(Ottawa) Le Bloc québécois réclame un fonds d’urgence de 50 millions pour venir en aide aux médias d’information et la tenue d’états généraux dans la foulée des compressions à TVA. Le gouvernement ne mesure pas pleinement la gravité de la situation, déplore le député Martin Champoux, pour qui la crise des médias met la culture québécoise en péril.

« C’est un appel à la prise de conscience, affirme-t-il en entrevue. L’heure est à ce point grave qu’on doit agir vraiment sans plus de délai. »

Il estime que le gouvernement doit donner « un peu d’air à respirer » aux médias en attendant que les lois C-11 et C-18 entrent en vigueur. Elles ont reçu la sanction royale, mais des règlements pour leur application sont toujours en cours d’élaboration.

« Ce sont des outils indispensables, ce sont des outils qui sont utiles et qui vont vraiment changer la donne pour rééquilibrer les forces dans le marché, mais ça ne peut pas être suffisant dans le modèle actuel », fait-il valoir.

C–11 a modifié la Loi sur la radiodiffusion pour y ajouter une obligation pour les plateformes numériques d’investir dans du contenu canadien et québécois. Les consultations pour moderniser la réglementation du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes commencent cette semaine.

C–18 sur les nouvelles en ligne force les géants du web à conclure des ententes de rémunération avec les médias d’information en échange de leur contenu. Depuis son adoption, Meta bloque les articles d’actualité sur ses plateformes pour se soustraire à la législation et Google menace de faire la même chose. La loi doit entrer en vigueur le 19 décembre.

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Martin Champoux croit toujours que C-18 sera utile. « J’ai encore espoir qu’il sortira quelque chose de positif des discussions que la ministre a avec Google présentement », dit-il.

La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a confirmé la semaine dernière que les discussions se poursuivent avec Google. Le géant du Web préférerait financer un fonds indépendant pour le journalisme au lieu de conclure des ententes à la pièce avec chaque média comme le préconise C-18.

Entre-temps, Martin Champoux propose que le gouvernement verse une somme de 50 millions dans un fonds d’urgence. Cette somme équivaudrait à trois mois des revenus estimés de 200 millions que les médias auraient tirés après l’application de C-18 sans le blocage de Meta.

Le Bloc québécois relance également une idée tirée de sa plateforme électorale de 2019, celle de tenir des états généraux sur l’avenir des médias. Cet exercice réunirait tous les acteurs touchés par la crise, les deux ordres de gouvernement et des experts pour tenter de trouver des solutions qui permettraient d’assurer la survie de l’ensemble des médias traditionnels.

Le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, s’était dit d’accord avec une aide d’urgence pour les médias lors d’une entrevue avec La Presse au lendemain des coupes à TVA. La ministre St-Onge ne s’était pas avancée. Le député conservateur Gérard Deltell avait pour sa part affirmé qu’une telle aide ne s’improvise pas.

L’information régionale souffre de la crise des médias. Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a annoncé jeudi le licenciement de 547 employés de TVA pour sauver le réseau de télévision. Les coupes touchent à la fois la production interne de ses émissions et les stations de nouvelles régionales.

Les six quotidiens régionaux des Coops de l’information s’apprêtent à abolir une centaine de postes, soit environ le tiers de leurs effectifs d’ici la fin du mois de décembre. Ils mettront fin à leurs éditions papier et seront désormais entièrement numériques.

La fin du Publisac au Québec aura également des répercussions négatives sur les hebdomadaires régionaux qui utilisaient ce mode de distribution.