Les journalistes n'ont rien à craindre de l'enquête à venir visant à déterminer comment les médias ont été informés de l'existence d'une taupe à la police de Montréal, selon le premier ministre Jean Charest.

Il est important que «la presse puisse jouer son rôle sans intervention, sans avoir de pression, sans se faire imposer d'agenda», a-t-il dit, vendredi, en conférence de presse, au terme d'un caucus de deux jours des députés libéraux réunis à Victoriaville.

L'enquête «ne vise pas les journalistes, cela vise des activités policières», a-t-il insisté, alors que les reporters présents multipliaient les questions en vue de savoir si des collègues allaient devoir dévoiler leurs sources.

À propos de possible écoute électronique des journalistes, M. Charest a dit qu'il y avait «des règles dans notre société sur l'écoute électronique».

«Je n'ai pas l'intention de me mêler des enquêtes», a-t-il ajouté, réaffirmant le caractère apolitique de la demande d'enquête, comme l'avait fait la veille le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil.

Ce dernier s'était défendu d'avoir fait preuve d'ingérence politique en demandant à la Sûreté du Québec (SQ) de trouver l'origine de fuites qui ont permis aux journalistes d'être informés de l'affaire Ian Davidson.

Il avait fait valoir qu'il avait agi à la demande du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et qu'il s'agissait là d'un geste exceptionnel.

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a exprimé la crainte que l'enquête policière devienne «le prétexte à une partie de pêche dans les sources journalistiques».

Elle a réclamé des assurances que les journalistes ayant enquêté sur l'affaire Davidson ne seraient pas mis sous écoute ou ciblés par la SQ.

Ian Davidson, qui s'est suicidé le mois dernier, était un ex-policier soupçonné d'avoir tenté de vendre à la mafia une liste contenant les noms d'informateurs du Service de police de la ville de Montréal (SPVM).