Des parents d’une école du sud-ouest de Montréal interpellent le gouvernement du Québec pour tenter de faire annuler l’ouverture d’un site de consommation supervisée de drogue, prévue dans trois semaines.

La construction de la Maison Benoit-Labre à proximité d’un parc et d’une école primaire fait l’objet d’un vif débat depuis l’été.

« On ne sent pas d’écoute de nos élus locaux, donc on veut porter notre message plus haut. On veut que le ministre [Lionel] Carmant voie qu’il n’y a aucune acceptabilité sociale », a affirmé Jean-François Gauvin, parent de deux enfants qui fréquentent l’école Victor-Rousselot.

Avec une poignée d’autres parents, M. Gauvin mène le mouvement d’opposition à l’ouverture de la Maison Benoit-Labre, juste à côté du marché Atwater. En plus d’un centre de consommation supervisée de drogues, l’installation inclura aussi des appartements supervisés pour des locataires très vulnérables, qui souffrent de graves problèmes de santé mentale.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Jean-François Gauvin, Chantal Gagnon et James Graham-Simpkins

M. Gauvin et Chantal Gagnon, un autre parent d’élèves, ont réclamé que le projet soit complètement abandonné.

« Juste annuler le volet drogue, ce n’est pas suffisant, a dit M. Gauvin. Il va y avoir une clientèle dangereuse qui va être ici. Ça n’a pas de bon sens d’avoir des enfants à côté de toxicomanes et de personnes avec des problèmes de santé mentale. »

Mme Gagnon a indiqué que son groupe comptait s’adresser aux tribunaux pour faire stopper le projet si les gouvernements ne le bloquent pas.

La Maison Benoit-Labre a refusé d’accorder une entrevue à La Presse.

« Nous comprenons parfaitement les craintes des résidants et des parents des écoliers, ainsi que celles des commerçants, a affirmé la directrice générale de l’organisme, Andréane Désilet, dans une déclaration écrite. Nous accordons une grande importance à écouter leurs préoccupations et nous nous engageons à y répondre de manière proactive. Nous collaborons avec tous les intervenants et la population pour améliorer notre projet, et assurer une communication continue et transparente. »

Mme Désilet a ajouté que le projet disposait d’« un soutien important de la part de la population ».

Dans une déclaration écrite, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a réitéré son appui au centre d’inhalation et d’injection supervisée, « un service important pour réduire les méfaits associés à la consommation de drogues ».

« C’est une approche à laquelle notre gouvernement croit alors que la crise des opioïdes frappe de plus en plus fort au Québec. Nous sommes sensibles aux craintes et questionnements des citoyens vivant dans le quartier. Rappelons d’ailleurs que le projet a reçu l’appui d’élus locaux, d’organismes communautaires et de parents du quartier », indique le ministre par l’entremise de son attaché de presse, Lambert Drainville.

Il précise par ailleurs que la demande d’approbation du centre d’inhalation et d’injection est encore en analyse par la Direction de santé publique du Québec.

Parmi les critères déterminés par Santé Canada pour permettre l’ouverture d’un tel centre, il y a l’obligation de « maintenir un engagement avec la communauté et les autres fournisseurs de services touchés », signale le cabinet du ministre. « Cet engagement pourrait inclure des activités de sensibilisation auprès d’organisations telles que des commissions scolaires, des prestataires des services de garde d’enfants, des associations commerciales et d’autres groupes communautaires locaux. »

Si des préoccupations sont soulevées, les responsables du centre doivent mettre en œuvre des « stratégies d’atténuation pertinentes ».

Avec Isabelle Ducas