Les tiques gagnent du terrain au Québec. La maladie de Lyme aussi.

Ce qu’il faut savoir

  • Pour l’année 2022, 586 cas de la maladie de Lyme ont été déclarés, soit une baisse de 123 cas par rapport à l’année 2021.
  • Dans les zones à risque élevé, la probabilité de contracter la maladie à la suite d’une piqûre varie entre 1 % et 3 %.
  • Si la tique est retirée dans les 24 heures, le risque de contracter la maladie de Lyme est très faible.
  • Dans certaines régions où le risque est plus élevé, il est possible de se procurer une dose d’antibiotique pour prévenir l’infection avant l’apparition de symptômes en cas de piqûre.

Lorsqu’on jette un coup d’œil rapide aux plus récentes données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), publiées cette semaine, on pourrait croire que la maladie de Lyme régresse : 586 cas ont été déclarés en 2022, une baisse de 123 cas par rapport à 2021.

Mais on ne doit pas s’arrêter à ces statistiques.

La maladie continue sa progression, indique Najwa Ouhoummane, conseillère scientifique et épidémiologiste à l’INSPQ et auteure du rapport. Plus précisément, les données à long terme indiquent une tendance à la hausse.

« Les tiques sont là pour rester », explique Najwa Ouhoummane.

Le nombre record de cas de maladie de Lyme rapportés en 2021 peut être attribuable au contexte particulier de la pandémie et du confinement. « On a observé un très fort engouement pour les activités de plein air, puisque les gens ne pouvaient pas nécessairement voyager à l’extérieur du pays », note Najwa Ouhoummane.

Plus de personnes à l’extérieur, donc une plus grande exposition aux tiques et à la maladie de Lyme.

Avec 320 cas, l’Estrie demeure la région la plus touchée, confirment les données de 2022. La Montérégie arrive deuxième, avec 113 cas.

La maladie continue également de s’étendre sur le territoire. Le niveau de risque de 13 municipalités est passé de « possible » à « présent » (deux cas au cours des cinq dernières années) entre 2022 et 2023. Ces municipalités se situent dans les régions sociosanitaires suivantes : Capitale-Nationale, Mauricie-et-Centre-du-Québec, Estrie, Outaouais, Chaudière-Appalaches et Montérégie.

Quatorze municipalités sont passées à un niveau de risque « significatif » (au moins trois cas dans les cinq dernières années) en 2023 ; elles sont situées en Mauricie-et-Centre-du-Québec, en Estrie, en Outaouais et en Montérégie.

« Dans les zones à risque élevé, la probabilité de contracter la maladie de Lyme à la suite d’une piqûre varie entre 1 % et 3 % », précise Najwa Ouhoummane.

Les tiques, de grandes voyageuses

Cette expansion géographique n’est pas tout à fait le fruit du hasard. « Les tiques voyagent à dos d’oiseau et de cerf », explique Catherine Bouchard, professeure associée à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

Une fois le cerf ou l’oiseau arrivé dans un nouvel environnement, les tiques qui l’accompagnent tomberont au sol. Si les conditions climatiques et les caractéristiques du nouveau milieu sont favorables à leur survie, elles vont s’établir et se reproduire. « C’est ce qui explique que certaines régions présentent un plus grand risque que d’autres », précise Catherine Bouchard.

Mais les tiques ne portent pas toutes la maladie de Lyme. À l’origine, la bactérie responsable de la maladie circule dans le sang de rongeurs, principalement la souris à pattes blanches. Elle est aussi présente chez les écureuils roux et les tamias rayés.

La tique devient donc un vecteur de la maladie après avoir piqué un rongeur contaminé. « Contrairement à la croyance populaire, la source du pathogène est donc le rongeur, et non la tique », précise Catherine Bouchard.

La maladie de Lyme n’est pas la seule maladie qui peut être transmise par les tiques au Québec. Les autres, bien que plus rares, sont l’anaplasmose, la babésiose et l’encéphalite de Powassan.

Mieux vaut prévenir

Il est donc primordial de se protéger adéquatement lorsqu’on pratique des activités en forêt. La formule gagnante est bien connue : il faut éviter de se promener hors des sentiers, porter des vêtements longs, appliquer des solutions insectifuges sur les parties de la peau qui sont exposées.

Mais la prévention peut aller plus loin, explique Catherine Bouchard, de l’Université de Montréal. Une fois de retour à la maison, une inspection visuelle rigoureuse est primordiale. On recommande également de mettre ses vêtements à la sécheuse pendant au moins 10 minutes et de prendre un bain ou une douche pour déloger toute tique qui ne se serait pas encore accrochée.

La tique a échappé à votre vigilance et elle vous a piqué ? Pas de panique.

Si la tique est retirée à l’intérieur d’une fenêtre de 24 heures, le risque de contracter la maladie de Lyme est très faible.

Catherine Bouchard, vétérinaire épidémiologiste à l’Université de Montréal

Au moment de retirer la tique, il faut s’assurer que son rostre, soit l’organe en forme de harpon qu’elle utilise pour piquer et qu’elle fait pénétrer dans la peau, est complètement ôté.

Dans certaines régions où le risque d’acquisition de la maladie de Lyme est plus élevé, il est possible de se procurer une dose d’antibiotique pour prévenir l’infection avant l’apparition de symptômes en cas de piqûre. Cette prophylaxie post-exposition doit être prise de 36 à 72 heures après la piqûre.

Depuis 2003, il est obligatoire pour les médecins cliniciens et les laboratoires de déclarer les cas de maladie de Lyme aux autorités publiques. « La maladie est bien connue et bien prise en charge par la Santé publique », note Najwa Ouhoummane.