(Québec) Le premier ministre François Legault accentue la pression sur la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). Il va jusqu’à dire que « le plus gros problème qu’on a à régler pour améliorer le réseau de la santé, c’est d’avoir de la flexibilité dans les conventions collectives avec les infirmières ».

Il a fait cette sortie jeudi, au lendemain du dépôt du projet de loi de son ministre Christian Dubé qui vise la fin du recours aux agences privées de placement de personnel d’ici 2026.

Pour atteindre cet objectif, il faut faire sauter des verrous qui se trouvent dans les conventions collectives des infirmières, selon le gouvernement. Les négociations pour le renouvellement des contrats de travail, qui seront échus le 31 mars, sont déterminantes pour retenir et attirer la main-d’œuvre dans le réseau, insiste-t-il.

« J’ai un message pour les syndicats d’infirmières : il faut qu’ils viennent à la table négocier si on veut abolir les agences de placement privées », a lancé François Legault avant de se rendre au Salon bleu pour la période des questions.

« Le gouvernement n’a aucun avantage à passer par une agence privée pour avoir une infirmière. On aimerait bien mieux embaucher une infirmière directement sans passer par une agence privée. Mais actuellement, on ne peut pas le faire parce qu’on n’a pas la flexibilité dans les conventions collectives », a-t-il plaidé.

Québec évoque des aménagements aux contrats pour reconnaître l’ancienneté d’une infirmière d’agence qui accepterait de revenir dans le réseau public. « Ça va faire partie des discussions », s’est contenté de dire François Legault.

« Mais pour l’instant, les syndicats ne veulent pas venir négocier, a-t-il également déclaré. Ils n’acceptent non seulement pas la flexibilité dans les conventions collectives, ils n’acceptent pas de venir s’asseoir à la table de négociation. »

En entrevue mardi, la présidente de la FIQ, Julie Bouchard, n’a pas voulu indiquer si le syndicat est favorable ou non à offrir des aménagements aux travailleurs d’agence qui voudraient revenir dans le réseau. Elle a expliqué le principe d’équité doit prévaloir et que ce sera aux membres de décider.

Selon la FIQ, le ministre Dubé « a accouché d’une souris » et le projet de loi 10 n’empêchera pas les agences de « faire la pluie et le beau temps au détriment des professionnelles en soins fidèles au réseau public ».

« La négociation nationale en cours et un projet de loi avec du mordant nous laissaient croire que c’était possible et que nous allions peut-être renverser la vapeur. Quel rendez-vous manqué par le ministre », a-t-elle indiqué.

Avec Fanny Lévesque