(Québec) La nomination de la femme d’affaires Christiane Germain à la tête de Santé Québec n’est pas partisane, s’est défendu le ministre de la Santé, Christian Dubé, même si elle est une caquiste de longue date.

« Je connais Mme Germain depuis 30 ans. Ça n’a rien à voir avec la Coalition avenir Québec (CAQ). On a nommé Diane Lamarre qui est une péquiste et une pharmacienne de haut calibre. La partisanerie n’a rien à voir dans les nominations », a-t-il dit en mêlée de presse jeudi matin à l’Assemblée nationale.

Le gouvernement a procédé mercredi à la nomination du C. A. de l’agence Santé Québec. En plus de Mme Germain, qui est cofondatrice et coprésidente de l’entreprise hôtelière qui porte son nom, et de Mme Lamarre, on y retrouve notamment l’ancienne commissaire et ex-présidente de la Commission spéciale sur les droits des enfants et de la protection de la jeunesse, Régine Laurent, le gériatre David Lussier et le médecin-conseil pour la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador, Stanley Vollant.

Le ministre Dubé assure que l’expérience de Mme Germain sera bénéfique pour le système de santé québécois.

« Lorsque je regarde le parcours de Mme Germain, d’avoir été capable de monter une entreprise qui est réputée pour sa façon de travailler avec les employés, de travailler avec les clients qui ont le goût de retourner, qui se sentent chez eux lorsqu’ils sont en voyage. On va demander à ces gens-là de faire le changement de culture, du respect de l’employé, du respect des patients », a-t-il expliqué.

« Un biais favorable au privé »

Québec solidaire (QS) trouve inquiétant qu’il n’y ait personne qui provient du milieu des services sociaux et craint « la marginalisation » de ce secteur.

« Ça fait plusieurs gestes du ministre qui alimentent cette inquiétude-là. Beaucoup de gens ont peur que tout le domaine des services sociaux soit complètement oublié à l’intérieur de Santé Québec », a dit le chef parlementaire solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en point de presse jeudi.

« On va laisser la chance au coureur. Mais qu’on ait trouvé de la place pour quelqu’un de l’hôtellerie, et qu’on n’ait pas trouvé de place pour quelqu’un des services sociaux, ça témoigne d’un manque de vision puis ça témoigne d’un biais favorable au privé », a-t-il ajouté.

Le Parti québécois (PQ) s’est questionné à savoir pourquoi il fallait nommer quelqu’un provenant du privé comme présidente. Le député péquiste Pascal Bérubé a tenu à souligner que le premier ministre, François Legault, connaît bien Christiane Germain sans s’avancer à dire s’il s’agissait d’une nomination partisane.

« Avec la CAQ, il faudrait tout le temps saluer les intentions au lieu des résultats. […] Ce matin, à Mont-Laurier, 280 % d’attente à l’urgence, Saint-Eustache, 168 %, hôpital de Verdun, 219 %, puis à l’Hôpital général juif, 177 % de taux d’occupation. Il n’y a personne qui est ému de voir l’agence de santé, le C. A. Ça ne change rien dans leur vie », a-t-il lancé.

Contrairement à QS et au PQ, le Parti libéral du Québec (PLQ) ne voit pas de problème avec une nomination du privé et croit que Mme Germain a toutes les compétences nécessaires. Le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, a toutefois tenu à rappeler que ce n’est pas elle qui va régler les problèmes dans le système de santé.

« Nous ce qui nous préoccupe, ce ne sont pas les “top guns” sur le C. A. Ce qui nous préoccupe, c’est qu’on attend trois heures de plus dans les urgences aujourd’hui, contrairement au gouvernement de Philippe Couillard en 2018. Il y a des gens qui meurent dans les urgences », a-t-il affirmé.