Prenant acte du déséquilibre croissant entre l’offre et la demande de logements locatifs, la ministre québécoise de l’Habitation promet d’y voir plus tôt que tard.

« Ça fait partie de mon mandat de regarder tout ce qui est faisable en matière d’habitation pour augmenter l’offre. Il y aura des choses qui vont être annoncées dans les prochaines semaines », a dit France-Élaine Duranceau lors d’une mêlée de presse en marge d’un évènement qui se tenait à Anjou.

En raison d’un faible niveau de mises en chantier et d’une immigration considérable, les logements disponibles se feront de plus en plus rares au cours des 30 prochains mois, prévoit la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

L’organisme a dévoilé jeudi ses prévisions pour le marché résidentiel. Selon sa boule de cristal, les loyers vont augmenter de 30 % d’ici la fin de 2025 dans la région montréalaise pour atteindre, en moyenne, 1330 $ par mois pour un logement de deux chambres.

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France-Élaine Duranceau

Ça garde toute l’attention qu’on doit avoir sur la crise du logement qu’on vit actuellement. Ça dénote l’importance d’accroître l’offre de tous les types de logement : social, abordable et du marché pour monsieur et madame Tout-le-Monde.

La ministre québécoise responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau

Pareille inflation dans les loyers, si elle s’avère, va augmenter la pression sur le gouvernement provincial pour qu’il accentue le contrôle sur les loyers.

« L’abordabilité va passer beaucoup à travers le parc existant », a répondu la ministre à une question sur les outils réglementaires à sa disposition pour limiter les dégâts.

La ministre était l’invitée d’honneur du RDV de l’Est immobilier, organisé par la Chambre de commerce de l’est de Montréal vendredi matin.

« Il faut s’assurer de préserver notre parc existant, a-t-elle poursuivi, et d’insister pour que les propriétaires réinvestissent dans leur actif immobilier pour garder du logement de qualité pour les gens qui y vivent.

« Quant aux éléments en matière réglementaire [comme la modification de la clause F du bail permettant au propriétaire d’un logement de moins de cinq ans d’ajuster son loyer sans contrainte], j’en ai parlé souvent. Avec mon adjointe parlementaire Chantale Jeannotte, on a fait une tournée. On a pris le pouls des propriétaires et des locataires. Dans les prochaines semaines, là aussi, on va faire des annonces pour modifier des choses qui sont inacceptables dans le contexte actuel », a-t-elle affirmé.

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« Duranceau, on veut des logements sociaux. » L'allocution de la ministre a été interrompue par un manifestant qui dénonçait l'abolition du programme Accès Logis sur la construction de logements sociaux. Le programme a été remplacé par le Programme d'habitation abordable Québec.

Vers un décloisonnement des métiers de la construction

Le sujet de la productivité des chantiers s’est invité au forum immobilier de l’est de Montréal. Participant à un atelier portant sur la construction en période de pénurie de main-d’œuvre, d’inflation et de transition énergétique, un porte-parole patronal a appelé à un décloisonnement des métiers de la construction.

Depuis 40 ans, le Québec définit 26 métiers distincts, alors que l’Ontario n’en retient que 7. « Selon ce que j’en sais, l’industrie en Ontario ne vit pas de catastrophe pour autant », a dit Jean-François Arbour, président de l’Association de la construction du Québec, pendant l’atelier.

« C’est la piste la plus simple et la plus efficace pour aider à régler le problème de la pénurie de main-d’œuvre », a-t-il précisé peu après en mêlée de presse. Son association est en train de chiffrer les gains de productivité qui découleraient d’un pareil décloisonnement.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, prononcera une allocution lundi matin à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain sur le sujet.

« Le ministre a eu une rencontre avec les parties patronale et syndicale la semaine dernière où il nous a présenté un plan de travail pour arriver avec des propositions à l’automne », a indiqué M. Arbour. Outre la question des métiers, l’une des tables de travail porte sur la mobilité interrégionale de la main-d’œuvre.

Décontamination : Montréal avancera la moitié des sommes

Dans le but d’accélérer la réhabilitation des terrains, Montréal va avancer désormais la moitié des sommes aux propriétaires avant le début des travaux de décontamination, a annoncé Caroline Bourgeois, membre du comité exécutif de la Ville. Elle était panéliste au RDV de l’Est.

Les anciens terrains industriels contaminés freinent l’essor de l’est de l’île de Montréal depuis des années.

« On annonce aujourd’hui que la Ville va donner une avance de 50 % dès le dépôt du projet dans le cadre d’une démarche structurée respectant toutes les conditions, a indiqué à la pause Luc Rabouin, responsable du développement économique et commercial au comité exécutif de la Ville de Montréal. On pense que ça va débloquer les projets qui sont actuellement sur la glace, car le propriétaire n’a pas le financement pour avancer ces sommes. »

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Luc Rabouin, maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et membre du comité exécutif de la Ville de Montréal responsable du développement économique et commercial, en mars dernier

Jusqu’à maintenant, la Ville, qui rembourse jusqu’à 90 % du coût des travaux, attend la fin des travaux pour verser l’argent. Avec la montée des taux d’intérêt, les promoteurs hésitaient avant de se lancer dans de coûteux projets de réhabilitation.

Le programme de décontamination est financé par la subvention de 100 millions que Québec a accordée à la Ville de Montréal à cette fin en 2019.

Les propriétaires de terrains ont jusqu’à la fin de l’année pour déposer une demande.