(Québec) Malgré le lancement d’une enquête « systémique » de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) sur les délais d’attente à la DPJ, le ministre Lionel Carmant se félicite de les avoir réduits au cours des derniers mois.

« Comparativement à l’an dernier, nos chiffres sont meilleurs », a fait valoir le ministre délégué aux Services sociaux, en mêlée de presse.

M. Carmant a souligné que la liste d’attente à l’étape de l’évaluation et l’application des mesures a diminué depuis l’an dernier. « On est 700 usagers en attente de moins que l’an dernier […] On a atteint notre cible pour septembre 2023, qui était de 4000 jeunes en liste d’attente. Notre objectif pour 2024, c’est 3000 et je pense bien qu’on va l’atteindre », a résumé le ministre.

Or, selon la CDPDJ la situation s’est au contraire « aggravée ». La Commission a annoncé jeudi le déclenchement d’une enquête, de sa propre initiative, « en raison de problèmes récurrents et chroniques » sur l’impact des délais d’attente à l’évaluation et à l’application des mesures dans les dossiers d’enfants dont la situation est prise en charge par la DPJ dans l’ensemble du Québec.

« Cette enquête s’avère nécessaire en raison des nombreux problèmes constatés par la Commission des droits lors de ses enquêtes individuelles et des enjeux soulevés par des juges dans le cadre des ordonnances en lésion de droits », a déclaré la vice-présidente de la Commission responsable du mandat jeunesse, Suzanne Arpin dans un communiqué.

« Nous avons documenté la question des délais d’attente pour les enfants dont la DPJ a retenu le signalement et nous constatons que la situation semble s’être aggravée. Notre enquête sur l’ensemble du Québec nous permettra de recommander des solutions systémiques pour le bien-être des enfants parmi les plus vulnérables », a-t-elle ajouté.

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) a dit accueillir « d’un œil très favorable » l’enquête de la CDPDJ.

Les propos du ministre ont cependant fait sourciller le syndicat.

« Il est pour le moins étonnant d’apprendre que le ministre Carmant “se félicite” de l’atteinte de ses résultats alors que nos membres travaillant en Centres jeunesse et à la DPJ sont à même de voir en première ligne les effets catastrophiques des listes d’attente pour que les enfants québécois aient accès à des services dans des délais décents », a indiqué le président, Robert Comeau.

Pour sa part, le ministre dit « ouvert » à l’enquête de la CDPDJ. « Il faut continuer de s’améliorer, je n’ai pas de lunettes roses, on est des changements, il faut continuer de s’améliorer », a-t-il dit.

Sur le tableau de bord du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le temps moyen d’attente pour obtenir une évaluation a diminué depuis septembre, passant de 50,39 jours à 35,84 jours. Le résultat encore bien loin de la cible gouvernementale fixée à 21,40 jours. Les données sur l’attente à l’étape de l’évaluation et à l’application des mesures ne sont pas publiées sur le site.

La Commission invite toute personne qui croit que les droits d’un enfant dont la situation est prise en charge par la DPJ sont lésés à entrer en communication avec elle.

Le déroulement de l’enquête n’est pas public, mais lorsqu’elle sera terminée, la Commission pourra rendre publiques les recommandations systémiques de l’enquête.

Avec La Presse Canadienne