(Québec) Le Parti libéral du Québec n’a pas peur de vanter l’austérité ou la rigueur budgétaire qu’il a imposée à l’État québécois entre 2014 et 2018, qu’il compare avantageusement à un gouvernement caquiste jugé dépensier, dont le dernier budget prévoit un rehaussement de la dette publique de plusieurs dizaines de milliards avec ses déficits.

« La CAQ a dépensé comme des marins en cavale. Et on n’a même pas les services aujourd’hui. Tout est pire », a déploré le chef libéral par intérim Marc Tanguay.

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Il affirme que le premier ministre François Legault est le « King de la dette et des déficits », en faisant un clin d’œil à la subvention controversée à des équipes de la Ligue nationale de hockey pour jouer des matchs préparatoires à Québec.

Il y avait une rigueur, qui a été mise de l’avant, en 2014-2018, et les services étaient mieux donnés, plus efficaces en 2018 qu’ils ne le sont aujourd’hui, alors que le gouvernement a augmenté les dépenses de 36 %, ce qui est nettement plus élevé que la moyenne canadienne durant cette période-là, qui est de 27 %.

Marc Tanguay, chef par intérim du Parti libéral

Et malgré un déficit appréhendé qui est passé de 4 milliards à 11 milliards, a déploré M. Tanguay, la CAQ a oublié les PME et n’incite pas les entreprises à être plus productives. Or c’est de cette façon que le Québec pourra « travailler la colonne des revenus pour payer les services publics ». Autre oubli majeur du budget Girard : « il n’y a aucun plan pour stimuler la construction de logement au Québec ».

Et M. Tanguay ne croit pas l’argument de François Legault, qui « tente de mettre ça sur le dos des conventions collectives ». « Il savait très bien qu’il y avait de l’inflation, et il connaissait les demandes des syndicats », a-t-il dit.

Le Parti libéral dénonce également la fin de la subvention pour l’achat de véhicule électrique. Il craint que cela vienne freiner l’effort du Québec, qui veut avoir 2 millions de véhicules électriques sur les routes en 2030. « Ça ne tient pas la route, ça ne connecte pas », a déploré M. Tanguay.

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C’est aussi une critique qui est faite par le Parti québécois. Le chef Paul St-Pierre Plamondon affirme avoir lui-même acheté une voiture électrique en raison de la subvention, qui fonctionnait bien. En la coupant, le gouvernement Legault vient donner une deuxième chance à l’industrie du moteur à combustion, croit M. St-Pierre Plamondon. « On va arriver en 2035 et on va se rendre compte qu’on n’a pas fait la transition », a-t-il déploré.

Le chef péquiste critique la volonté affichée du gouvernement Legault de vouloir « optimiser » les services publics en prévoyant des économies de plusieurs centaines de millions dans les prochaines années. « C’est un vœu, pas une méthode scientifique », a-t-il résumé.

Il rappelle qu’il s’agit de promesses que la CAQ faisait en 2018, mais a laissé tomber. M. St-Pierre Plamondon croit que pour se sortir des déficits dans les prochaines années, le Québec doit faire l’indépendance, car le gaspillage se trouve à Ottawa, qui perçoit « la moitié de nos impôts et ne s’occupe d’aucune mission fondamentale coûteuse comme la santé et l’éducation ».

Le logement et le transport collectif oubliés

Du côté de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois attaque le gouvernement sur deux points bien précis : le logement et le transport collectif. Dans le deuxième cas, le gouvernement n’a pas prévu de budget additionnel, et ne prévoit aucun nouveau projet de transport collectif, une décision « inacceptable », affirme-t-il. M. Nadeau-Dubois se dit d’accord avec la fin des subventions pour l’achat de véhicules électriques, mais l’argent, a-t-il plaidé, devrait aller au développement du transport collectif.

Quant au logement, il déplore que François Legault n’en fasse pas davantage alors qu’une crise du logement frappe durement le Québec, et « qu’un quatre et demi coûte maintenant 2000 $ par mois ».

Il pointe du doigt François Legault, qui a refusé plusieurs solutions proposées par Québec solidaire au fil des années (registre des loyers, bonification de la loi Françoise David pour protéger les aînés locataires) en affirmant que le problème se situait au niveau de l’offre et qu’il fallait construire davantage de logements.

Or selon les prévisions du ministère des Finances, les mises en chantier vont stagner bien en deçà de ce qu’il faudrait construire au cours des prochaines années.

« On s’attendait au milieu de la pire crise du logement en 40 ans, à ouvrir le budget et voir des mesures historiques pour stimuler la construction de logements, de maisons, au Québec. Quelle surprise, quelle déception totale. Il n’y a rien de neuf dans ce budget pour construire plus. C’est un oubli impardonnable », a-t-il dénoncé.