Bien remise de la pandémie, Loto-Québec se dirige cette année vers des profits qui reviendront au niveau atteint avant l’interdiction de fumer dans ses établissements, il y a 17 ans.

Après les six premiers mois de l’exercice en cours, la société d’État affiche un bénéfice net de 805,3 millions, presque autant que pour toute l’année précédente qui s’était terminée avec un profit de 1,1 milliard.

Le conflit de travail et une panne informatique survenus en septembre dernier ont paralysé les activités de loterie pendant cinq jours et fait perdre 10 millions en revenus. Mais l’impact sur les profits a été marginal, selon la société d’État, qui surpassera sa cible établie par le gouvernement du Québec dans son budget.

Loto-Québec a profité des fermetures forcées pendant la pandémie pour revoir ses opérations, explique son président, Jean-François Bergeron, dans un entretien avec La Presse.

Les résultats du premier semestre sont le résultat de ce travail, selon lui. « Les charges d’exploitation sont en baisse et notre offre s’est améliorée », résume-t-il.

L’amélioration est particulièrement remarquable dans les casinos et les salons de jeux, où les revenus ont augmenté le plus.

On a revu le modèle. On s’est rendu compte qu’il n’était pas nécessaire d’ouvrir nos casinos 24 heures sur 24 et on a revu notre offre alimentaire.

Jean François Bergeron, président de Loto-Québec

La société d’État a aussi accru considérablement son offre de divertissement avec un nouveau partenaire, Gestev, qui appartient au groupe Québecor. Les évènements de boxe, les soirées latinos et les activités de divertissement en général prennent une part plus grande des activités de Loto-Québec, ce qui reste à l’intérieur de sa mission, soutient son président.

« Notre mission est de gérer les jeux de hasard dans l’intérêt de la collectivité, et le divertissement réduit le risque de jeu compulsif », justifie-t-il.

Parier local

Jean-François Bergeron arrive de la Société québécoise du cannabis, dont il a été le premier PDG. À la tête de Loto-Québec depuis 2021, il combat le même ennemi, le marché noir qui, pour les jeux de hasard, prend la forme de sites illégaux de jeux en ligne.

Il affirme que l’entreprise progresse sur ce front. Ce n’est que depuis 2012 que Loto-Québec offre des jeux en ligne.

Notre offre est passée de 200 à 1000 jeux en ligne et on travaille fort pour prendre la place des sites illégaux.

Jean-François Bergeron

En plus des campagnes publicitaires qui incitent les joueurs à parier localement plutôt que d’envoyer leur argent ailleurs dans le monde, la société d’État entend se servir de la technologie, notamment l’intelligence artificielle et la réalité augmentée, pour continuer le combat.

« Il faut rester pertinent et offrir un produit aussi intéressant », dit-il.

Les casinos virtuels seront une réalité peut-être pas si lointaine pour Loto-Québec, qui offre déjà de jouer au poker à distance sur une table de jeu réelle avec de vrais croupiers et de vrais adversaires.

Il faudra attendre le nouveau plan stratégique, actuellement en préparation, pour en savoir plus.