(Ottawa) Justin Trudeau « ne comprend pas tout à fait » ce qu’il perçoit comme un recul du NPD sur la tarification du carbone. Le chef conservateur Pierre Poilievre, de son côté, accuse le chef néo-démocrate Jagmeet Singh d’être un « leader faible qui cherche désespérément à fuir son propre bilan » – et il le met au défi de larguer les libéraux.

« J’ai un peu de sympathie pour le NPD [Nouveau Parti démocratique] qui se trouve dans une situation politique difficile, où il y a beaucoup de pression de retirer leur appui pour la lutte contre les changements climatiques », a laissé tomber le premier ministre en marge d’une annonce sur le logement dans la région de Toronto, vendredi.

Mais en même temps, « je ne comprends pas tout à fait la position du NPD », car « ce n’est pas un moment pour retirer l’ambition pour l’avenir pour la planète », a-t-il ajouté. Il reviendra cependant à Jagmeet Singh « d’expliquer pourquoi il recule sur l’urgence de la lutte contre les changements climatiques », a-t-il ajouté en anglais.

Les néo-démocrates ont laissé entendre ces derniers jours que la tarification du carbone n’était peut-être pas la solution idéale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ils ont également appuyé mercredi une motion mise de l’avant par le chef conservateur Pierre Poilievre. Ladite motion demande à Justin Trudeau de se réunir d’urgence avec ses homologues provinciaux et territoriaux pour en discuter.

Le NPD se défend… et attaque les libéraux

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du NPD Jagmeet Singh

Dans une déclaration transmise aux médias, vendredi, le chef du NPD assure que « les néo-démocrates n’ont pas changé leur position sur la tarification du carbone à la consommation ». Il y accuse les libéraux d’avoir adopté une « approche de division et de cynisme » en plus d’avoir « dressé certaines régions du pays contre d’autres ».

« Les libéraux ont proposé une dérogation à la tarification du carbone pour les régions où ils ont besoin de sauver leurs sièges », a encore chargé Jagmeet Singh. Celui dont le parti assure la survie du gouvernement Trudeau depuis plus de deux ans fait référence à l’exemption temporaire pour le chauffage résidentiel au mazout, qui profite surtout aux provinces de l’Atlantique, où les libéraux ont plusieurs sièges.

Les conservateurs se frottent les mains

Le Parti conservateur n’allait pas rater l’occasion de s’en prendre aux partenaires de danse des libéraux.

« Après que le NPD a voté 22 fois en faveur de la création et de l’augmentation de la taxe carbone, Jagmeet Singh tente désespérément de fuir son propre bilan, en affirmant que la politique environnementale “ne peut se faire en laissant les familles de travailleurs supporter le coût du changement climatique”», a reproché la formation par voie de communiqué.

« Il est clair que Jagmeet Singh est un leader faible qui cherche désespérément à fuir son propre bilan », et s’il « ne soutient plus la taxe carbone de Justin Trudeau, il devrait cesser de soutenir ce gouvernement libéral fatigué et se joindre aux conservateurs de gros bon sens pour demander une élection sur la taxe carbone », y ajoute-t-on.

À en croire les propos tenus par le premier ministre à Vaughan, en Ontario, la tarification sur le carbone – rebaptisée Remise canadienne sur le carbone – est là pour rester : « C’est ça, la voie que nous avons prise comme gouvernement et on va continuer de le faire malgré le rouspétage des conservateurs et des premiers ministres à travers le pays ».

Les difficultés néo-démocrates

Le NPD traverse une période difficile. Il y a quelques jours, trois députés ont annoncé qu’ils ne brigueraient pas un nouveau mandat. Les noms de Charlie Angus, Carol Hughes et Rachel Blaney se sont ajoutés à ceux de Randall Garrison, Richard Cannings et Daniel Blaikie, qui ne seront pas non plus sur les rangs.

Ce sont donc six députés sur un total de 24, soit le quart de la députation actuelle, qui ne se présenteront pas à nouveau sous la bannière orange. Dans quatre des six comtés qui seront délaissés, les néo-démocrates sont soit au coude-à-coude, soit derrière, les conservateurs, selon l’agrégateur de sondages 338Canada.

Les néo-démocrates perdent aussi des plumes à l’échelle nationale. Le plus récent sondage de la firme Abacus Data place leurs appuis à 17 %, en baisse de deux points de pourcentage. La domination des troupes de Pierre Poilievre se poursuit, avec 44 % d’intentions de vote, loin derrière les libéraux, qui héritent de 24 %.

Au Québec, c’est une lutte à trois entre les libéraux (30 %), les bloquistes (29 %), et les conservateurs (26 %) qui se profile à l’horizon. Le coup de sonde a été réalisé auprès d’un panel aléatoire de 2000 adultes entre les 3 et 9 avril. La marge d’erreur est de plus ou moins 2,1 %, 19 fois sur 20.