Le « retour à la normale » attendra au printemps au Réseau de transport de la capitale (RTC), qui doit annuler plus de 300 départs par semaine en raison de la pénurie de main-d’œuvre cet hiver. Le syndicat déplore toutefois que la situation soit attribuable au manque d’autobus, ce que dément la direction.

« Il y a une pénurie de main-d’œuvre […] qui plane sur nous depuis déjà un bon moment », a indiqué en point de presse lundi la présidente du RTC, Maude Mercier Larouche, en faisant valoir que le taux de chômage est moins élevé à Québec qu’à Montréal, notamment.

Elle se dit consciente que la décision aura des impacts sur les usagers, mais promet que des efforts sont en cours pour « un retour à la normale au printemps ». Une campagne de recrutement lancée cet automne a déjà permis de doubler le nombre de candidatures reçues à la même période l’an dernier, selon la présidente.

Le réseau de transport avait d’abord mis à jour ses horaires en ligne, vendredi, en précisant que le service changerait de « rythme » à compter du 25 novembre. Plusieurs médias ont ensuite précisé la hauteur des coupes : au total, 360 départs seront annulés cet hiver et il manque une trentaine de chauffeurs.

Mme Mercier Larouche affirme que les horaires ont été modifiés « en fonction des heures les moins achalandées et répartis sur l’ensemble du territoire pour justement ne pas impacter les mêmes clientèles. » « Ça aurait été un choix facile de couper uniquement dans les périphéries parce qu’on sait que les express sont moins achalandés que les parcours au centre-ville », a-t-elle dit.

Cette restructuration touche surtout le week-end, à raison d’environ 180 départs annulés le samedi ainsi que le dimanche. Une centaine de trajets sera touchée.

Au Syndicat des employés du transport public du Québec Métropolitain, qui représente les chauffeurs d’autobus du RTC, la présidente Hélène Fortin s’est scandalisée de cette annonce, en offrant une autre version des faits. « C’est du gros n’importe quoi. […] On manque de véhicules. C’est de la mauvaise planification et de la mauvaise gestion pure et simple », a-t-elle fait valoir sur les ondes de Radio-Canada, en promettant de déposer des griefs et d’amener le dossier devant le Tribunal administratif du travail (TAT).

Le directeur général du RTC, Nicolas Girard, dément toutefois cette information. « En aucun cas la disponibilité des autobus n’a impacté l’offre de service pour l’hiver 2024 », a-t-il assuré, en reconnaissant toutefois que des « situations exceptionnelles », comme des pannes ou des épisodes de congestion et des tempêtes peuvent réduire le nombre d’autobus disponible de façon ponctuelle.

La porte-parole de l’organisme Accès transports viables, Angèle Pineau-Lemieux, s’inquiète. « Quand on enlève 360 départs par semaine en hiver, ce sont des autobus qui passaient toutes les 30 minutes qui passent désormais chaque heure », a-t-elle déploré.

Ces réductions de service « ne sont probablement que la pointe de l’iceberg », selon la directrice générale de Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon. « Nous craignons que cette situation ne se reproduise dans les prochaines années, à Québec et ailleurs, si le financement du gouvernement n’est pas à la hauteur. »

Tout cela survient quelques mois après une grève des chauffeurs du RTC qui avait entièrement paralysé le service d’autobus dans la capitale durant plusieurs jours.