Le gouvernement du Québec déposera une loi à l’automne en vue de moderniser l’industrie de la construction. Le but est de donner des outils à l’industrie pour qu’elle puisse réaliser les nombreux chantiers attendus pour les prochaines années, malgré la pénurie de main-d’œuvre.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, a fait part de ses intentions à l’occasion d’une allocution prononcée lundi matin devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Il entend mener une vaste campagne de conscientisation dans les prochaines semaines, laquelle comprendra des ateliers et des rencontres avec les groupes patronaux et syndicaux. « Quand on s’entend sur des objectifs, c’est plus facile ensuite de discuter des enjeux », a glissé le ministre dans son allocution.

Pour augmenter la productivité sur les chantiers, le ministre a dit croire beaucoup à la polyvalence des travailleurs, ce qui devrait passer par des activités partagées et moins par une réduction du nombre de métiers, actuellement au nombre de 25 métiers et 6 occupations.

« J’entends faire faire une analyse avec les gens de métier et voir s’il y a des activités qui pourraient être partagées qui assureraient une meilleure cohésion et une meilleure harmonie dans le déroulement des travaux, donc moins de délais et une meilleure productivité, a précisé le ministre dans une mêlée de presse qui a suivi le déjeuner-conférence. Ce n’est pas une réflexion que je fais actuellement de fusionner des métiers. »

Place aux femmes

Pour combler le déficit estimé entre 15 000 et 17 000 travailleurs dans la construction, le député de Trois-Rivières veut aussi favoriser l’accès à l’industrie à trois groupes actuellement sous-représentés : les femmes, les membres issus des Premières Nations et ceux issus de l’immigration.

Des plans stratégiques et des projets pilotes ont déjà été mis en branle ou sont attendus prochainement pour que l’industrie se diversifie davantage.

Le gouvernement veut aussi miser sur l’intégration sécuritaire des innovations dans l’industrie. Il a donné l’exemple de Pomerleau, qui se sert d’un robot à quatre pattes pour faire de la surveillance de chantier dans des endroits jugés comme étant dangereux pour les travailleurs.

Les syndicats demandent à être convaincus

En échange avec le président de la Chambre, Michel Leblanc, le ministre dit croire que le déséquilibre entre l’offre et la demande crée un climat favorable pour moderniser une industrie, malgré les échecs des initiatives passées allant dans le même sens. « Actuellement, on a des besoins : des maisons, des logements, des hôpitaux, des écoles, et on n’est pas capables de répondre à la demande, a souligné le ministre. Il faut diminuer l’écart entre la capacité de l’industrie et les besoins de la population. »

Du côté syndical, on va certes participer au processus de consultation, mais on attend d’être convaincu par la justesse des mesures proposées. « On prévoit que nos gens soient compétents et ce qu’ils vont construire va être durable. Ça passe peut-être par une certaine flexibilité, mais elle existe déjà cette flexibilité dans les métiers. Le charpentier-menuisier, par exemple, peut effectuer déjà une panoplie de tâches », a confié Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Construction, lors d’un bref entretien en marge de l’évènement.