(Gatineau) Déçu par les résultats électoraux de 2022 et les critiques internes sur son leadership, Gabriel Nadeau-Dubois a songé à ne pas solliciter un nouveau mandat de co-porte-parole de Québec solidaire. Il croit toutefois que la « fenêtre politique » qui permettrait à son parti de croître n’est pas fermée, et il reste donc en poste.

« Comme vous, après les résultats de 2022, j’ai été déçu. J’ai été triste, et je pense que je ne vous l’ai pas assez dit. J’ai voulu être fort, résilient », a lancé M. Nadeau-Dubois samedi dans son discours où il sollicitait le vote des délégués pour être réélu comme co-porte-parole de QS.

« Le chemin est long avant d’atteindre notre but. En 2022, on l’a vu s’allonger. Ça aussi, forcément, ça nous fait nous poser des questions », a-t-il ajouté.

Je me suis sérieusement demandé : est-ce la bonne chose pour mon parti, pour la gauche indépendantiste québécoise que je reste en poste ?

Gabriel Nadeau-Dubois

M. Nadeau-Dubois a également fait référence aux critiques dont il a fait l’objet, notamment avec la sortie du livre de Catherine Dorion. « Il y a aussi des critiques qui viennent de l’intérieur, et ce sont elles qui pénètrent », a ajouté le député.

Longue marche

Il a toutefois souligné que s’il avait décidé de se joindre à Québec solidaire, puis d’en devenir co-porte-parole, c’est parce qu’il croyait pouvoir aider son parti à saisir « une occasion pour qu’on profite ensemble d’une fenêtre politique ouverte pour nous ». « Si je suis devant vous aujourd’hui, c’est parce que je suis habité d’une certitude. Cette fenêtre-là ne s’est pas refermée », a-t-il lancé.

Manon Massé, qui termine son mandat comme co-porte-parole féminine du parti, a salué cette déclaration.

Ce que le monde ont besoin de voir et de savoir, c’est que leurs politiciens ont un cœur et qu’ils sont capables d’être vulnérables. Quand tu es vulnérable, tu n’es pas faible, tu es authentique.

Manon Massé

« Je l’ai connu, le Gabriel – parce qu’il était jeune – qui voulait montrer qu’il est capable et qu’il est fort. […] J’ai vu son cheminement. C’est le type de leadership dont le Québec a besoin », a dit Mme Massé.

La co-porte-parole sortante croit que le Québec va moins bien en 2023 que lorsqu’elle a été élue pour la première fois comme députée en 2014. « Quand tu n’es plus capable de payer ton loyer et que tu te retrouves dans la rue, c’est sûr qu’il y a une crise de santé mentale qui est là. Quand tu n’es plus capable de travailler 40 heures par semaine et de subvenir aux besoins de ta famille, c’est sûr que c’est tough sur la santé mentale. Ça va beaucoup plus mal que lorsque je suis arrivée en 2014. Et il y a des décisions politiques de la CAQ qui ont à voir là-dedans », a-t-elle dénoncé.

Et face à cette « urgence économique », les militants ont proposé un « remède de cheval » sous la forme de quatre propositions adoptées samedi en congrès :

  • un programme d’alimentation scolaire dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec ;
  • le plafonnement des marges de profit des grandes chaînes d’alimentation pour réduire le prix de la nourriture ;
  • la détaxation des produits d’occasion et des services de réparation, y compris la réparation des automobiles ;
  • l’augmentation du salaire minimum à 20 $ l’heure – « c’est une question de valeur : tu travailles à temps plein au Québec, tu devrais être capable de remplir ton panier d’épicerie et de vivre dans la dignité », a dit M. Nadeau-Dubois.

Le congrès de Québec solidaire, qui réunit près de 700 délégués, est la plus importante rencontre du parti depuis sa fondation il y a 18 ans. Ce rassemblement politique culminera ce dimanche avec l’élection de la nouvelle co-porte-parole. Les militants doivent choisir entre Émilise Lessard-Therrien, Ruba Ghazal et Christine Labrie.

Les candidates au poste de porte-parole féminine de QS
  • Ruba Ghazal

    PHOTO SPENCER COLBY, LA PRESSE CANADIENNE

    Ruba Ghazal

  • Christine Labrie

    PHOTO SPENCER COLBY, LA PRESSE CANADIENNE

    Christine Labrie

  • Émilise Lessard-Therrien

    PHOTO SPENCER COLBY, LA PRESSE CANADIENNE

    Émilise Lessard-Therrien

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QS interdit temporairement aux hommes de se présenter

Québec solidaire interdira temporairement aux hommes de se présenter comme candidats lors des futures élections partielles, jusqu’à ce que le parti mette en place un « mécanisme formel et permanent favorisant l’atteinte de la parité au sein du caucus ».

La résolution, qui stipule que seules « les femmes et les personnes non binaires » pourront être candidates, a été adoptée par une écrasante majorité des près de 700 délégués.

Au micro, les militants sont allés défendre cette proposition, qui s’inscrit dans le contexte où 8 des 12 députés de Québec solidaire sont des hommes, une « honte », selon le délégué Simon Piotte, de la circonscription de Maskinongé.

Ce déséquilibre s’est accentué avec l’élection de Guillaume Cliche-Rivard lors de l’élection partielle de Saint-Henri–Sainte-Anne.

Puis, lors de l’élection partielle de Jean-Talon, l’exécutif du parti avait appuyé la candidature de Christine Gilbert, mais les membres de la circonscription ont plutôt choisi Olivier Bolduc.

Pour la militante Julie Dionne, c’est la démonstration que les moyens non contraignants ne fonctionnent pas. « Ça ne marche pas, il faut passer à l’étape suivante », a-t-elle fait savoir par écrit.

« Les barrières à l’investiture de femmes ou de personnes non binaires […] sont puissantes. […] Notre parti est un parti féministe, il en va de son ADN d’assurer une représentation équitable de toutes et tous à l’Assemblée nationale », a-t-elle affirmé.

« On ne détruira pas le patriarcat à coups de suggestions », a lancé avec une pointe d’humour Maïka Sondarjee, de Hull.