(Québec) Lionel Carmant met en garde contre le « pas dans ma cour » devant le tollé provoqué par l’ouverture d’un site de consommation supervisée de drogue à proximité d’une école primaire. Le ministre a rappelé avec émotion que ces installations contribuent « à se sortir de la rue ».

« J’aimerais dire à tous les Québécois [de] faire attention au “pas dans ma cour”. Il faut y aller de façon très, très prudente quand on parle de ces choses-là, d’accord ? Il y a des gens qui ont des besoins. Nous, on est là pour aider ces gens-là, pas les faire disparaître », a déploré le ministre responsable des Services sociaux, mardi au Salon bleu. Ce dernier semblait ébranlé par les questions des libéraux.

Les députées Marwah Rizqy et Élisabeth Prass talonnaient le ministre sur l’ouverture prochaine d’un site de consommation supervisée de drogue, à proximité de l’école Victor-Rousselot, dans le sud-ouest de Montréal. L’affaire fait controverse dans le secteur. La Presse rapportait lundi que des parents d’enfants fréquentant l’établissement interpellent Québec pour tenter de faire annuler l’ouverture du centre.

« Les parents sont inquiets, mais aussi le conseil d’établissement, très inquiets parce qu’ils ne comprennent pas la chose suivante : comment se fait-il qu’au Québec, on ne peut pas vendre du pot à 250 mètres d’une école, mais on peut s’injecter de l’autre côté du trottoir d’une école primaire », a lancé Mme Rizqy.

Les libéraux demandent au gouvernement Legault « d’interdire l’implantation de tout site d’inhalation ou d’injection supervisée à moins de 250 m d’une école ou d’un centre de service de garde éducatif à l’enfance. »

« Il faut être responsable, il faut légiférer, comme vous l’avez fait pour le cannabis, pour ces sites d’injection, pour protéger nos jeunes également », a renchéri à son tour Mme Prass.

Cela a piqué au vif le ministre Carmant. « Je ne suis pas sûr de bien comprendre le lien avec la SQDC. Par exemple, si on parle d’un point de vente de substances, là on parle d’endroits où on va aider les gens à se sortir de la rue. À se sortir de la rue. Sérieux, je n’en reviens pas », a répété le ministre, émotif.

Écoutez, soyons calmes, allons de l’avant. Il faut aider ces gens-là.

Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux

Anglade en faveur, rappelle Carmant

L’ouverture du site de consommation supervisée de drogue est prévue dans trois semaines et se trouve dans la circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne, qui appartenait à l’ex-cheffe libérale Dominique Anglade.

« Le projet a été approuvé [avant] c’était la députée de Saint-Henri–Sainte-Anne, Mme Anglade qui était là à l’époque. Je ne comprends pas la question du Parti libéral. […] Ce que je veux c’est m’assurer que cette consommation-là se fasse de façon la plus supervisée possible et non pas dans la rue », a rétorqué M. Carmant à la sortie de la période de questions.

Il a rappelé que le gouvernement « travaillait » avec la Santé publique et l’organisme, la Maison Benoît Labre, pour « s’assurer que les choses soient faites correctement ».

avec Tommy Chouinard, La Presse