(Québec) Québec lance un appel au calme et dénonce fermement la montée de l’antisémitisme au Québec, alors que des coups de feu ont été tirés dans la nuit de mercredi à jeudi sur deux écoles juives de Montréal. « C’est une forme de terrorisme », dénonce le ministre de l’Éducation Bernard Drainville. Le premier ministre François Legault demande aux forces policières de ne tolérer aucune attaque haineuse.

Dans le cadre d’un point de presse commun jeudi à Longueuil, les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau ont vigoureusement dénoncé la montée de la violence envers la communauté juive au Québec, dans un contexte de tensions grandissantes en lien avec le conflit entre Israël et le Hamas.

« Je veux dire un mot sur ces actes terribles, horribles ce matin : des coups de feu en direction d’écoles juives au Québec. Et ce qui s’est passé à Concordia. C’est totalement inacceptable. Je fais appel aux forces policières. On ne veut pas d’attaques haineuses au Québec, et on ne les tolérera pas. Je fais un appel au calme à tous les Québécois », a affirmé M. Legault. « Les agresseurs doivent être sanctionnés », a-t-il plus tard écrit sur les réseaux sociaux.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE, ARCHIVES LA PRESSE

Justin Trudeau et François Legault

« C’est avec horreur que j’ai appris que des coups de feu ont été tirés en direction d’écoles juives. Nous condamnons les violences antisémites. Des personnes sont en deuil, mais s’attaquer entre Canadiens, ce n’est pas ce qu’on fait », a renchéri M. Trudeau.

À Québec, à la sortie de la période des questions, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, et le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, ont fait une mêlée de presse pour exprimer leurs inquiétudes et la solidarité du gouvernement envers la communauté juive québécoise.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Bernard Drainville

« C’est une forme de terrorisme quand tu commences à tirer sur des écoles. On ne veut pas céder à ça, mais en même temps, il faut s’assurer que nos écoles sont sécuritaires. La direction des écoles et la communauté ont décidé de les maintenir ouvertes parce qu’elles les jugent sécuritaires après avoir augmenté les mesures de sécurité », a-t-il dit.

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a pour sa part assuré que les enfants pouvaient se rendre à leur école en toute sécurité.

« Des coups de feu, c’est grave. C’est inquiétant, ça m’inquiète. Maintenant, mon rôle est de m’assurer que la police prend la situation au sérieux. Ils le font. Tout le monde prend la situation au sérieux », a-t-il dit.

Assurer la sécurité dans les universités

Par ailleurs, le gouvernement Legault lance un appel au calme après l’échauffourée survenue à l’Université Concordia, qui a fait trois blessés mercredi, dans le contexte d’un climat tendu de la guerre entre le Hamas et Israël.

« La situation est très, très préoccupante. Même troublante, je vous dirais », a fait valoir jeudi la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. « Les extraits vidéo m’ont été partagés [mercredi]. J’ai même communiqué avec le recteur de Concordia Graham Carr qui, évidemment, a pris la situation très, très au sérieux. On a vu l’escalade de violence qu’il y a eu », a-t-elle ajouté.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Pascale Déry

Mme Déry et M. Bonnardel ont d’ailleurs envoyé une lettre aux chefs d’établissements d’enseignement universitaire et collégial pour solliciter leur « collaboration afin de maintenir le calme dans les établissements d’enseignement supérieur » dans la foulée du conflit « qui sévit actuellement au Moyen-Orient et dont les conséquences se font sentir autant au Québec qu’ailleurs dans le monde ».

« Ma collègue et moi avons demandé un certain appel au calme et de s’assurer aussi de bien sécuriser les endroits où ces gens veulent manifester. Donc, on s’attend à ce que les recteurs s’assurent la sécurité des étudiants », a expliqué de son côté le ministre Bonnardel. Ce dernier a ajouté que le Service de police de la Ville de Montréal suivait la situation de près.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

François Bonnardel

Mercredi, une querelle a éclaté entre étudiants à l’Université Concordia. Selon le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), des manifestants se sont opposés à un groupe d’étudiants juifs qui avaient disposé sur une table des affiches d’Israéliens pris en otage par le Hamas le 7 octobre. Des manifestants auraient utilisé un terme offensant pour désigner les juifs, selon le CIJA.

Le tout a eu lieu à un pavillon à l’angle du boulevard De Maisonneuve et de la rue Mackay. Sarah Shamy, une représentante du Palestinian Youth Movement rencontrée sur place par CBC, a affirmé qu’il s’agissait plutôt d’une table de collecte de fonds pour la Palestine qui a été assaillie par des manifestants pro-Israël, et que d’autres manifestants, propalestiniens, s’en sont par la suite mêlés.

Deux écoles de confession juive ont aussi été visées par des coups de feu la nuit dernière à Montréal, dans un contexte de tensions grandissantes en lien avec le conflit entre Israël et le Hamas.

Sécurité des étudiants

Le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, a paru particulièrement ébranlé jeudi à son arrivée au caucus de la CAQ. « Je suis un gradué de Concordia, ça me brise le cœur », a-t-il affirmé. « Ce que je voudrais dire aujourd’hui aux gens, là, c’est : calmons-nous. C’est possible au Québec d’avoir des dialogues constructifs et ouverts. Je dirais aussi que la violence se tolère zéro au Québec. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Christopher Skeete

S’il y a des gens qui veulent porter plainte parce qu’ils se sentent victimes, la police est là, le DPCP est là, puis on n’a pas à avoir peur au Québec.

Christopher Skeete, ministre responsable de la Lutte contre le racisme

La ministre Déry a affirmé que des étudiants ont peur de retourner sur les campus dans le contexte des tensions actuelles. « Il y a encore une forte mobilisation aujourd’hui dans différents campus et on va s’assurer évidemment que ça se fasse dans le calme, sans débordement. On ne tolérera pas toute forme d’intimidation, toute forme d’incitation à la haine, les débordements qu’on a vus hier, on n’aime pas du tout ça », a-t-elle dit.

Avec Mathieu Perreault, La Presse