Dans une rare sortie publique, le fondateur et grand patron de la fintech montréalaise Nuvei a dit, mardi, aimer la position dans laquelle se trouve l’entreprise qu’il dirige mais a ronchonné contre l’humeur des investisseurs.

« Le contexte sur les marchés des capitaux, et en particulier pour le secteur des technologies, est extrêmement difficile », a dit Philip Fayer au cours d’une conférence organisée dans le cadre du Forum Fintech Canada qui se déroule cette semaine au Reine Elizabeth à Montréal.

En parlant du contexte actuel, Philip Fayer fait référence au désintéressement observé envers Nuvei et d’autres entreprises du secteur des technologies financières.

« Ce n’est pas le moment le plus agréable pour diriger une entreprise publique. Les investisseurs sont difficiles à satisfaire. Tu es un zéro aujourd’hui et un héros demain. Ça va et ça vient au rythme d’un pendule », affirme l’entrepreneur financier de 45 ans.

Il faut garder le cap, faire abstraction du bruit et se concentrer sur l’exécution. La valeur s’accumule avec le temps.

Philip Fayer, fondateur et grand patron de Nuvei

Entrée en Bourse à l’automne 2020, Nuvei a perdu 90 % de sa valeur boursière par rapport à son sommet atteint durant la pandémie. L’action de l’entreprise avait monté jusqu’à 180 $ il y a deux ans à la Bourse de Toronto avant de reculer à son creux historique actuel de 20 $.

Le titre a notamment largué 40 % en une seule séance, le mois dernier, après une révision à la baisse des perspectives financières pour l’exercice 2023.

La direction avait expliqué la révision de ses prévisions de croissance par un délai plus long que prévu entre la signature et la mise en œuvre de nouveaux contrats et par la décision de mettre fin à la relation avec un important client, sans toutefois en préciser les raisons.

Plaidoyer pour Montréal

Mardi, Philip Fayer a néanmoins dit aimer la position que Nuvei occupe dans son industrie. « Une telle dislocation dans le marché n’arrive pas souvent. C’est assurément moche si vous tentez de lever des capitaux ou si vous regardez le cours boursier tous les jours. Mais si vous avez un horizon à plus long terme, la situation actuelle représente une opportunité pour une entreprise comme Nuvei. »

Philip Fayer a aussi profité de sa tribune, mardi, pour faire un vibrant plaidoyer en faveur de la métropole.

« Montréal est le plus bel endroit au monde pour vivre. C’est un endroit que j’adore pour voir mes enfants grandir. On peut sortir marcher le soir sans souci. Nous sommes tellement chanceux ici. On devrait l’apprécier et faire des choix judicieux pour assurer le succès de la prochaine génération », a-t-il dit.

Nous avons tout ce qu’il faut ici pour être réellement pertinent dans l’écosystème des fintechs.

Philip Fayer

La réalité, dit-il, est que Montréal a les infrastructures et le talent pour être une plaque tournante en technologies financières sur la scène internationale, mais le Québec demeure encore un endroit que certains vont éviter en raison de facteurs comme la loi 96 (sur la langue française).

Originalement fondée sous le nom de Pivotal au début des années 2000, Nuvei compte aujourd’hui 2200 employés répartis dans 17 pays.

La capitalisation boursière de l’entreprise s’élève à 2,8 milliards US au cours actuel. La direction s’attend à ce que le chiffre d’affaires de l’exercice financier 2023 s’approche de 1,2 milliard US.

Les solutions de Nuvei sont utilisées pour traiter des paiements électroniques dans des secteurs comme la vente au détail, le voyage et le jeu en ligne.