On n’a pas assisté à la frénésie d’antan au Boxing Day lundi à Montréal. Pas de nombreuses files de gens qui attendent des heures devant les portes des magasins. Même devant les détaillants d’électronique, particulièrement achalandés le 26 décembre, il n’y avait pas de cohue.

Cette tradition d’après Noël est-elle essentiellement passée en mode virtuel ?

« Le Boxing Day, c’est la continuation du party de Noël », estime Benoit Duguay, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM qui croit que les soldes du 26 décembre sont là pour rester et qu’il y aura toujours des clients qui se rendront dans les commerces.

« La consommation c’est d’abord du plaisir », explique le professeur qui estime que les gens auront toujours plus de sensations à magasiner sur place, à pouvoir toucher les vêtements qu’ils convoitent, plutôt qu’à faire un achat en ligne.

La tendance des derniers mois le confirme, selon Benoit Duguay.

« On sait que les ventes en ligne ont beaucoup augmenté avant la pandémie. Pendant la pandémie, évidemment ça a explosé, dit-il. Mais durant les derniers mois, il y a eu diminution des ventes en ligne. C’est en train de se rééquilibrer, au point qu’Amazon a dû mettre du monde à pied. »

PHOTO PASCAL RATTHE, COLLABORATION SPÉCIALE

Il n’y avait pas de nombreuses files de gens qui attendent des heures devant les portes des magasins, même devant les détaillants d’électronique, habituellement particulièrement achalandés le 26 décembre.

D’autant, rappelle le professeur, que les consommateurs qui pensent à l’empreinte environnementale de leurs achats vont éviter de faire venir à la maison des items qu’ils risquent de retourner ensuite.

Journée occupée sur la Plaza

Hier midi, on croisait plus de monde qu’un lundi régulier sur les trottoirs de la Plaza Saint-Hubert, mais il n’y avait pas foule.

« C’est comme un samedi », a confirmé Fabien, du magasin Neon, qui était assez bien rempli. Même son de cloche dans les commerces voisins qui étaient ouverts en ce 26 décembre, ce qui n’était pas le cas de tous.

En fait, la seule ligne de clients qui s’était formée sur la Plaza était devant la boutique médiévale Dracolite, peu avant son ouverture, à 13 h.

Selon le gérant de l’endroit, Patrice de Villiers, l’idée d’offrir des rabais supplémentaires aux membres, uniquement pour les produits achetés en boutique, avait porté ses fruits. L’ambiance y était effectivement joyeuse et les clients en quête d’aubaines étaient nombreux. « Nous avons aussi décidé de faire une boxing week à partir d’aujourd’hui », a-t-il précisé.

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Plusieurs clients se sont déplacés pour profiter des rabais à la boutique médiévale Dracolite.

Selon le professeur Benoit Duguay, le côté traditionnel des soldes d’après Noël demeurera, malgré que l’on ne voit plus des gens attendre en file la nuit du 25 au 26 devant les commerces offrant les meilleures aubaines. « Ça demeure néanmoins un folklore, dit-il, une tradition. »

Toutefois, il note que plusieurs consommateurs ont opté pour des commerces plus près de leurs résidences plutôt que de se rendre au cœur de Montréal, surtout s’ils chassent les aubaines en voiture. Selon Benoit Duguay, les magasins des centres commerciaux risquent de faire de meilleures affaires que ceux de Montréal pour les ventes d’Après-Noël cette année.

De grandes attentes

Certains commerçants avaient de grandes attentes pour le 26 décembre.

Un sondage publié cet automne par le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) laisse croire que les consommateurs allaient se laisser séduire par le magasinage du 26 décembre, afin de profiter d’aubaines de la période des Fêtes.

C’était la première fois depuis décembre 2019 que les consommateurs pouvaient fréquenter les établissements commerciaux afin de profiter des soldes d’après Noël sans être aux prises avec des restrictions sanitaires liées à la COVID-19.

Lors de la publication du sondage réalisé par la firme Léger, à la fin d’octobre dernier, le président pour le Québec du Conseil canadien du commerce de détail, Michel Rochette, disait d’ailleurs s’attendre à ce que les Québécois reviennent aux célébrations en personne et aux achats dans les magasins cette année. Il estimait aussi que les préoccupations financières des Québécois ne gâcheraient pas leurs habitudes.

Selon le sondage mené en août dernier auprès de 2505 Canadiens, six répondants sur 10 étaient affectés par les difficultés économiques, mais la plupart des participants entendaient dépenser à peu près le même montant, soit 790 $ chacun, qu’ils prévoyaient dépenser en 2021. Cette moyenne s’est élevée à 588 $ au Québec cette année.