(Montréal) Les magasins de partout au Canada se préparent déjà pour les soldes du lendemain de Noël, qui pourraient être affichés plus tôt cette année dans l’espoir d’attirer le plus de clients possible en cette période de gestion plus serrée des budgets.

Depuis quelques années, l’évènement phare pour les rabais au Canada est relégué au second rang derrière son pendant américain, le Vendredi fou.

Cependant, plusieurs experts s’entendent pour dire que les ventes ont été en deçà des attentes pour le Vendredi fou et le Cyber-lundi, le mois dernier, ce qui fait en sorte que de nombreux détaillants voudront vider leurs inventaires en cette fin d’année.

« On va voir d’assez bons rabais pour le lendemain de Noël, parce que la saison des ventes de fin d’année a été plus tranquille. On n’a pas vu de ruée vers les magasins en décembre comme on le voit d’habitude », souligne Lisa Hutcheson, associée directrice de la société de conseil J. C. Williams Group.

Même avec des soldes alléchants, les consommateurs pourraient demeurer timides dans leurs achats, en raison du contexte économique actuel.

« L’inflation y est pour beaucoup ; il y a beaucoup de craintes, a reconnu Mme Hutcheson. Le lendemain de Noël sert surtout aux gens qui ont reçu des cartes-cadeaux et qui ont des achats personnels à faire. Sauf que si les gens sont préoccupés par leurs finances personnelles, il y aura moins d’achats personnels. »

Trouver l’équilibre

Les détaillants vont donc tenter de trouver un équilibre entre la nécessité de vider leurs inventaires excédentaires et maintenir leurs marges de profit, a expliqué l’analyste de la vente au détail Bruce Winder.

Plus les rabais sont importants, plus le volume de produits qu’un magasin est susceptible de vendre sera important. De plus petits soldes maintiennent les marges plus élevées, mais font courir le risque que les magasins restent pris avec des produits invendus.

« Dans certains cas, on peut garder l’inventaire jusqu’à l’année prochaine, mais ça prend de la main-d’œuvre, sans compter qu’il faut quand même payer les fournisseurs », a rappelé M. Winder.

Pourtant, la porte-parole nationale du Conseil canadien du commerce de détail, Michelle Wasylyshen, a nuancé que la plupart des détaillants ne sont pas trop préoccupés par inventaires — du moins, pas au niveau où certains analystes le suggèrent.

Cette fausse impression que les magasins sont remplis de produits invendus provient peut-être des ventes décevantes du Vendredi fou.

« Le sentiment général est que les consommateurs attendaient de meilleures offres, soit parce qu’ils ont entendu dans les médias que les détaillants avaient trop de stocks, soit parce qu’ils ont dû se serrer la ceinture à cause de la hausse du coût de la vie », a affirmé Mme Wasylyshen.

Malgré tout, les magasins se dirigent vers le lendemain de Noël avec un « optimisme prudent ».

« L’évènement du lendemain de Noël est une occasion pour les détaillants de planifier des évènements promotionnels et d’examiner leurs niveaux d’inventaires pour voir s’ils ont réellement besoin de mettre le paquet avec des évènements de vente en magasin ou en ligne pour aider à liquider les stocks excédentaires », a mentionné Mme Wasylyshen.

Tout comme le Vendredi fou, le lendemain de Noël est devenu un évènement d’une semaine, avec moins de ventes de porte-à-porte en personne qui incarnaient autrefois cette journée.

« La tendance des détaillants est maintenant de prolonger ces évènements afin que les gens n’aient pas à tous venir en une seule journée », a observé David Soberman, professeur de marketing à la Rotman School of Management de l’Université de Toronto.

« C’est une chose particulièrement importante maintenant étant donné que la grippe, le virus respiratoire syncytial (VRS) et la COVID-19 sont toujours très, très actifs et que les gens s’en inquiètent. »

En termes de montant des remises, M. Soberman pense que les offres seront probablement « sporadiques » avec des produits considérés comme plus discrétionnaires, voyant davantage d’activités promotionnelles.

« Là où les détaillants ont des stocks élevés, vous pouvez voir de très bonnes affaires, a-t-il déclaré. La dernière chose que vous voulez faire est de transporter les stocks de Noël et d’hiver tout au long du premier trimestre. »

La fidélité gratifiée

Selon une étude récente, les détaillants à la recherche d’un avantage concurrentiel se concentreront sur le service à la clientèle et la fidélité gratifiante.

Un sondage du service de paiement Adyen mené par Angus Reid a révélé que plus de la moitié des répondants âgés de 18 à 34 ans ont cité la fidélité aux magasins dans lesquels ils ont déjà fait leurs achats comme le principal facteur déterminant pour décider où aller.

« Le facteur le plus important est de savoir s’il s’agit d’une marque qu’ils connaissent déjà et avec laquelle ils ont une relation », a analysé Sander Meijers, directeur national d’Adyen pour le Canada.

« Ils veulent vraiment être reconnus lorsqu’ils achètent quelque chose en ligne ou en magasin et être récompensés pour être un client fidèle. »

Le sondage a également révélé que le service, y compris la rapidité du processus de paiement, était essentiel pour de nombreux Canadiens lorsqu’ils décidaient où magasiner pendant les soldes des Fêtes.

« La rapidité et la fluidité d’une expérience de paiement sont toujours un indicateur clé pour savoir si un magasin de détail va réussir ou non lors d’un évènement comme le lendemain de Noël », a-t-il déclaré.

Le sondage en ligne auprès de plus de 1500 Canadiens a été mené au début de novembre. Selon l’organisme professionnel de l’industrie des sondages, le Conseil canadien pour la recherche, les sondages en ligne ne peuvent pas se voir attribuer une marge d’erreur, car ils n’échantillonnent pas la population au hasard.