La ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette, fait preuve d’un certain optimisme dans les négociations entre les deux gouvernements, même si le premier ministre Justin Trudeau a refusé, vendredi, de céder à Québec les pleins pouvoirs en immigration. En mêlée de presse, lundi, elle a noté plusieurs points où les discussions ont progressé. En voici quatre.

Les demandeurs d’asile

Ottawa montre une « petite ouverture » à l’idée de mieux répartir les demandeurs d’asile au pays.

« On a senti qu’il y avait une petite ouverture de ce côté-là », a déclaré la ministre, en marge d’un dîner organisé par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, où elle prononçait une conférence. « Pour nous, c’est très important qu’une action soit prise parce qu’il y a une pression démesurée qui est exercée sur le Québec, a-t-elle poursuivi. Les intervenants fédéraux nous disent parfois que l’Ontario ne veut pas en recevoir davantage. D’une part, il n’y a pas que l’Ontario et le Québec au Canada. Il y a d’autres territoires et provinces qui pourraient accueillir des demandeurs d’asile. J’ai notamment en tête les provinces maritimes. Ensemble, en 2023, elles ont reçu 380 demandeurs d’asile, pendant qu’on en recevait 65 000. »

Le milliard de dollars

Le fédéral a mis sur pied un comité pour étudier la réclamation du Québec qui s’élève à un milliard de dollars pour l’accueil des demandeurs d’asile depuis 2021.

« On sent qu’il y a une volonté d’aller de l’avant », a affirmé Mme Fréchette, avant d’ajouter sur une note moins positive : « J’entends au fédéral qu’on n’a pas cet argent-là à notre disposition. Eh bien, figurez-vous que le Québec ne l’a pas non plus, cette possibilité-là. Le fédéral semble dire, nous, on va décider si oui ou non on veut compenser le Québec. Or, nous, on n’a pas le luxe d’avoir ce choix de décider ou non de payer pour les services qui sont rendus aux demandeurs d’asile. »

Les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault, qui se sont rencontrés vendredi dernier, doivent refaire le point d’ici le 30 juin.

« Pour nous, ce qui est important, c’est de cumuler les gains, de telle sorte qu’au final on puisse avoir l’ensemble des pouvoirs liés à l’immigration », a souligné Mme Fréchette.

L’octroi des visas

Après le retour des visas pour une bonne partie des Mexicains qui désirent venir au Canada, Ottawa pourrait resserrer sa politique d’octroi des visas aux ressortissants d’autres pays, pour limiter le nombre de demandeurs d’asile.

« Il y a aussi des avancées pour imposer le resserrement des critères pour l’accès à des visas pour d’autres pays que le Mexique », a dit la ministre. Lesquels, par exemple ? « Ce n’est pas à nous de définir lesquels pourraient faire l’objet d’un resserrement puisque c’est le fédéral qui détient l’essentiel des informations concernant les visas. »

Les travailleurs étrangers temporaires

Le Québec pourrait approuver les travailleurs étrangers temporaires admis sur son territoire dans le cadre de programmes gérés par le fédéral.

Ottawa se montre aussi favorable à l’imposition de critères linguistiques pour des programmes d’immigration fédérale. Un comité de travail se penche sur ce dossier depuis le début de l’année, a fait savoir la ministre. « On va accélérer le rythme considérant que le premier ministre Trudeau a ouvert cette possibilité », a-t-elle précisé.