Le Canada ne deviendra pas «un fournisseur dépendant» du marché américain de l'énergie, a lancé Stephen Harper vendredi, à quelques jours de sa rencontre avec le président Barack Obama à la Maison-Blanche pour discuter de l'intégration économique des deux pays.

Le premier ministre a souligné les relations étroites qui unissent les deux pays. Mais il a aussi tenu à envoyer un message à saveur d'indépendance face à la demande énergétique américaine.

De passage à Burlington, en Ontario, il a indiqué que le Canada doit diversifier ses marchés d'exportation, quatre jours avant la rencontre bilatérale attendue depuis longtemps.

Le cabinet du premier ministre travaille d'arrache-pied depuis des mois pour tenter d'organiser une visite à la Maison-Blanche. M. Harper veut y dévoiler une entente sur la sécurité frontalière et l'établissement d'un «périmètre de sécurité» entre les deux pays.

Des sources indiquent que M. Harper souhaitait profiter d'une scène de prestige pour sceller cette entente en compagnie de M. Obama.

Dans l'intervalle, les relations canado-américaines se sont détériorées, notamment à cause de la décision de Washington de reporter sa décision quant à l'oléoduc Keystone XL jusqu'à l'année suivant la prochaine élection présidentielle, soit en 2013.

«Être un fournisseur dépendant des exportations énergétiques vers les États-Unis n'est pas dans l'intérêt de ce pays, a affirmé M. Harper. Particulièrement lorsque l'on voit les décisions qui se prennent au sud de la frontière.»

Le périmètre de sécurité, quant à lui, vise à protéger le continent nord-américain des attentats terroristes, tout en accélérant le passage des voyageurs et des marchandises à la frontière. MM. Harper et Obama s'étaient rencontrés en février dernier pour lancer le projet, dont les détails ont été finalisés à la fin de l'été.

Vendredi, Stephen Harper a affirmé que «beaucoup d'heures à plusieurs niveaux de gouvernement» avaient été investies pour concrétiser l'entente depuis le lancement du projet, il y a 10 mois.

«Nous sommes à la recherche de méthodes pour améliorer la sécurité en Amérique du Nord et en même temps s'assurer que nous conservons un accès facile au marché américain», a affirmé le premier ministre Harper. «Même avec tous les problèmes qui existent aux États-Unis, cet accès demeure essentiel pour notre bien-être et notre prospérité.»

M. Harper a aussi demandé au président américain d'appuyer un projet d'oléoduc entre l'Alberta et le Texas. L'administration Obama a annoncé le mois dernier qu'elle ne prendra aucune décision dans le dossier Keystone XL tant qu'elle n'aura pas complété l'étude de nouveaux tracés qui éviteraient des secteurs délicats du Midwest. Aucune décision n'est maintenant attendue avant 2013.

Stephen Harper a déjà affirmé qu'il comprenait que la décision était repoussée à cause de la «saison politique» aux États-Unis.