Cette semaine, Doreen Assaad, mairesse de Brossard depuis 2017, répond à nos questions sur le leadership.

En 2022, moins de 8 % de femmes siègent à la tête des conseils d’administration des entreprises cotées au TSX et à peine 5 % occupent le poste de présidente-directrice générale, indiquent les rapports de divulgation proactive des entreprises publiques qui se soumettent à la Loi canadienne sur les sociétés par actions et les données compilées par le cabinet Osler. Comment voyez-vous ces résultats ?

Quand on regarde les pourcentages, on se dit qu’on est très loin de la parité, mais ce sont des postes difficiles à atteindre pour tout le monde. On voit cependant de plus en plus de femmes à des postes de pouvoir. Qu’on pense à Sophie Brochu, à Kim Thomassin et à Geneviève Morin. Ça prend de ces femmes avant-gardistes, fonceuses, courageuses pour nous faire comprendre qu’on peut atteindre ces sommets-là. Je pense que la tendance est à la hausse et qu’on s’en va dans la bonne direction à cause des efforts et des mesures qui sont prises par le gouvernement.

Le projet de loi 4 prévoit une zone paritaire dans les conseils d’administration des sociétés d’État assujetties à la loi. Est-ce que ça prend des lois comme celle-ci pour faire avancer les choses ?

Tu m’aurais posé la question il y a cinq ans, je t’aurais dit non. Mais à force de voir que pour amener des changements positifs, il faut parfois des obligations, mon opinion est en train de changer. J’avais des craintes, parce qu’on veut toujours que ce soit la meilleure personne qui soit en poste. La réalité, c’est que la société est composée de 50 % d’hommes et de 50 % de femmes. On l’a, la parité, dans la société.

La diversité amène une meilleure compréhension, de meilleures décisions et plus de positif. Je crois qu’il faut qu’on oblige la diversité pour que les gens comprennent tous les bénéfices qu’elle peut amener dans les entreprises et les organisations. C’est la façon de forcer la société à faire le changement et je pense qu’après, ce ne sera plus une question d’obligation. Mon souhait serait que ça devienne un acquis et parfois, il faut des lois pour en arriver là.

En tant que mairesse, que faites-vous pour faire avancer le dossier de l’équité, de la diversité et de l’inclusion ? Mis à part être vous-même !

C’est important de montrer l’exemple. Quand j’ai été élue en 2009 comme conseillère municipale, j’étais l’une des deux seules femmes, deuxième plus jeune et issue d’une communauté ethnique. On n’était pas majoritaires et j’avais l’impression que je remplissais chaque quota.

Élue mairesse, je voulais un conseil paritaire, multidisciplinaire, multigénération et multiethnique. Je trouve que ça apporte de belles décisions réfléchies. C’est plus long pour arriver à un consensus, mais quand on prend des décisions, on les assume !

Doreen Assaad, mairesse de Brossard

Ensuite, pour la première fois, on a une femme à la tête d’un département qui est considéré comme fortement masculin, au niveau du génie et des travaux publics. On montre que c’est possible en encourageant le leadership féminin au sein de notre organisation.

Dans votre parcours, avez-vous senti que vos origines étaient un frein ?

Quand j’ai été élue conseillère en 2009, je ne sais pas si ce sont vraiment mes compétences qui ont été prises en considération ou tout ce que je représentais. Mais j’ai saisi l’opportunité pour faire mes preuves.

Parfois, j’ai senti que mes origines étaient un frein, pas parce que ça me fermait des portes, mais parce qu’il fallait que je fasse trois fois le travail pour démontrer qu’il n’y avait pas d’agenda attaché.

Je devais prouver aux gens que je suis québécoise dans mon cœur, dans toutes mes valeurs, dans tout ce que je suis. Je suis née ici et je suis l’exemple parfait de quelqu’un qui a voulu s’intégrer pleinement dans la société. C’est ça que mes parents ont voulu pour moi et ils ont fait face à beaucoup de défis pour que moi je puisse être québécoise aux yeux de tout le monde. Le nom ne l’indique pas, mais dans tout ce que je fais et tout ce que je suis, j’incarne ces valeurs-là.