Le déploiement des services de soutien à domicile au Québec a été « freiné » depuis 20 ans par l’absence de plan clair, révèle un nouveau rapport au moment où le gouvernement Legault promet un grand virage en la matière.

C’est la conclusion du troisième tome de l’enquête menée par la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, sur la politique de soutien à domicile Chez soi : le premier choix.

Après avoir examiné avec attention l’ensemble du système dans un premier temps, puis en avoir mesuré l’efficacité dans un second, la commissaire revient, dans ce troisième rapport, sur la genèse de cette politique, adoptée en 2003, et son déploiement depuis deux décennies.

Or, si la politique était dotée d’une « vision ambitieuse », 20 ans plus tard, son bilan est « mitigé », conclut Joanne Castonguay.

En effet, en l’absence d’un « réel plan de mise en œuvre » et dans le contexte des « réformes structurelles successives » dans le système de santé, son objectif de faire du domicile le premier choix pour y traiter les Québécois « ne s’est pas imposé comme une véritable priorité », écrit-elle.

« À l’époque, c’était très avant-gardiste, mais malheureusement, on ne l’a pas mis en œuvre », a expliqué la commissaire, en entrevue, jeudi. « Le résultat, c’est que ça n’a pas été implanté comme on aurait voulu que ça le soit. »

Un système mal adapté

Par conséquent, le système actuel de soutien à domicile, qui résulte de la politique adoptée en 2003, est « complexe », « peu intégré » et « exigeant » pour les usagers et les proches aidants.

Quelques constats en bref :

  • À besoin de santé égal, tous n’ont pas accès aux mêmes services.
  • Les voies d’accès au soutien à domicile ne sont pas facilement lisibles.
  • Les pratiques d’évaluation des usagers sont hétérogènes.
  • Il n’y a aucun standard commun de qualité.
  • Le partage des rôles est problématique.

Par exemple, différents organismes communautaires offrant des services de soutien à domicile ont différents critères pour évaluer qui peut y avoir accès. Ces critères diffèrent parfois aussi de ceux des CHSLD.

Qui plus est, une récente mise à jour du gouvernement présentée cette année et qui était censée dépoussiérer la politique « ne propose pas de nouvelles mesures susceptibles d’apporter les améliorations nécessaires », juge la commissaire.

Pire, cette nouvelle mise à jour « est encore plus centralisée », estime Joanne Castonguay, ce qui « limite encore plus la marge de manœuvre [des établissements] pour améliorer ce qu’il y a localement ».

En début de deuxième mandat, François Legault a promis d’opérer « une vraie révolution » en matière de soins à domicile. Dans son premier mandat, le gouvernement Legault a investi 2 milliards additionnels dans son virage vers les soins à domicile. Le dernier budget Girard prévoit de nouvelles sommes de 103 millions dès cette année pour 963,5 millions d’argent frais d’ici cinq ans.