(Ottawa) Des dignitaires et des personnalités ont commencé à défiler solennellement, mardi à Ottawa, pour présenter leurs condoléances à la famille de Brian Mulroney, alors que la dépouille de l’ancien premier ministre est exposée en chapelle ardente tout près de la colline du Parlement.

Une garde d’honneur de policiers de la Gendarmerie royale du Canada, en tunique rouge, a transporté mardi matin le cercueil drapé de l’unifolié du 18e premier ministre canadien à l’intérieur de l’édifice Sir John A. Macdonald, en face de la colline du Parlement.

La veuve de M. Mulroney, Mila, et leurs enfants Caroline, Ben, Nick et Mark ont accueilli les condoléances pendant des heures, mardi.

Protocole oblige, c’est la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, et son époux qui sont venus d’abord rendre hommage au défunt et saluer ses proches.

Le premier ministre Justin Trudeau est ensuite entré seul, avant d’offrir ses condoléances aux membres de la famille Mulroney puis de se recueillir quelques instants devant le cercueil.

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Justin Trudeau

Les dignitaires signaient des registres de condoléances tandis que le portrait officiel de M. Mulroney, encadré par des fleurs, se dressait tout près. En milieu de matinée, des registres supplémentaires étaient déployés dans le hall et les stylos manquaient d’encre.

Brian Mulroney, qui a été premier ministre pendant neuf ans, entre 1984 et 1993, est décédé le 29 février dans un hôpital de Floride. Les hommages ont afflué du monde entier après l’annonce de sa mort.

Kim Ross, une résidente d’Ottawa, s’est rendue tôt sur la rue Wellington, mardi, pour obtenir une place dans la file d’attente afin de lui rendre hommage.

« Je pense que c’était un visionnaire à bien des égards », a déclaré Mme Ross, faisant référence aux efforts de M. Mulroney pour conclure un traité visant à contrôler la pollution par les pluies acides.

Plus d’une vingtaine de personnes avaient bravé le froid humide du mois de mars pendant près de deux heures avant d’être autorisées à entrer dans l’édifice Macdonald.

Peter MacArthur et Bob Peck, deux anciens diplomates, se sont joints à la courte file d’attente à midi. Ils ont souligné que M. Mulroney avait le don de trouver un consensus avec ses adversaires.

« Je pense que c’est quelque chose qui manque cruellement dans la vie publique canadienne d’aujourd’hui », a déclaré M. Peck, ajoutant qu’il se sentait ému de rendre hommage à un grand homme.

« Les politiciens des années 1980, en particulier Brian Mulroney, avaient une vision ambitieuse, a déclaré M. MacArthur. Ils voulaient réaliser des choses et ils avaient un programme. Aujourd’hui, il y a trop de divisions perturbatrices au lieu de vision. »

Cette « vision » de M. Mulroney comprenait l’adoption controversée de la TPS, la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, la signature d’un accord de libre-échange avec les États-Unis et les efforts pour amener le Québec à signer la Constitution canadienne « avec honneur et enthousiasme ».

Ces dernières années, M. Mulroney avait assumé un rôle d’« homme d’État à la retraite » dans la vie publique canadienne, comme en témoignent les conversations visiblement chaleureuses que sa famille a eues mardi avec des politiciens actuels et anciens, de tout le spectre.

Funérailles d’État samedi

La cheffe du Parti vert, Elizabeth May, était visiblement émue lorsqu’elle a embrassé la famille Mulroney, mardi, et s’est arrêtée devant le cercueil. Elle avait prononcé un éloge funèbre très émotif aux Communes, lundi, dans le cadre d’une série d’hommages émouvants de tous les chefs de parti.

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Elizabeth May

Mila Mulroney et les enfants avaient pris place dans la tribune de la Chambre des communes pour entendre ces éloges funèbres – et quelques anecdotes amusantes – racontés par des politiciens de tous les partis.

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La famille Mulroney à la Chambre des communes, lundi.

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, et son épouse Anaida ont embrassé mardi l’épouse et les enfants de M. Mulroney, tout comme de nombreux membres du cabinet libéral.

Plus de 900 personnes avaient défilé dans la salle de bal mardi en fin d’après-midi.

Des policiers de la GRC, des militaires et des membres du Service de protection parlementaire se relaieront toutes les trente minutes pour assurer une garde d’honneur autour du cercueil.

Posé sur l’unifolié, sur le cercueil, un petit coussin arbore certains des honneurs et récompenses que M. Mulroney a collectionnés au fil de sa vie, notamment celui de Compagnon de l’Ordre du Canada et de Grand Officier de l’Ordre national du Québec.

Les Canadiens qui souhaitent rendre hommage à M. Mulroney à Ottawa pourront se recueillir encore mercredi, de 9 h à 13 h. Les visiteurs pourront signer aussi le livre de condoléances. Un contrôle de sécurité est requis pour les visiteurs et plusieurs rues du centre-ville près de la colline du Parlement sont fermées à la circulation.

La population pourra aussi rendre hommage à l’ex-premier ministre québécois jeudi et vendredi à Montréal, à la basilique de Saint-Patrick – M. Mulroney était très fier de ses racines irlandaises. La matinée de jeudi sera réservée aux dignitaires et aux membres de la famille élargie, puis les citoyens pourront venir se recueillir à la basilique de Saint-Patrick jeudi de midi à 18 h et vendredi de 10 h à 18 h.

Samedi matin, la dépouille de M. Mulroney sera transportée à la basilique Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal, pour les funérailles d’État à 11 h. Avant la cérémonie funéraire, un cortège funèbre partira de la basilique de Saint-Patrick accompagné d’une escorte à cheval de la GRC, d’une escorte et d’une garde d’honneur des Forces armées canadiennes et de la Musique de l’Aviation royale canadienne.

Pendant les funérailles d’État, des éloges funèbres doivent être prononcés par sa fille Caroline et par Justin Trudeau, Pierre Karl Péladeau, Wayne Gretzky, Jean Charest et James Baker, qui a été secrétaire d’État américain pour George Bush père.