De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Bonne semaine pour Marc Tanguay

Après des mois et des mois à parler des déboires du Parti libéral, il faut bien reconnaître quand son chef intérimaire fait quelque chose de bien. Il a qualifié le gouvernement caquiste de « king des déficits », une flèche qui frappe là où ça fait mal. Mais s’il a passé une bonne semaine, ce n’est pas seulement à cause d’une expression bien envoyée. C’est surtout parce que les budgets caquistes à l’encre rouge ouvrent une fenêtre pour le PLQ. Le parti cherche désespérément une façon de se distinguer de ses adversaires. Le dossier des finances publiques lui en offre la possibilité. Reste à voir comment il l’exploitera sans rappeler ses compressions impopulaires sous le précédent gouvernement.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine pour Martine Biron

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron

On ne serait pas surpris d’apprendre qu’un commentateur donne son opinion tranchée sur un jugement de la Cour suprême sans avoir pris la peine de le lire. On se serait toutefois attendu à un peu plus de rigueur de la part de la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron. Si son entourage ou elle ont lu le jugement de la Cour suprême qui qualifie une victime d’agression sexuelle de « personne avec un vagin », ça ne paraît pas. Cette expression est utilisée une seule fois, dans un passage technique sur la pénétration subie lors d’un viol. Le mot « femme », lui, revient 67 fois. Mais Mme Biron a récupéré l’affaire pour laisser entendre que ce jugement constituerait une preuve additionnelle que les militants trans et non binaires invisibilisent les femmes. Ce débat mérite d’être mené avec des faits et de la rigueur.

Paul Journet, La Presse

La citation de la semaine

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre Justin Trudeau a rencontré son homologue François Legault à Montréal, vendredi.

Non, nous n’allons pas donner plus de pouvoirs en immigration.

Justin Trudeau a opposé une fin de non-recevoir à la demande de François Legault d’obtenir les pleins pouvoirs en matière d’immigration, ce que le premier ministre du Québec a qualifié de « malheureux », en réitérant son intention « d’examiner toutes les options » en vue d’une prochaine rencontre, d’ici le 30 juin prochain.

Le chiffre de la semaine

11 milliards

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard

François Legault le juge « raisonnable », ce trou de 11 milliards de dollars du budget 2024-2025 présenté par son ministre des Finances, Eric Girard. Tous ne sont pas du même avis, d’autant qu’en novembre dernier, le gouvernement caquiste prévoyait un déficit de 3 milliards, une fois soustraits les versements au Fonds des générations.

Le « king » de la clip

Le chef par intérim du Parti libéral, Marc Tanguay, a fait mouche mercredi en affublant François Legault d’un nouveau surnom, le « king des déficits ». La formule a été reprise par les médias, et si l’imitation est la plus sincère des flatteries, François Legault lui a fait un beau compliment en affirmant jeudi que les libéraux étaient « les kings des coupures, les kings de l’austérité ». L’expression n’était toutefois pas de M. Tanguay. Son collègue Frédéric Beauchemin a affirmé le premier en point de presse que « chaque fois que la CAQ se trompe, ça nous coûte cher. Ce sont les kings des déficits ». Mais tout ne tient pas à la formule, et la livraison de M. Beauchemin était pour ainsi dire sobre. M. Tanguay, qui n’aime pas faire patate, s’est emparé du slogan et a été couronné « king » de la clip.


Un budget en direct… à Unamen Shipu !

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Les ministres Kateri Champagne Jourdain, Ian Lafrenière et Pierre Fitzgibbon ont regardé l’allocution de leur collègue Eric Girard grâce à un téléviseur installé dans la salle à manger d’un petit hôtel à plus de 1000 kilomètres de Québec.


Une page d’histoire s’est écrite cette semaine au Québec. Pas un, pas deux, mais trois ministres du gouvernement Legault ont raté le dépôt du budget – une des journées politiques les plus importantes d’un gouvernement – parce qu’ils étaient coincés dans la communauté innue d’Unamen Shipu sur la Basse-Côte-Nord. L’avion des ministres Kateri Champagne Jourdain (Emploi), Ian Lafrenière (Premières Nations et Inuit) et Pierre Fitzgibbon (Économie, Innovation et Énergie) est resté cloué au sol deux jours en raison d’une forte tempête. Il y avait quelque chose de surréaliste dans le fait de voir un poids lourd de l’équipe économique du gouvernement regarder son collègue Eric Girard au Salon bleu… en direct sur un téléviseur installé dans la salle à manger d’un petit hôtel à plus de 1000 kilomètres de Québec ! Heureusement, le signal internet a résisté à la tempête !

Ceci n’est pas un poisson d’avril

PHOTO PAUL DALY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey

À l’approche de la hausse annuelle de la taxe sur le carbone, qui passera de 65 $ à 80 $ la tonne le 1er avril, un autre premier ministre provincial réclame une pause. Mais cette fois, l’appel vient de l’intérieur de la maison libérale. « Je vous demande respectueusement d’envisager de suspendre la mise en œuvre de l’augmentation de la taxe carbone », a écrit cette semaine le premier ministre Andrew Furey, de Terre-Neuve-et-Labrador, à Justin Trudeau. Ce dernier s’est enflammé lorsqu’on lui a demandé de justifier la mesure, en critiquant « les politiciens qui ont une vision à court terme » et en affirmant que son travail ne consistait pas « à être populaire » – une remarque tournée en dérision par ses adversaires dans un contexte où la cote de popularité du chef libéral ne cesse de glisser. À l’inverse, celle de son rival Pierre Poilievre se maintient… et celui-ci continue de surfer sur la vague anti-taxe carbone : au retour du Parlement, la semaine prochaine, il promet un autre marathon de votes à la Chambre des communes.

Quand bambin s’occupe de l’image de papa !

Le Parlement hybride donne parfois lieu à des évènements cocasses. On a bien vu cette semaine que le député conservateur de la Saskatchewan Garnett Genius jouit de l’appui de tout le monde à la maison pour s’occuper de son image. Pendant que M. Genius posait des questions d’une manière virtuelle à l’un des associés de GC Strategies, Darren Anthony, durant une réunion d’un comité parlementaire, jeudi, on a pu voir une petite main faire soudainement son apparition pour déplacer une plante verte pour qu’elle soit bien cadrée dans l’écran. La petite main s’y est prise à deux fois pour mener à bien sa mission !