(Washington) Des parlementaires canadiens et des manifestants convergent vers Washington pour ce qui est présenté comme une initiative internationale massive visant à contrer l’antisémitisme grandissant dans le monde et exiger la libération des otages israéliens à Gaza.

Les organisateurs espèrent que la « Marche pour Israël », mardi au « National Mall » de Washington rivalisera avec des manifestations similaires qui avaient attiré plus de 100 000 personnes en 1987 et 2002 dans la capitale américaine.

Des élus américains rencontreront aussi à Washington de nombreux homologues internationaux pour trois jours de rencontres organisées par le Conseil international des parlementaires juifs et le Congrès juif mondial.

Il s’agit de la première réunion en personne depuis huit ans pour le conseil, que le sénateur Jacky Rosen (démocrate du Nevada) a contribué à ressusciter en 2021 en réponse à une vague croissante d’autoritarisme et de sentiment antisémite dans le monde.

« Je n’ai jamais été confronté à un quelconque antisémitisme en grandissant, je ne me souviens d’aucun antisémitisme lorsque j’étais à l’université et je n’y ai jamais été confronté dans ma carrière professionnelle », a déclaré Anthony Housefather, député libéral fédéral de Montréal, présent à Washington pour les rencontres de cette semaine. « La première fois que j’y ai vraiment été confronté, c’était au cours des sept dernières années en tant que député élu au niveau fédéral. »

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Anthony Housefather

Un sommet d’incidents antisémites a été atteint en mai 2021, au plus fort de nouveaux affrontements entre Israël et les Palestiniens en Cisjordanie. Mais selon M. Housefather, ce n’était rien de comparable au vitriol qui émerge depuis un mois.

« Je peux dire que je suis bouleversé, consterné. Il n’y a presque pas de mots face à ce qui s’est passé cette fois-ci, a-t-il déclaré en entrevue lundi. Je n’aurais jamais pensé que ça puisse se produire au Canada et aux États-Unis. »

La délégation canadienne est également complétée par Ya’ara Saks, députée de Toronto et nouvelle ministre libérale de la Santé mentale, ainsi que par le sénateur Marc Gold, représentant du gouvernement à la chambre haute.

Dimanche, en France, plus de 180 000 personnes à travers le pays, dont 100 000 à Paris, ont défilé pacifiquement dans les rues pour manifester contre la montée de l’antisémitisme.

Des autobus d’élèves canadiens

De récents incidents violents survenus à Montréal – des attaques contre des synagogues et des écoles juives, ainsi qu’une manifestation à l’Université Concordia qui a dégénéré la semaine dernière – ont été difficiles, a déclaré M. Housefather, dont la circonscription abrite l’une des plus importantes communautés juives au Canada.

« Les étudiants sur le campus ont peur d’aller à l’école, a-t-il déclaré à propos de Concordia. C’est quelque chose que je n’ai jamais vu auparavant, et je pense que c’est probablement la période émotionnelle la plus difficile que j’ai jamais vécue en tant qu’élu. »

Un certain nombre de manifestants canadiens sont également sur le point de participer au rassemblement à Washington, où les organisateurs, la police et les responsables de la sécurité s’attendent à des foules qui pourraient dépasser 100 000 personnes sur le « Mall » de la capitale.

Sam Mogil, âgé de 16 ans, fréquente une école secondaire juive de Toronto. Selon lui, son école n’est qu’un des nombreux établissements similaires qui ont annulé les cours mardi et envoient des autobus remplis d’élèves aux États-Unis pour participer à la manifestation de Washington.

« Le judaïsme traverse les frontières. Nous avons la force du nombre […] et nous voulons travailler ensemble, a déclaré l’adolescent lors d’un bref entretien téléphonique. Nous allons être témoins de l’histoire, mais nous allons aussi changer l’histoire. Nous voulons que les gens agissent, qu’ils agissent après avoir vu combien cela a causé de la douleur à notre communauté. »