(Lévis) Cible de critiques internes, le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a promis à ses militants de « faire beaucoup mieux dans l’avenir ». Il a dû se contenter de l’appui de 77,48 % d’entre eux à l’issue d’un vote de confiance au congrès de sa formation, dimanche.

M. Duhaime avait baissé les attentes au cours des derniers jours, prédisant un résultat « correct », sans plus. Il disait ne pas s’attendre aux appuis massifs reçus par le caquiste François Legault (98,6 %) et le péquiste Paul St-Pierre Plamondon (98,5 %) plus tôt cette année. Son entourage s’attendait à un score se situant entre 75 % et 85 %.

« Vous avez soulevé de saines critiques sur l’organisation du parti et, comme chef, je m’engage à faire beaucoup mieux dans l’avenir », a lancé le chef conservateur dans son discours de clôture au congrès à Lévis. Il a eu droit à des applaudissements polis.

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Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, dimanche

En conférence de presse, Éric Duhaime a soutenu qu’il est « normal » que près du quart des membres aient retiré leur confiance à son égard, car « on sort d’une élection qui a été décevante pour plusieurs personnes ». Les conservateurs sont des « rebelles », et « on n’est pas le parti des dociles et des obéissants, on laisse ça à M. Legault », a-t-il ajouté.

Il y a un an, le Parti conservateur a récolté 12,9 % des votes, mais n’a fait élire aucun député. Des membres ont blâmé le chef et sa stratégie de campagne.

Samedi, avant le début du vote de confiance, Éric Duhaime rappelait à ses militants que le parti avait récolté seulement 1,5 % en 2018 et qu’il avait connu une forte croissance depuis son arrivée, en 2021.

Éric Duhaime avait mobilisé derrière lui les opposants aux mesures sanitaires au plus fort de la pandémie de COVID-19 en dénonçant la « dérive autoritaire » et « liberticide » du gouvernement. C’est un sujet qui a encore une fois été au centre de plusieurs des propositions adoptées au congrès. Le parti est passé de 500 à 60 000 membres l’an dernier, mais il en aurait perdu 40 000 depuis, selon d’anciens candidats.

Pour « faire beaucoup mieux », Éric Duhaime entend décentraliser la gestion du parti. Ce n’est pas un hasard : des critiques se sont fait entendre au sujet de son emprise sur la formation.

Élue dimanche, la nouvelle présidente du parti, l’ex-candidate Chantal Dauphinais, a d’ailleurs fait campagne en plaidant que le Parti conservateur ne devait pas être le parti d’un seul homme. Lors du congrès, le chef a suggéré de retirer les mots « Équipe Éric Duhaime » du nom officiel du parti, une proposition qui a été adoptée samedi.

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Chantal Dauphinais et Éric Duhaime, dimanche

Éric Duhaime dit prendre un « beau risque » en acceptant de donner une voix plus forte aux militants et de former de nouveaux comités régionaux – l’un des changements apportés à la structure du parti dimanche.

« C’est sûr que le contrepoids de décentraliser et d’avoir une base militante très active, ça fait des chocs d’idées, des frictions peut-être un peu plus importantes. Mais moi, je suis prêt à vivre avec ça », a-t-il répondu.

Dans son discours aux militants, il a d’ailleurs pris soin de lancer un appel à l’unité. « Il faut sortir d’ici 100 % les uns avec les autres parce que nos vrais adversaires ne sont pas dans la salle, ils sont avec la CAQ. Et on va continuer à se battre coude à coude, peu importe ce qui s’est passé durant le week-end », a-t-il affirmé.