Exaspéré par la gestion et l’exécution chez DavidsTea, le deuxième actionnaire en importance du détaillant montréalais croit que l’entreprise doit être mise en vente.

« Il semble que le projet de népotisme pour diriger DavidsTea soit en train d’échouer », lance à La Presse l’investisseur américain Justin Dopierala, gestionnaire de portefeuille chez Domo Capital, une firme établie au Wisconsin.

Avec une participation d’un peu plus de 10 %, Domo Capital est le deuxième actionnaire en importance de DavidsTea derrière Placements Mauvais Jours, la société de portefeuille privée du cofondateur de DavidsTea Herschel Segal.

La fille de ce dernier, Sarah Segal, est devenue cheffe de la direction du marchand de thé il y a deux ans exactement. La mère de Sarah, Jane Silversone, est la présidente du conseil d’administration de l’entreprise.

La valeur boursière de DavidsTea a fondu dans les dernières années et ne s’élève plus aujourd’hui qu’à une vingtaine de millions de dollars américains, alors que Justin Dopierala affirme que la marque DavidsTea vaut « des centaines de millions ».

Malheureusement, dit-il, les résultats financiers et les commentaires des clients montrent que l’exécution n’est tout simplement pas au rendez-vous.

« L’augmentation continue des frais généraux et des frais d’administration alors que les ventes sont en chute libre est déconcertante », ajoute l’actionnaire déçu.

« Les commentaires des clients indiquent que, bien qu’ils adorent le produit, ils sont aussi très frustrés par l’incapacité de l’entreprise à livrer le bon produit en temps voulu », précise-t-il.

À ce stade, il serait logique que le conseil d’administration envisage une vente immédiate de l’entreprise à une entité qui saura tirer parti de la qualité de la marque.

Justin Dopierala, gestionnaire de portefeuille chez Domo Capital

Il souligne que, puisque la famille Segal contrôle près de 50 % des actions en circulation, il va de soi que les Segal sont ceux qui ont le plus à gagner d’une vente rapide de la société alors que la marque profite encore d’une « forte notoriété ».

Appelée à réagir à ces propos, la direction de DavidsTea n’a pas souhaité offrir de commentaires.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Sarah Segal a accédé au poste de cheffe de la direction de DavidsTea au début de la pandémie.

L’été dernier, Sarah Segal avait dit à La Presse que le redressement des ventes était une priorité. Ce défi demeure de taille dans le contexte économique actuel qui affecte la confiance des consommateurs et les dépenses discrétionnaires.

Publiées mardi soir, les ventes des mois d’août, septembre et octobre montrent une baisse à deux chiffres par rapport à l’année précédente. Elles ont diminué de 27 % à 16 millions alors qu’elles s’élevaient à 22 millions il y a un an.

Les frais généraux et administratifs du trimestre ont augmenté de 7 % à 11 millions alors que la perte nette s’est creusée à 4,7 millions. Elle était de 1,9 million un an plus tôt.

La rentabilité a notamment été affectée négativement par des investissements réalisés cette année dans les opérations de traitement des commandes et dans l’infrastructure technologique.

Les ventes avaient diminué de 15 % pour l’ensemble de l’exercice financier 2021, alors qu’elles avaient déjà baissé de 38 % au cours de l’exercice précédent.

Fondé en 2008 et inscrit au NASDAQ sept ans plus tard, DavidsTea a connu une croissance rapide durant ses premières années. Le détaillant exploitait plus de 230 boutiques avant la pandémie. Il n’y en a plus que 18 aujourd’hui.

La transition du modèle d’affaires se poursuit. L’entreprise mise maintenant beaucoup sur les ventes en ligne et sur un réseau de clients grossistes qui comprennent quelque 3800 épiceries et pharmacies.

Après avoir frôlé la barre des 30 $ US en 2015, l’action de DavidsTea a reculé jusqu’à 65 cents US le mois dernier. Le titre a clôturé la séance de mercredi en baisse de 3 % à 75 cents US.