La Journée internationale des travailleurs, en ce 1er mai 2023, est teintée par un marché de l’emploi en faveur des travailleurs, de négociations de conventions collectives bruyantes et de la hausse du salaire minimum à 15,25 $. Si bien des gens gagnent déjà plus cher que l’augmentation attendue, recevoir une paie sans erreur est non négociable. Survol.

Pas d’erreur dans la paie, SVP

L’Institut national de la paie rappelle que la fiabilité d’un service de paie ne fait pas l’objet de négociations dans un contrat de travail, mais est pourtant un enjeu majeur lorsqu’elle est défaillante. Tout le monde a encore en tête les déboires du service de paie Phénix qui a causé du tort aux employés fédéraux touchés. Selon un nouveau sondage de l’Institut publié lundi, 91 % des Québécois chercheraient un nouvel emploi si leur paie était régulièrement perturbée, tandis que 87 % feraient la même chose si leur paie était régulièrement inexacte. La paie est la raison principale pour laquelle les employés rentrent travailler et il s’agit du cœur de la relation de confiance entre l’employeur et ses employés, rappelle l’Institut.

Taux horaires déjà plus hauts

Dans plusieurs commerces de détail, restaurants et cafés, les employés ont déjà une rémunération plus élevée que le minimum exigé par la loi. Nicolas Couture, président de Couture Timber Mart, qui compte quatre magasins dans les Cantons-de-l’Est, indique que moins de 2 % de ses employés sont payés au salaire minimum. « Ce n’est pas un argument de rétention dans la mesure où quelqu’un qui est engagé pour le salaire va souvent partir pour le salaire, explique-t-il en entrevue. Donc, il doit y avoir des conditions de travail additionnelles comme la flexibilité d’horaire. » Le propriétaire de la Quincaillerie C. Bélanger à Montréal, Dominique Bélanger, affirme de son côté qu’il paie les gens au-delà du salaire minimum dès qu’ils ont une certaine expérience, précisant qu’il était en faveur de cette augmentation. « Ç’a amené une grande réflexion à l’interne. On a même revu nos conditions de travail. On a revu les vacances. On les a bonifiées. »

Faux arguments de négociation

Inclure ou non le télétravail dans les conventions collectives est actuellement un enjeu de plusieurs négociations. Pourquoi les employeurs tiennent-ils à ce qu’il reste exclu ? « Ce n’est pas parce que ce sont de gros méchants, explique Annie Boillard, présidente de Réseau Annie RH. Si ça devient enchâssé, ce sera pour tous, alors que l’employeur n’est peut-être confortable de le permettre qu’à 95 %, les employés sous-performants étant difficiles [à encadrer] à distance. » Dans ce débat, la spécialiste a été surprise par certains faits allégués pour inciter les télétravailleurs à retourner au bureau, notamment au centre-ville. « On fait référence à des statistiques sur la mobilisation des équipes alors que les assises scientifiques sont claires, les équipes ne sont pas moins productives en télétravail. C’est aussi pour la santé des commerçants locaux, allègue-t-on, alors que ce n’est pas aux employés et aux syndicats de prévoir ça. »

3,3 % de hausse dans les PME

Au cours des 12 prochains mois, les PME envisagent d’augmenter les salaires de leurs employés de 3,3 % en moyenne selon le dernier Baromètre des affaires de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). Ce qui réjouira les employés. À ceux qui rétorquent que cela contribuera à hausser l’inflation, la FCEI assure que même si les PME augmentent les salaires plus que d’habitude, on ne peut pas les qualifier de « contributeurs majeurs à la hausse ». Les revendications salariales du secteur public sont plus élevées, et les PME se retrouvent déjà dans une situation de désavantage concurrentiel, indique la FCEI, qui représente 97 000 membres dans tous les secteurs d’activité et toutes les régions. Le sommet des hausses salariales dans les PME a été atteint en juin 2022, avec 3,6 %.

Avec Nathaëlle Morissette, La Presse