de l’étude.

Chaque relation au travail compte

Avec les collègues, les subordonnés, les patrons, les clients, les fournisseurs, les préposés à l’entretien ménager… tous les contacts au travail contribuent au bonheur. Il n’y a pas de « petite » relation ou de relation anodine, peu importe le secteur d’activité ou le rang hiérarchique. « Une grande partie des femmes et des hommes les plus heureux de notre étude entretiennent des relations positives avec leur travail et avec les gens qu’ils croisent au travail », révèlent Robert Waldinger et Marc Schulz. Ils rappellent que contrairement à l’adage populaire voulant que « la vie, ce n’est pas le travail », la vie n’est pas en suspens « au moment où nous mettons le pied au bureau », puisque « le travail, c’est aussi la vie » !

* Les résultats de cette vaste étude scientifique, qui a commencé en 1938, peuvent être consultés en ligne (en anglais). Plus de 200 articles scientifiques et 9 livres ont été écrits à partir des données de cette étude qui détient le plus bas taux d’abandon (moins de 15 %) de toutes les études de longue durée. L’étude est toujours en cours.

Consultez les résultats de l’étude (en anglais)
Qu’est-ce qu’une vie heureuse ?

Qu’est-ce qu’une vie heureuse ?

Éditions de l’Homme

352 pages