Le retour à la maison pourrait être de courte durée à Lebel-sur-Quévillon, la Ville ayant averti qu’il faudra « être prêts à évacuer à nouveau ». Des résidants ont tout de même commencé à rentrer au bercail dimanche. La situation des incendies de forêt risque de se « fragiliser » davantage cette semaine en raison de l’absence de la pluie, a prévenu la SOPFEU.

Ce qu’il faut savoir

  • Les résidants de Lebel-sur-Quévillon ont commencé à rentrer au bercail dimanche, après plus de deux semaines d’évacuation.
  • Le maire Guy Lafrenière et la SOPFEU ont prévenu que de nouvelles évacuations étaient possibles dans plusieurs régions.
  • Le temps chaud et sec pourrait contribuer à « fragiliser » davantage la situation dans la semaine à venir.

« L’ambiance ici est particulière. Je viens d’arriver et je suis déjà en train de préparer mon matériel advenant une autre évacuation », lance René Sérandour, qui réside à Lebel-sur-Quévillon depuis la fin des années 1960.

En plus de 50 ans, ce résidant dit être confronté pour la première fois à des évacuations liées aux incendies de forêt, même si ces derniers sont une réalité récurrente durant la saison estivale.

On avait déjà vu de très gros incendies de forêt, en 1997 notamment, mais on n’avait pas été évacués parce que le vent était du bon sens et que le feu était plus loin.

René Sérandour, résidant de Lebel-sur-Quévillon

Il a logé chez sa fille, à Val-d’Or, pendant l’évacuation. « Probablement que si on retourne en évacuation encore une fois, je vais y retourner. Là, la température est forte, on annonce une canicule cette semaine, donc on ne prend pas de chances. Tout le monde ici prend le temps de faire un deuxième bagage, de laver son linge. Bref, on fait tout pour pouvoir repartir rapidement », explique le résidant.

Un indice en hausse

Dès samedi soir, le maire de Lebel-sur-Quévillon, Guy Lafrenière, avait prévenu que la réintégration des résidants prévue dimanche pourrait être de courte durée et qu’une nouvelle évacuation pourrait venir. En cause : l’indice d’inflammabilité qui est déjà très élevé et qui augmentera vraisemblablement dans les prochains jours en raison de l’absence de précipitations et de pluie abondante jusqu’au dimanche 25 juin.

À ce jour, l’incendie 344, au sud de Lebel-sur-Quévillon, a touché plus de 378 000 hectares. « Il est maintenant fusionné avec cinq autres feux », a précisé le maire. « C’est un immense feu, c’est vraiment gros. Il faut se préparer au cas où ça vire mal », a expliqué dimanche le maire Lafrenière en entrevue avec La Presse, en invitant les citoyens à avoir leurs bagages prêts, en cas de nouvelle évacuation.

« Pour les personnes qui ont de la famille ou une place où elles peuvent être encore quelques jours, on leur conseille de ne pas revenir immédiatement », a-t-il encore insisté, conseillant à ses concitoyens évacués se trouvant à Senneterre de s’adresser aux élus municipaux.

M. Lafrenière s’attend à ce qu’environ les deux tiers de ses concitoyens rentrent quand même à la maison, au moins sur une base temporaire. « Ça se passe très bien », a fait savoir le maire en fin d’après-midi, dimanche, alors que déjà plus de 1000 personnes étaient rentrées au bercail.

Les gens arrivent très tranquillement, on est vraiment satisfaits. Certains viennent faire leurs bagages et repartent, d’autres prennent du matériel pour leurs vacances qu’ils devancent.

Guy Lafrenière, maire de Lebel-sur-Quévillon

Les écoles Boréale et La Taïga ont d’ailleurs confirmé dimanche qu’elles ne rouvriront pas leurs portes à Lebel-sur-Quévillon, par mesure de sécurité.

« Semaine difficile » en vue

« On va avoir une semaine difficile pour l’Abitibi, le Nord-du-Québec et la Côte-Nord notamment, où on n’annonce aucune précipitation significative et des chaleurs quand même assez importantes », a expliqué dimanche la sous-ministre associée à la sécurité civile, Katia Petit, en point de presse à Québec.

De façon générale, « ça va fragiliser la situation dans les régions déjà touchées de près ou de loin par les incendies de forêt », ce qui inclut également le Saguenay–Lac-Saint-Jean. « Les citoyens doivent se tenir prêts au courant de la semaine à évacuer, avec de courts préavis », a insisté Mme Petit, en conseillant aussi aux entreprises forestières « d’avoir leurs plans d’évacuation des employés à jour et prêts à être déployés ».

Compte tenu de ce risque accru, dès midi ce lundi, le territoire où il est interdit d’accéder en forêt sera élargi à plusieurs régions de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Mauricie, du Nord-du-Québec, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord et de l’Outaouais.

À ce jour, 112 incendies sont en activité, dont 92 en zone intensive. Quelque 1400 pompiers combattent actuellement les feux, assistés de 19 avions-citernes.

« Particulièrement mercredi, jeudi et vendredi, on s’attend sur la forêt boréale et résineuse du nord du Québec à des indices d’intensité de classes 5 et 6, donc des intensités très élevées et extrêmes pour l’ensemble du territoire », a de son côté avancé le conseiller stratégique à la SOPFEU, Sylvain Tremblay.

« On est à regarder quels sont les incendies les plus susceptibles de redevenir hors contrôle. […] On ne peut pas garantir que les feux contenus ne redeviendront pas hors de contrôle », a conclu M. Tremblay.

Avec Vincent Larin