Attendre la nuit pour mettre le lave-vaisselle en marche ne suffira pas à aider Hydro-Québec à gérer la demande de pointe en hiver, dont le volume et les coûts exploseront au cours des prochaines années.

La société d’État a déboursé 59,5 millions de dollars en 2023 pour ses différents outils permettant de réduire la consommation lors des périodes hivernales de pointe. Ce coût annuel grimpera à près de 700 millions en 2032, prévoit Hydro-Québec.

Dans les faits, ça coûtera encore bien plus cher, estime Jean-Pierre Finet, analyste au Regroupement des organismes environnementaux en énergie. « Ça n’inclut pas le coût de Hilo, par exemple », souligne-t-il.

Ce que confirme Hydro-Québec. Hilo n’est pas inclus dans ces prévisions, a fait savoir son porte-parole Cendrix Bouchard, pas plus d’ailleurs que les autres outils de gestion de la pointe comme la tarification dynamique (crédit hivernal et tarif Flex).

Hilo est de loin l’outil le plus coûteux utilisé par Hydro-Québec pour déplacer la consommation d’énergie pendant les quelques heures par année où son réseau est fortement sollicité, mais son coût réel est gardé confidentiel.

Pour l’hiver qui vient de se terminer, les 20 000 clients de la filiale Hilo ont reçu 2,8 millions en récompenses pour avoir déplacé leur consommation d’électricité, en plus d’avoir bénéficié d’une aide financière pour l’achat et l’installation de thermostats intelligents.

Demande en hausse

Le coût des autres moyens dont dispose le distributeur d’électricité varie entre 9,7 cents le kilowattheure pour les achats aux réseaux voisins (coût moyen à l’hiver 2023), jusqu’à 61 cents le kilowattheure pour la compensation versée aux entreprises qui réduisent leur consommation pendant les heures critiques.

Hydro-Québec peut aussi utiliser au besoin sa centrale thermique de Bécancour, ce qu’elle a fait pendant 23 heures le 3 et le 4 février dernier, pour un coût qui n’est pas précisé, mais qui est lié au coût du combustible.

Le coût élevé de la fourniture de l’électricité en période de pointe, même si ça ne dure que quelques heures par année, est un problème qui s’aggrave.

L’hiver relativement doux qui vient de se terminer donne une idée des défis auxquels devra faire face le réseau d’Hydro-Québec au cours des années qui viennent.

Le record historique de consommation d’électricité, qui remontait à l’hiver précédent, a été pulvérisé, malgré des températures plus clémentes. Le réseau électrique a dû fournir 2000 mégawatts de plus que lors de l’hiver 2021-2022.

Le coût d’approvisionnement en puissance pour satisfaire la demande de pointe augmente chaque année, mais à partir de 2026, il grimpera en flèche. C’est la fin des surplus et la nécessité de trouver de nouveaux approvisionnements (parcs éoliens ou nouvelles centrales) qui expliquent l’explosion des coûts, selon Hydro-Québec.

L’entente conclue par Hydro-Québec avec Énergir pour convertir le chauffage au gaz naturel à la biénergie plutôt que tout à l’électricité vise à atténuer l’impact croissant de la demande de pointe sur le réseau électrique.

Note : Ce texte a été modifié pour préciser que l’entente conclue par Hydro-Québec et Énergir vise à convertir le chauffage au gaz naturel à la biénergie.

En savoir plus
  • Pointe 2021-22
    40 537 MW, +2000 MW par rapport à l’année précédente
    Source : Hydro-Québec
    Pointe 2022-23
    42 700 MW, +2000 MW
    Source : Hydro-Québec