(Québec) Face à la crise du logement et à des prévisions démographiques favorables, la Ville de Québec doit doubler les mises en chantier. La capitale va notamment permettre une densité accrue, abolir les exigences minimales de stationnement et autoriser les « habitations accessoires ».

Le maire Bruno Marchand a annoncé mercredi une vingtaine de mesures, dont certaines réclamées depuis longtemps par les promoteurs, pour stimuler les mises en chantier.

L’objectif est de taille : la Ville prévoyait devoir ajouter 28 000 logements d’ici 2036. La crise du logement la force à augmenter la cadence. Ce sont maintenant 80 000 logements qui doivent sortir de terre d’ici 2040.

L’objectif est ambitieux. Ces dernières années, ce sont de 2500 à 3000 logements par an qui ont été bâtis à Québec. Le nouvel objectif est de 5000 en moyenne par année.

« On ne deviendra pas New York ou Paris, a rassuré M. Marchand. Notre but est d’être la meilleure ville de Québec possible, avec une densification douce. »

La Ville va donc réviser ses règlements pour autoriser là où c’est possible des immeubles plus imposants. Bruno Marchand a cité à titre d’exemple les nombreux stationnements de centres commerciaux de la capitale, souvent sous-utilisés, qui pourraient recevoir des logements.

Il veut aussi réviser la réglementation dans les quartiers résidentiels, mais promet de le faire avec doigté.

« Les gens qui disent : “Si vous augmentez la densité, est-ce que je vais me retrouver avec un [immeuble de] dix étages à côté de mon bungalow ?”, ce n’est pas ça, c’est une densification douce », a promis le maire, qui n’a pas voulu s’avancer précisément sur les modifications à venir.

La Ville promet par ailleurs de faciliter la délivrance de permis de construction. Québec accède aussi à une demande de longue date des promoteurs et va abolir l’exigence minimale de stationnement.

Actuellement, dans les quartiers centraux de la capitale, les nouvelles constructions doivent offrir une case pour deux logements. Or, les stationnements coûtent cher à construire, entre 50 000 $ et 60 000 $ par case. Plusieurs promoteurs critiquaient ces exigences.

« Si le promoteur pense qu’il peut construire un logement sans stationnement, près d’un axe de transport en commun, et le vendre, alors qu’il le fasse, a dit Bruno Marchand. Avant, il y avait une pénalité. C’était une réalité d’il y a 20, 30 ans. »

« Je trouve ça ambitieux comme plan », a réagi la PDG de l’Institut de développement urbain, Isabelle Melançon, qui représente les grands promoteurs.

L’ancienne députée libérale a toutefois critiqué une autre mesure annoncée mercredi par l’administration Marchand, soit l’idée de taxer les propriétaires de terrains vacants pour les inciter à les développer. « Actuellement, c’est difficile de sortir des logements de terre. On fait face à la pire période qu’on a vécue en habitation », a lancé Mme Melançon, selon qui de nouvelles taxes sont autant de bâtons dans les roues.

Feu vert aux « logements accessoires »

Québec veut aussi permettre la construction de « logements accessoires », par exemple une mini-maison sur un terrain derrière un bungalow, ou un appartement au-dessus d’un garage.

Ces logements accessoires représentent selon le maire Bruno Marchand un exemple de « densification douce ». Ils permettraient d’ajouter des logements dans les quartiers de bungalows sans jurer dans le paysage.

« On ne déforme pas l’âme de ces quartiers, on respecte les endroits où les gens vivent », dit-il.

Les mesures annoncées par la Ville de Québec doivent coûter en tout 605 millions de dollars en trois ans. L’hôtel de ville prévoit y consacrer 147 millions, demande 348 millions à Québec et s’attend à recevoir 110 millions de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).