Nationaliser les banques et les sociétés pétrolières, dénoncer «l'hypocrisie du système capitaliste», les racines militantes sont bien vivantes au Nouveau Parti démocratique, comme en témoignent certaines résolutions proposées par ses membres. Mais le chef Thomas Mulcair garde le cap, lui qui a pris les rênes du parti en promettant de le rapprocher du centre.

Un an après avoir été élu chef du parti en promettant d'en faire un réel aspirant au pouvoir, le député d'Outremont poursuit son travail de modernisation.

«C'était pour nous une évidence, ayant atteint le statut d'opposition officielle, la prochaine étape était de communiquer avec le public qu'on est un gouvernement en attente et qu'on est aptes à prendre le pouvoir, explique M. Mulcair en entrevue. Donc, il fallait communiquer avec un plus vaste public.»

Signe des temps, les quelque 2000 délégués réunis au Palais des congrès de Montréal vont débattre de la possibilité de retirer le mot «socialiste» de la constitution du parti. Cette proposition avait été reléguée aux oubliettes lors du dernier congrès, en juin 2011.

Le NPD a longtemps été dépeint comme «la conscience du Parlement fédéral», un parti prêt à défendre ses principes au risque de se voir cantonné dans un perpétuel rôle d'opposition. Les proches de M. Mulcair voient dans le congrès de ce week-end un test de la «maturité» du NPD.

Les néo-démocrates cherchent à projeter l'image d'un parti rigoureux, prêt à se frotter aux dures réalités du pouvoir et préoccupé par l'économie.

«Il fallait s'y attendre parce que les origines politiques de M. Mulcair ne sont pas celles d'un social-démocrate, mais bien celles d'un libéral de gauche venant du Québec», observe le politologue Nelson Wiseman, professeur à l'Université de Toronto.

Depuis des mois, les conservateurs s'activent à dépeindre le NPD comme un repaire de «socialistes», proches des «séparatistes» québécois. Chaque jour, ils critiquent la proposition de Thomas Mulcair d'instaurer un système d'échange des droits de polluer, qu'ils dépeignent comme une «taxe sur le carbone».

Certaines résolutions proposées ce week-end pourraient donner des munitions à ceux qui accusent le NPD de vouloir imposer une «taxe sur tout». Certains militants proposent de taxer les transactions financières, d'autres proposent de hausser le salaire minimum à 17$ l'heure - il est à 9,90$ au Québec en ce moment.

L'entourage de M. Mulcair ne craint pas un affrontement avec l'aile socialiste du parti. Les propositions seront soumises à des comités et les plus excentriques ne seront sans doute pas débattues sur le parquet.

«Dans la même direction»

«J'ai l'impression que tout le monde pousse dans la même direction, convient le député montréalais Alexandre Boulerice. Oui, il y a des valeurs progressistes, il y a des idéaux qui nous animent, mais en même temps, on est tout à fait conscients que les Canadiens et les Québécois ne nous croiront pas si on leur fait croire qu'on a une baguette magique pour résoudre les problèmes.»

«Les questions de droite, de gauche et de centre, c'est surtout pour les commentateurs politiques, renchérit la députée de Gatineau, Françoise Boivin, une ancienne libérale. Quand on parle aux gens, dans le fond, qu'est-ce qu'ils veulent? Ils veulent que l'économie aille bien, mais qu'on ne soit pas sans-coeur par rapport aux plus démunis.»

Le NPD a connu une embellie dans les sondages dans les mois qui ont suivi l'accession au leadership de Thomas Mulcair, l'an dernier. Mais cette lune de miel semble en voie de s'estomper. Les plus récents sondages montrent une légère érosion du vote néo-démocrate, alors que l'arrivée pressentie de Justin Trudeau propulse les appuis du Parti libéral.