Des usagers du Réseau express métropolitain (REM) se mobilisent pour réclamer la mise sur pied d’une navette entre Brossard et l’arrêt Robert-Bourassa à Montréal, vu les retards liés à la station Griffintown. Une pétition parrainée par une députée libérale vient d’être déposée à l’Assemblée nationale.

Habitant la Rive-Sud, Pierre-Luc Sarault travaille dans la portion sud de la Cité du Multimédia, dans Griffintown. Avant l’arrivée du REM, il laissait normalement sa voiture au stationnement incitatif Chevrier, avant de prendre le bus 90 du Réseau de transport de Longueuil (RTL) qui l’amenait de l’autre côté du pont Samuel-De Champlain.

Le bus l’amenait alors à 5 minutes de marche de son travail. Mais depuis l’arrivée du REM, « le fait de me faire déposer à la gare Centrale et de devoir attendre un autobus ou marcher 20 à 25 minutes, c’est le maillon faible de mon itinéraire, sans parler des accès à cette station », dit M. Sarault.

« Ça me prenait 40 minutes et maintenant, c’est environ 1 h 05 à 1 h 10 porte à porte. Une fois que la gare Griffintown sera là, ça sera mieux, mais ce n’est pas avant trois ou quatre ans maximum », raconte le citoyen.

Il fait partie des citoyens soutenant l’initiative de l’Association pour le transport collectif de la Rive-Sud (ATCRS), qui a déposé cette semaine une pétition sur le site de l’Assemblée nationale parrainée par la députée libérale de La Pinière, Linda Caron.

Un arrêt « très utilisé »

Dans ladite pétition, on rappelle que l’arrêt de la ligne 90, située à l’angle de Robert-Bourassa et William à Montréal, « était très utilisé par les travailleurs de la Cité du Multimédia et du Vieux-Montréal ».

Depuis l’arrivée du REM en juillet dernier, les autobus du RTL et d’exo ne peuvent plus emprunter le pont Samuel-De Champlain, en raison de la Loi sur le REM qui stipule qu’aucun moyen de transport collectif ne peut entrer en compétition avec le train léger. Une vaste réorganisation des réseaux d’autobus a donc été orchestrée, au grand dam de certains usagers, tant chez exo qu’au RTL, voire sur L’Île-des-Sœurs.

Or, dans Griffintown, le REM n’est pas encore réalité : la future station ne sera finalement construite que d’ici 2027, alors que CDPQ Infra avait évoqué par le passé une échéance en 2024. Pendant ce temps, « les promoteurs du secteur versent déjà une redevance pour financer le REM », notent les signataires.

« Pour plusieurs usagers, l’absence de station dans le Griffintown implique un doublement du temps de parcours par rapport à la situation qui prévalait avec les autobus », affirme le porte-parole de L’ATCRS, Axel Fournier. « Le retour d’un service de bus est essentiel à cet endroit pour éviter des désagréments aux usagers en attendant que CDPQ Infra complète son projet », ajoute-t-il.

À ses yeux, « CDPQ Infra n’a pas à craindre la mise en place d’un tel service, car elle va fidéliser la clientèle, en attendant l’arrivée d’une station du REM dans le Griffintown ».

Selon la députée Linda Caron, le projet permettrait surtout « de faciliter la vie aux familles en n’allongeant pas indûment la durée des trajets des travailleurs et de motiver ceux-ci à continuer d’utiliser le transport collectif ». « La mise à disposition d’une navette […] m’apparaît une solution raisonnable en attendant la mise en service de la future station du REM Griffintown–Bernard-Landry », ajoute l’élue provinciale.

Pas dans les plans de l’ARTM

Appelée à réagir, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) fait valoir, comme nous l’avons expliqué ci-haut, que la loi lui impose « qu’aucun service de transport collectif ne soit offert reliant l’un ou l’autre des bassins de non-concurrence pour les antennes Deux-Montagnes, Ste-Anne-de-Bellevue et Rive-Sud », ce qui inclut le centre-ville de Montréal.

« Un tel service nécessiterait d’avoir une entente particulière avec CDPQ Infra », dit en ce sens la porte-parole de l’ARTM, Isabella Brisson.

Elle avance par ailleurs que « le transport collectif est face à un contexte financier très restreint ». « Nous cherchons à combler un important manque à gagner au budget 2024 afin qu’il n’y ait pas d’impact sur les services existants. Il n’est pas prévu d’ajouter un tel service dans ce contexte d’autant que la Cité du multimédia est déjà desservie par bus à partir de la station Île-des-Sœurs et Gare-Centrale », soutient l’ARTM.

L’organisme explique que les services de desserte de la Cité du Multimédia en provenance de l’autoroute 10 « s’effectuent à partir de la station Île-des-Sœurs où la ligne 168 permet de poursuivre vers le corridor Robert-Bourassa », avec des arrêts situés sur les axes Wellington, William et Notre-Dame, entre autres.

D’après plusieurs experts, la station Griffintown – Bernard-Landry pose des défis particuliers parce que CDPQ Infra a décidé de la construire une fois le REM en service. Le maintien du service 20 heures par jour promet notamment de causer des maux de tête aux responsables du chantier.