Chaque mardi, des experts en ressources humaines répondent à vos questions. Cette semaine, les conseils de France Dufresne.

Question

« J’ai reçu une offre d’emploi d’un recruteur qui me propose un bond de salaire de 10 000 $. Une telle augmentation m’aiderait à absorber la récente hausse de mes paiements hypothécaires. Mais est-ce que ça vaut le coup ? »

Geneviève

Quel plaisir de recevoir une telle offre alors même qu’on n’est pas activement en recherche d’emploi ! Une augmentation salariale de 10 000 $ est sans aucun doute très attrayante. Cependant, un emploi est constitué d’une multitude d’éléments qui ne se limitent pas seulement à l’argent ! Outre la nature des tâches, voici quelques-uns des éléments à considérer afin que votre décision soit aussi avantageuse à long terme qu’à court terme.

La rémunération globale

Dans la rémunération globale sont incluses la rémunération directe, qui comprend le salaire de base, les bonis ou commissions, ainsi que la rémunération indirecte.

On entend par rémunération indirecte tous les éléments proposés par votre organisation qui vous procurent des revenus, comme un régime de retraite, un régime d’achat d’actions, un régime de partage des profits, en plus des vacances et des congés payés. La rémunération indirecte comprend également des avantages qui vous permettent d’économiser de l’argent, par exemple, des assurances collectives, une allocation de dépenses, un cellulaire fourni par l’entreprise ou une voiture de fonction.

Les avantages particuliers

Les avantages particuliers (perks en anglais) font allusion aux primes exceptionnelles et aux « cadeaux » que votre employeur peut vous offrir. Il pourrait s’agir notamment de vêtements aux couleurs de l’entreprise, de cartes-cadeaux, de billets pour des événements sportifs, des spectacles et des conférences. Les avantages particuliers peuvent également comprendre des activités internes, comme des repas offerts entre collègues pour diverses célébrations ou des activités d’équipe.

Les conditions de travail

Avant d’accepter une offre d’emploi, n’oubliez pas de considérer les futures conditions de travail. Par exemple, la flexibilité de l’entreprise quant au lieu de travail, le nombre d’heures exigées, la charge de travail et la pression rattachée à celle-ci, ainsi que les ressources qui seront mises à votre disposition.

Quittez-vous un emploi qui exige 35 heures par semaine pour en accepter un autre qui en exigera 40 ? Est-ce que votre futur employeur s’attend à ce que vous soyez disponible au-delà de ces heures ? Fournit-il l’équipement pour un bureau à domicile ?

La nature du travail est également à considérer. Qu’appréciez-vous des responsabilités qui vous sont accordées ? De la marge décisionnelle qui vous incombe ?

Songez aux aspects de votre emploi actuel qui vous plaisent le plus ainsi qu’aux points qui pourraient être améliorés pour préparer vos questions au recruteur.

Les possibilités d’avancement

La taille de l’organisation et du service dont vous ferez partie, l’âge des dirigeants, la culture de promotion à l’interne, l’importance accordée au développement professionnel et à la reconnaissance des employés, et les possibilités de mouvements de carrière latéraux sont tous des facteurs qui influeront sur la progression de votre carrière. Réfléchissez-y avant de faire le saut chez un autre employeur.

L’équipe et l’entreprise

Il est aussi pertinent de considérer l’équipe avec laquelle vous serez appelée à collaborer ou à diriger. Si possible, rencontrez certains de vos collègues éventuels afin d’évaluer le climat de travail, les sous-cultures, les compétences de l’équipe, et même le style de gestion de votre futur supérieur.

Finalement, renseignez-vous sur l’entreprise vous offrant le poste : est-ce que sa mission et ses valeurs cadrent avec les vôtres ? Qu’en est-il de sa réputation et de sa stabilité ? Interrogez-vous sur le lieu du siège social et l’impact sur les décisions prises.

Chaque personne accordera une valeur différente aux divers éléments présentés ici. Une décision éclairée repose sur une évaluation judicieuse de toutes les composantes de la rémunération globale de votre poste actuel par rapport à celles du poste qui vous est offert, et qui va bien au-delà du salaire !

Vous êtes le gestionnaire de Geneviève ?

En tant qu’employeur, assurez-vous de bien connaître ce que votre organisation offre à ses employés et, surtout, communiquez cette « proposition de valeur » efficacement.

Une récente étude1 montre que 62 % des employés qui ont une opinion défavorable de leur rémunération globale affirment qu’ils partiront en échange d’une augmentation de salaire de 5 % ou moins !

Présentez clairement les possibilités d’avancement et favorisez l’engagement des employés, notamment en permettant davantage de flexibilité au travail et en offrant des responsabilités qui correspondent aux intérêts de chacun, et multipliez les occasions de reconnaissance. Créez des environnements diversifiés et inclusifs où les employés sont traités avec respect et se sentent valorisés. L’expérience que vivent les employés chaque jour au travail est aujourd’hui plus que jamais ce qui les fidélise.

Si vous souhaitez présenter une contre-proposition, questionnez-vous sur le potentiel de cette employée et sur son niveau d’engagement. Évitez de présenter une contre-proposition à un employé qui a comme seul objectif d’augmenter son salaire. Et soyez créatif lors de votre contre-proposition ; pensez aussi à inclure des éléments de rémunération globale non monétaires !

1. Source : sondage mondial sur les avantages sociaux |WTW 2022