L’édition limitée de Bob l’éponge Funko Pop titillait Jason Grioua.

Le jeune homme venait d’obtenir son diplôme universitaire et a décidé de faire quelques folies en achetant des figurines de collection, inspirées de personnages de séries télévisées et de jeux vidéo.

Il a dépensé environ 100 $ US l’été dernier pour ce Bob l’éponge et des figurines de quelques autres personnages qu’il aime, dont un d’une série animée et un autre de son jeu vidéo préféré, Overwatch.

Mais ensuite, les remords sont arrivés. Il avait des doutes sur l’économie, et le prix de l’essence, comme celui de presque tout le reste, augmentait. Très vite, Grioua, 23 ans, journaliste à WSVN 7 News à Miami, a regretté sa dépense.

« Chaque dollar m’aiderait en ce moment, sachant que je pourrais plutôt le placer en épargne ou pour ma retraite », a-t-il déclaré.

À long terme, l’inflation m’a certainement donné un peu de remords d’acheteur sur des articles qui ne sont pas exactement essentiels.

Jason Grioua

Pas « exactement essentiel » pourrait décrire bon nombre des achats qui prennent de la place dans nos placards ou sur nos relevés de carte de crédit. Mais à l’heure où l’inflation est encore tenace, où certains analystes prévoient au moins une légère récession l’année prochaine et où les achats de Noël battent leur plein, c’est la saison idéale pour les remords du consommateur.

Les chiffres de Bank of America montrent que les dépenses par cartes de crédit et de débit ont augmenté de 4 % en novembre par rapport à l’année précédente. Le solde moyen des cartes de crédit des utilisateurs américains de Credit Karma a augmenté de 20 %, et les notes de crédit des consommateurs ont baissé d’environ 12 points depuis mars, quand la Réserve fédérale (Fed) a commencé à augmenter les taux d’intérêt, selon les données de la société. La Fed les a de nouveau relevés d’un demi-point de pourcentage mercredi.

L’inflation est une source d’inquiétude, mais les affaires ont été florissantes lors du Vendredi fou, les acheteurs faisant la queue devant les magasins pour faire des achats. Malgré les inquiétudes des Américains concernant l’économie, Adobe Analytics, qui suit les ventes en ligne, a estimé que les dépenses en ligne pour les fêtes de fin d’année augmenteraient de 2,5 % par rapport à l’année dernière.

Jamie Wagner, professeure adjointe à l’Université du Nebraska à Omaha et directrice de son centre d’éducation économique, a exhorté les consommateurs à essayer de penser à l’avenir.

« Chaque fois que vous faites un achat qui n’est pas planifié, beaucoup de choses peuvent arriver », a-t-elle dit. « Cela vous prive de certains de vos choix à l’avenir. ».

Des dépenses qui ont fait mal

Juste avant que la pandémie ne frappe, Suzanne Lawler, de Pacifica, en Californie, a fait un achat qui ne semblait pas si terrible sur le moment. La gestionnaire juridique à la retraite venait de vendre un objet dont elle avait hérité, empochant ainsi environ 90 000 $. Puis, lors d’un voyage à New York avec une amie, elle est « tombée amoureuse » d’un sac à main Celine dans une boutique de luxe à SoHo. C’est une merveille, pense-t-elle, et en python orange, c’est l’une des couleurs de l’équipe des Giants de San Francisco qu’elle aime tant. Le prix : 3000 $.

Mais Mme Lawler, 68 ans, n’a jamais utilisé le sac. Elle est bouleversée chaque fois qu’elle entre dans le placard où elle le garde. Ses tentatives pour le revendre ont échoué : soit les revendeurs refusent les articles en vrai python, soit les acheteurs individuels ne veulent pas payer le prix demandé.

Mais elle est plus chanceuse que la plupart des gens. « Je n’ai pas besoin d’argent », dit-elle.

Si je l’avais donné à mon association caritative préférée ou si je l’avais dépensé pour quelque chose d’un peu plus approprié et en accord avec mes valeurs, je me serais sentie beaucoup mieux. Chaque fois que j’entre dans ce placard, je me sens comme une merde.

Suzanne Lawler

Patti Henry n’avait pas l’intention d’avoir plusieurs billets d’avion inutilisés qui prendraient la poussière pendant des mois. La pandémie l’a obligée à annuler un voyage et, lorsque les vols internationaux ont été rétablis, Mme Henry, 60 ans, kinésithérapeute à Portland, en Oregon, s’est lancée dans une frénésie de voyages et a acheté des billets pour d’autres destinations.

Il y a eu le billet de 500 $ pour Mexico, un voyage qu’elle a dû reporter lorsque l’épidémie de COVID-19 a cloué les vols au sol. Puis il y a eu deux billets, d’une valeur totale de 900 $, pour Tahiti, pour les vacances de Pâques – un voyage qu’elle a également dû annuler. Un projet d’escapade au Pérou, d’un coût de 2000 $, qui n’a pas abouti. Bien qu’elle ait finalement pu faire le voyage à Mexico, Mme Henry est coincée avec un certain nombre de crédits aériens qu’elle a eu du mal à utiliser pour diverses raisons : conflits d’horaires, problèmes de communication avec les compagnies aériennes et des augmentations de prix qui ont rendu difficile le transport des trois autres membres de sa famille.

« Tout est devenu tellement cher. C’est absolument ridicule », a déclaré Mme Henry. Elle a déclaré qu’elle continuerait à faire de nouvelles réservations et à utiliser éventuellement les billets, et qu’elle espérait être remboursée pour certains d’entre eux.

Arrêter les achats impulsifs

Bien qu’il soit impossible d’éviter complètement les remords du consommateur, il existe des moyens d’éviter de trop dépenser pour des choses dont on n'a pas besoin.

Justin Pritchard, propriétaire de Approach Financial Planning, une société de planification de la retraite située à Montrose, dans le Colorado, explique qu’il est important de « laisser un peu de temps » entre le désir d’un article et son achat.

« Les détaillants, que ce soit en ligne ou en magasin, sont vraiment habiles », affirme M. Pritchard.

Ces détaillants font de l’envie d’acheter des choses dont on n’a pas besoin un sport olympique.

Justin Pritchard, propriétaire d'Approach Financial Planning

Si un certain nombre de facteurs peuvent inciter quelqu’un à faire un achat impulsif, le stress est l’un des principaux. Selon Mme Wagner, beaucoup de gens sont des acheteurs émotifs qui font des achats pour célébrer quelque chose ou pour se calmer lorsqu’ils se sentent déprimés.

Pour éviter ce piège, elle suggère de réfléchir aux articles pendant quelques jours et de voir si l’envie de les acheter dure. Tout comme on conseille aux gens de ne pas faire leur épicerie lorsqu’ils ont faim, il est préférable d’éviter de faire des achats lorsqu’on est en proie à des sentiments forts, a déclaré Mme Wagner.

« Réprimer les émotions et les impulsions peut être vraiment utile », a-t-elle ajouté.

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

Lisez la version originale de ce texte (en anglais)