(Québec) Le recours à l’aide médicale à mourir continue d’augmenter au Québec, et de façon considérable. Pas moins de 5211 personnes l’ont reçue en 2022-2023, un bond de 42 % en un an. La ministre déléguée à la Santé et responsable des Aînés, Sonia Bélanger, s’interroge sur « ce phénomène qui est important » et déplore une poignée de situations « non conformes » où les personnes n’étaient pas admissibles en vertu de la loi.

« On le sait qu’il y a au Québec une grande ouverture par rapport à ça. Cependant, je veux bien comprendre les motifs qui font en sorte qu’au Québec, il y a plus de demandes, plus d’aides médicales à mourir qui sont données », a-t-elle affirmé lors d’une mêlée de presse à la sortie du Salon bleu. Elle compte mandater une équipe de recherche afin de se pencher sur la situation et obtenir un avis scientifique « détaillé ».

« Je ne suis pas inquiète », et « il ne faut pas regarder les statistiques comme une bonne ou mauvaise nouvelle », a-t-elle précisé. « Je veux comprendre, comme ministre, pourquoi au Québec on a ce phénomène-là et cette grande ouverture-là. […] Je rappelle qu’on a été quand même un des premiers pays (sic) à se doter d’une loi sur les soins de fin de vie. C’est important qu’on fasse les choses correctement. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Sonia Bélanger

Selon le rapport annuel de la Commission des soins de fin de vie que la ministre a déposé à l’Assemblée nationale jeudi, les 5211 personnes ayant reçu l’aide médicale à mourir étaient en majorité âgées de 70 ans et plus (72 %), atteintes de cancer (63 %), avaient un pronostic de survie de un an et moins (82 %) et présentaient à la fois des souffrances physiques et psychiques irrémédiables (97 %).

Elles ont reçu l’aide médicale à mourir en centre hospitalier (55 %), à domicile (30 %), en CHSLD (8 %) ou en maison de soins palliatifs (5 %).

Près des deux tiers des demandes formulées pour recevoir l’aide médicale à mourir (AMM) ont été administrées (68 %).

Au total, 1663 médecins ont participé à l’AMM, en hausse de 15 %.

Les 5211 cas d’AMM représentent 6,5 % des 79 600 décès survenus d’avril 2022 à mars 2023.

L’élargissement de l’accès à l’aide médicale adopté à l’Assemblée nationale cette année fera encore augmenter les statistiques au cours des prochaines années, prévoit la Commission.

« L’augmentation de 42 % du nombre d’AMM administrées […] mérite qu’on s’y attarde et tente d’en analyser les raisons sous-jacentes possibles afin que l’AMM continue d’être administrée conformément à la loi, ce que la Commission a pu vérifier comme le montre le nombre très faible d’AMM jugée non conforme » (0,5 %).

Ainsi, 16 de ces 23 cas non conformes sont particulièrement problématiques selon la ministre, car les personnes ont reçu l’AMM alors qu’elles ne respectaient pas l’ensemble des critères prévus à la loi. Elles n’étaient pas atteintes d’une maladie grave ou incurable, selon la Commission. Dans trois cas, la personne était atteinte d’un handicap.

« Face à cette situation, je m’attends à ce que le Collège des médecins fasse les interventions nécessaires et les suivis avec les médecins concernés », a dit Sonia Bélanger.