(Québec) Incapable d’atteindre les cibles de son plan de rattrapage des interventions chirurgicales, le gouvernement Legault mettra la priorité sur les Québécois qui attendent de passer sous le bistouri depuis plus d’un an. Québec confirme que les échéanciers annoncés l’an dernier seront reportés.

La liste d’attente en chirurgie continue de s’allonger au Québec alors que le tsunami Omicron a « bousculé » les plans du ministre de la Santé, Christian Dubé. Depuis octobre, quelque 7500 Québécois se sont ajoutés aux listes, a rapporté mercredi La Presse. Selon le plus récent bilan du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), daté du 29 janvier, 158 933 Québécois attendent une opération.

« C’est beau de regarder les opérations qui sont en retard, mais c’est le plus de 12 mois. […] Comment on veut s’assurer qu’on [met l’accent] sur les opérations qui sont le plus en retard », a fait valoir mercredi le ministre Dubé, en marge d’une annonce pour le recrutement d’infirmières à l’étranger. La Dre Lucie Opatrny, sous-ministre, « se concentre actuellement sur les opérations qui sont en retard de plus d’un an ».

« Je voudrais rassurer tout le monde : je parle aux Québécois et aux infirmières aussi. On sort de deux ans de pandémie et la pire chose qu’on pourrait faire, c’est essayer de régler un problème de deux ans en trois mois. On n’ira pas mettre de pression supplémentaire sur les infirmières au moment où on a besoin d’elles. Ce qu’il va falloir trouver, c’est l’équilibre, c’est ce qui est le plus important », a lancé M. Dubé.

En date du 29 janvier, 36 247 patients attendent une opération depuis 6 à 12 mois ; 12 860 autres patientent depuis 12 à 18 mois, 4483 depuis 18 à 24 mois et 3512, depuis deux ans et plus. S’il veut réduire la liste d’attente de ceux qui patientent depuis plus d’un an, Québec devra prioriser les opérations de quelque 20 000 Québécois, selon le MSSS.

Des cibles retardées

Une rencontre a eu lieu mardi soir entre le MSSS, la Fédération des médecins spécialistes du Québec et plusieurs associations de spécialités chirurgicales pour discuter du plan de rattrapage du gouvernement Legault, présenté en juin 2021. Le MSSS a confirmé à La Presse que cette stratégie était maintenue, mais que les « différentes dates liées aux différents jalons » aies révisées au cours des prochaines semaines.

« On va donner un nouvel agenda au cours des prochains mois », a précisé le ministre Dubé, ajoutant qu’il espérait présenter son plan révisé avant la fin de la session parlementaire.

En juin, le gouvernement Legault avait dans sa ligne de mire de ramener le nombre d’opérations en attente à 150 000 dès octobre 2021 et, surtout, de diminuer la liste de ceux qui attendent depuis plus de six mois à quelque 42 000 noms. Québec a raté sa cible avant même la cinquième vague de la pandémie. Le 9 octobre dernier, 151 352 patients étaient en attente, dont 52 512 depuis plus de six mois.

Dans son plan initial, Québec se donnait deux ans pour rattraper les retards provoqués par la pandémie.

Ce scénario tient-il toujours ? « Il est un peu tôt pour le dire pour moi, en ce moment, je veux qu’on stabilise les équipes », a expliqué M. Dubé, qui s’est réjoui de l’apport des cliniques médicales spécialisées avec lesquelles le gouvernement s’est entendu pour minimiser le délestage.

Sans ces contrats, 59 % des opérations seraient effectuées au Québec, alors qu’on en fait 74 % à l’heure actuelle, selon le cabinet de M. Dubé.

Mardi, le gouvernement a annoncé le réinvestissement de 400 millions dans la « reprise des activités post-COVID », dont les interventions chirurgicales délestées. Des sommes qui ont pu être dégagées par les travaux de l’Institut de la pertinence des actes médicaux. Elles permettront de réaliser un volume additionnel d’opérations, estimé à 125 000, d’ici 2023-2024.