(Gatineau) La plus grosse délégation de Québec solidaire depuis sa fondation il y a 18 ans se réunit à Gatineau en fin de semaine pour désigner celle qui succédera à Manon Massé comme co-porte-parole. Alors que le parti stagne dans les sondages, ce choix risque d’être déterminant pour l’avenir.

Ce qu’il faut savoir

Les délégués choisiront dimanche qui de Christine Labrie, Ruba Ghazal ou Émilise Lessard-Therrien succédera à Manon Massé comme co-porte-parole de Québec solidaire.

Près de 600 délégués sont réunis à Gatineau, le plus gros congrès depuis la fondation du parti.

Ce choix sera déterminant pour la stratégie que compte adopter le parti pour briser son plafonnement dans les intentions de vote.

Le parti débattra également d’une résolution pour ne permettre temporairement « qu’aux femmes et aux personnes non binaires » de se présenter à une assemblée d’investiture le temps que le caucus retrouve un équilibre hommes-femmes.

« C’était ça, le débat de la course. Qu’est-ce qu’on doit faire pour continuer à croître, pour prendre le pouvoir et faire des changements ? Après ça, laquelle des trois versions les membres vont choisir de prioriser, c’est ce qu’on saura dimanche », a lancé le leader parlementaire du parti, Alexandre Leduc, en point de presse vendredi en fin de journée.

Et ce congrès se déroule alors qu’un sondage récent montre que la Coaliton avenir Québec est en chute libre dans les intentions de vote, mais que Québec solidaire continue de faire du surplace et que seul le Parti québécois, maintenant premier, en profite.

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Cette réalité ne plombe absolument pas le moral des militants, selon M. Leduc. « Je ne sens pas une déprime. Ça pose des questions. […] On continue toujours de se remettre en question. Mais je ne sens pas de déprime ici », a-t-il affirmé.

Course serrée

Les députées Ruba Ghazal, Christine Labrie et l’ex-députée Émilise Lessard-Therrien auront une dernière chance de faire valoir leur argumentaire ce samedi matin lors d’un débat, puis les délégués voteront dimanche. Et ce vote sera serré, selon les trois candidates.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Les candidates au poste de co-porte-parole féminine de Québec solidaire, Christine Labrie, Émilise Lessard-Therrien et Ruba Ghazal, lors d’un débat à Trois-Rivières, le 29 octobre dernier

« C’est vraiment une course à trois. C’est difficile à la fin de savoir c’est quoi le résultat », a affirmé Ruba Ghazal. En mêlée de presse, la députée de Mercier a rappelé qu’elle proposait de parler davantage de langue, de culture et de souveraineté pour « contrer le discours nationaliste de la CAQ » et sa « fierté factice ». Elle s’en prend aussi au « discours identitaire de droite refermé sur lui-même, qui dit que l’immigration menace le français », qui est tenu par « le PQ et la CAQ », et veut attirer le vote des personnes issues de l’immigration.

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La députée de Sherbrooke Christine Labrie fait valoir de son côté que Québec solidaire doit montrer qu’il est prêt à gouverner. Elle a dit durant la course qu’il fallait que le parti perde son image de « pelleteux de nuages ».

Le Parti québécois a déjà gouverné dans le passé. Ça peut représenter une valeur refuge plus facile pour les électeurs qui sont déçus de la CAQ. On a cette démonstration-là à faire chez Québec solidaire qu’on est prêt à gouverner. C’est notamment ce que j’ai mis de l’avant dans la campagne.

Christine Labrie, candidate au poste de co-porte-parole féminine de Québec solidaire

De son côté, l’ex-députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue Émilise Lessard-Therrien mise sur les régions. « Notre principal défi, c’est la question du plafonnement. Il va falloir aller chercher de nouveaux territoires. QS est très fort dans les grands centres, dans les villes, il y a une perspective de croissance importante dans la ruralité, dans les régions du Québec. Notre défi, c’est de faire en sorte que l’ensemble du Québec se reconnaisse dans notre projet politique à Québec solidaire », a-t-elle affirmé.

Vote de confiance

Gabriel Nadeau-Dubois devra également être réélu à son poste de co-porte-parole. Il n’a pas d’opposants, mais les délégués pourront voter pour « la chaise », ce qui constitue en quelque sorte un vote de confiance. À sa dernière élection, il avait obtenu 94 % d’appui. Mais cette fois-ci, l’ex-députée Catherine Dorion a jeté un pavé dans la mare en publiant un livre où elle écorchait son leadership. Il a toutefois l’appui des membres du caucus.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

Québec solidaire discutera également de propositions politiques visant à contenir le coût de la vie, notamment l’idée de plafonner les profits des chaînes de supermarchés, puisque le prix des aliments a augmenté de 18 % en deux ans, et celle de fournir les repas à l’école pour tous les élèves du primaire et du secondaire.

Les militants se prononceront également sur une résolution qui donnerait le pouvoir au congrès du parti de ne permettre « qu’aux femmes et aux personnes non binaires » de déposer leur candidature aux investitures lors des prochaines élections partielles « dans l’objectif d’augmenter la diversité et d’atteindre la parité au sein du caucus ». Cette interdiction pour les hommes d’être candidats serait « temporaire, jusqu’à la révision des statuts », si la résolution est adoptée.

Cette résolution fait suite au ratage de l’investiture dans la circonscription de Jean-Talon à Québec. Le parti, qui souhaitait tendre vers la parité chez les élus, avait appuyé Christine Gilbert, mais les membres de la circonscription ont plutôt choisi Olivier Bolduc. C’est finalement le Parti québécois qui a ravi la circonscription à la CAQ, reléguant Québec solidaire loin derrière.