Québec solidaire Émilise Lessard-Therrien élue co-porte-parole

(Gatineau) Québec solidaire a choisi une co-porte-parole qui provient des régions. L’ex-députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue Émilise Lessard-Therrien a gagné son pari et succède à Manon Massé. Gabriel Nadeau-Dubois, lui, a reçu l’appui de 90,1 % des délégués.

« On vient d’élire la première co-porte-parole de Québec solidaire de la ruralité. C’est plus clair que jamais, Québec solidaire, c’est le parti du Québec au grand complet », a lancé M^me Lessard-Therrien dimanche dans son discours de victoire.

Dans la salle, des militants jubilaient, d’autres pleuraient, car la lutte a été serrée. M^me Lessard-Therrien a remporté cette première vraie course dans l’histoire de Québec solidaire en obtenant, au deuxième tour, 50,3 % des voix, devant la députée de Mercier, Ruba Ghazal. La députée de Sherbrooke, Christine Labrie, a été éliminée au premier tour. Quelque 600 délégués étaient réunis à Gatineau en congrès pour faire ce choix.

Durant cette campagne de sept mois, l’agricultrice du Témiscamingue a fait valoir que son élection en tant que porte-parole féminine du parti de gauche permettrait d’éviter les ratés de la campagne de 2022, qui ont rebuté les citoyens ruraux.

Elle avait dimanche un message pour eux. « Nous allons désormais incarner encore plus fort les aspirations de la ruralité et des régions. […] Vous avez maintenant une grande alliée qui vous comprend, qui va porter votre parole et qui va vous défendre », a-t-elle lancé.

Une défaite, puis une victoire

M^me Lessard-Therrien a réussi à surmonter son principal problème : sa défaite électorale en 2022, qui a été très difficile à traverser.

« Ça a été le moment le plus difficile de toute ma vie. Une déconfiture hallucinante. C’était atroce, physiquement douloureux », avait-elle confié à La Presse. Aujourd’hui, elle affirme que cette épreuve l’a endurcie.

Elle a fait valoir que son statut de non-élue serait un avantage. Elle aura le temps de parcourir le Québec, et n’est pas liée à l’aile parlementaire, un plus pour les militants qui estiment que QS s’est centralisé avec le temps. C’est la première à occuper cette fonction sans être députée depuis Andrés Fontecilla en 2017.

Colonne vertébrale

Dans cette course, la femme de 31 ans n’avait qu’un seul appui au caucus, le député de Rosemont, Vincent Marissal, qui avait été impressionné par son combat pour la qualité de l’air à Rouyn-Noranda et ses critiques contre la Fonderie Horne, le plus gros employeur de sa circonscription.

Mais Gabriel Nadeau-Dubois s’attend à ce que le parti serre les coudes et se rallie derrière elle. Il a salué les qualités de Ruba Ghazal, cette « enfant de la loi 101 qui marche fièrement dans les pas de Gérald Godin à l’Assemblée nationale », et de Christine Labrie, un « fier produit du modèle québécois » qui se bat pour la justice sociale. Il veut maintenant « regarder vers l’avant » avec M^me Lessard-Therrien.

Le chef parlementaire du parti estime qu’avec un appui de 90,1 %, il a obtenu un « mandat fort ». « L’avenir est déjà en marche cet automne. De Gatineau à Sept-Îles, jamais on n’a vu, dans l’histoire du Québec, autant de travailleuses et de travailleurs sur des lignes de piquetage. Jamais dans l’histoire du Québec », a-t-il lancé.

Soutenir les travailleurs

M. Nadeau-Dubois a souligné la solidarité du peuple québécois, qui n’est pas en colère contre les grévistes, mais contre le gouvernement Legault.

« On la connaît par cœur, la chanson. Il n’y a pas d’argent pour les infirmières, disait le PQ de Lucien Bouchard. Et les infirmières sont parties. Il n’y a pas d’argent pour les profs, disait le Parti libéral de Philippe Couillard. Et les profs sont partis. Et maintenant qu’il n’y a plus personne dans nos services publics, on nous dit encore qu’il n’y a pas d’argent », a-t-il dénoncé.

Il y a pourtant de l’argent « pour les millions du hockey californien », des « milliards pour les batteries suédoises », et « 30 000 $ de plus par année pour les députés ». « Après, François Legault ose nous parler de capacité de payer. Ce n’est pas d’argent qui manque au gouvernement du Québec, c’est du jugement », a-t-il lancé.