Même si « le feu progresse peu » pour le moment, la Ville de Lebel-sur-Quévillon implore ses concitoyens de retour au bercail de respecter les règles et d’éviter de se rendre en forêt. L’indice d’inflammabilité demeurera « très élevé » dans plusieurs régions. Le premier ministre François Legault a aussi réitéré que l’inquiétude est encore réelle dans plusieurs régions.

« Le feu progresse peu, le vent étant faible, ça nous donne une chance », a résumé le maire Guy Lafrenière, lundi, en point de presse. « Leur stratégie semble bien efficace. Le feu se comporte selon leurs prévisions. Le feu est de 330 000 hectares maintenant », a ajouté l’élu, qui venait de s’entretenir avec la SOPFEU au sujet du feu 344, qui a fusionné avec cinq autres feux dans les derniers jours.

Dimanche, plus de 1000 résidants sont rentrés à la maison, et plusieurs autres sont attendus lundi. Les autorités surveilleront de près cette semaine l’indice d’inflammabilité « qui reste très élevé et qui va continuer d’augmenter de jour en jour », a réitéré M. Lafrenière.

La pluie est attendue le week-end prochain, mais d’ici là, le soleil et les températures chaudes risquent de compliquer la tâche des pompiers. « Le retour s’est très bien passé, mais la prudence est de mise et nous vous demandons de respecter les consignes. Si quelqu’un fait des feux à ciel ouvert ou des feux d’artifice, l’amende est maintenant de 1000 $, plus tous les frais d’administration », a-t-il illustré.

Malgré des améliorations considérables dans la situation des incendies de forêt au Québec, il demeure des inquiétudes, surtout dans le nord de la province, a aussi concédé lundi le premier ministre François Legault. On comptait 109 incendies actifs au Québec en date de lundi midi, selon la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). Plus de 9800 kilomètres carrés sont affectés.

En marge d’une annonce à Sainte-Sophie, M. Legault a souligné que malgré les progrès des derniers jours, les autorités étaient sur le qui-vive, notamment dans le Nord-du-Québec et en Haute-Mauricie. Pour l’instant, on prévoit peu de précipitations à ces endroits. Le premier ministre a d’ailleurs encore appelé les citoyens à suivre les indications des autorités pour leur sécurité. « Je sais que c’est pas l’fun de laisser sa maison, mais quand on vous dit d’évacuer, c’est parce qu’il y a un risque réel », a-t-il soutenu.

La forêt à nouveau interdite d’accès

Vu les faibles précipitations attendues dans les prochains jours, l’interdiction d’accès en forêt et la fermeture des chemins forestiers ont été remises en vigueur lundi dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Mauricie, du Nord-du-Québec, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord.

« On vous suggère de ne pas jouer au chat et à la souris avec les barrages. C’est vraiment une question de sécurité. Ce n’est pas juste pour le fun qu’on a fait ça. On ne sait pas à quel endroit seront les points de contrôle », a martelé lundi la coordonnatrice des mesures d’urgence de la Ville de Senneterre, Marilyne Fournier, en rappelant que seuls les propriétaires de résidences principales pourront entrer dans la forêt.

À ses côtés, la mairesse de Senneterre, Nathalie Ann Pelchat, a indiqué que la qualité de l’air pourrait « changer rapidement » dans les prochains jours, le feu 245 du lac Martin étant actuellement à une vingtaine de kilomètres de la ville. « C’est pris en charge, il y a des équipes en train de faire une tranchée autour du lac. Pour l’instant, il n’y a pas d’inquiétudes à avoir. On n’en est pas là du tout », a-t-elle répondu à un citoyen qui lui demandait s’il fallait prévoir bientôt une nouvelle évacuation.

Comme la veille, Guy Lafrenière a prévenu « qu’il faut être prêts en cas de nouvelles évacuations ». « La route 113 est maintenant ouverte, mais on vous demande de ne pas circuler pour rien non plus. Si jamais le feu venait à coller plus la route, on vous avisera », a ensuite ajouté le maire. Il a rappelé qu’en plus de l’indemnisation de 1500 $ offerte par le gouvernement pour les évacués, la Ville « fait présentement des représentations au ministère de la Sécurité publique pour avoir une aide financière supplémentaire afin d’aider les citoyens de Lebel-sur-Quévillon qui ont été évacués 17 jours ».

Des Américains à Micoua

Quatre-vingts pompiers américains rejoindront par ailleurs dès lundi soir les renforts internationaux à la SOPFEU pour combattre les incendies de forêt. Ils seront envoyés dans le secteur de Micoua, au nord de Baie-Comeau, où quatre feux totalisant plus de 10 000 hectares font toujours rage.

L’arrivée de ces pompiers forestiers est prévue vers 17 h à l’aéroport de Québec. « Ils vont combattre un complexe de feux qu’on retrouve là-bas, donc les feux 283, 424, 375 et 270. On parle d’un feu de 3000 hectares maîtrisé, un feu de 9300 hectares contenu, un feu de 158 hectares maîtrisé et un autre de 1883 hectares contenu », explique le porte-parole de la SOPFEU, Stéphane Caron.

Ces nouveaux renforts s’ajoutent à la force de frappe déjà en place au nord du Québec, avec en premier lieu plus de 200 militaires des Forces armées canadiennes (FAC). On compte aussi plus de 50 pompiers et spécialistes du Nouveau-Brunswick à Normétal, quelque 100 pompiers forestiers français à Obedjiwan, ainsi que la centaine d’Américains et les 140 Portugais déjà en place à Lebel-sur-Quévillon. Une centaine de pompiers espagnols sont aussi toujours en activité à Chibougamau.

La SOPFEU, elle, compte sur un total d’environ 240 pompiers forestiers, en plus d’un nombre évolutif de « combattants auxiliaires sur appel ». Le nombre total d’effectifs de l’organisation varie donc actuellement entre 400 et 500 personnes au quotidien.

Avec La Presse Canadienne