Malgré la crise de l’itinérance qui sévit dans la métropole, l’administration de la mairesse Valérie Plante a refusé la demande de l’opposition de doubler le financement destiné à l’aide aux personnes sans-abri dans son prochain budget.

Le parti Ensemble Montréal a proposé, mardi en conseil municipal, d’augmenter de 6 à 12 millions l’aide financière versée aux organismes communautaires qui gèrent des refuges pour sans-abri et déploient des travailleurs de rue.

Le conseiller municipal de l’opposition Benoît Langevin a rappelé que le dernier décompte, mené en 2022, faisait état de 10 000 personnes sans logis au Québec, dont la moitié à Montréal.

« On a un réel enjeu à Montréal, avec une augmentation de 33 % depuis le décompte précédent, a-t-il souligné. On constatait déjà qu’il y avait un plus grand nombre de personnes à la rue depuis la pandémie. Donc, les choses doivent changer, on doit augmenter notre contribution sur le plan municipal. »

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Benoît Langevin, conseiller municipal de l’opposition

À la suite de consultations avec de nombreux organismes communautaires qui se consacrent à la lutte contre l’itinérance, M. Langevin a demandé un meilleur soutien pour leur mission, notamment pour trouver des locaux permettant d’installer des refuges ouverts 24 heures sur 24, prioritairement pour les femmes.

« Beaucoup de femmes fuient les refuges mixtes parce qu’elles ont peur d’être victimes de violence », note Benoît Langevin.

Il demande aussi des refuges destinés exclusivement à la communauté LGBTQIA2S+ ainsi qu’aux communautés autochtone et inuite.

L’installation de ces refuges doit être planifiée afin d’assurer une bonne cohabitation avec l’ensemble de la population, afin d’éviter les situations difficiles vécues dans le Village, Milton-Parc et le Quartier chinois, a-t-il fait valoir.

« Des tentes partout »

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Craig Sauvé, conseiller indépendant

« L’administration répète qu’elle ne veut laisser personne derrière, mais c’est un échec qu’on constate quand on sort dehors et qu’on voit la situation des personnes itinérantes. L’avancement du dossier n’est pas à la hauteur des besoins », a-t-il déploré, ajoutant que des investissements supplémentaires en prévention permettraient à la Ville d’éviter des dépenses en services municipaux, en services policiers et autres.

Le conseiller indépendant Craig Sauvé a aussi fait un vibrant plaidoyer en faveur d’une augmentation de l’aide pour lutter contre l’itinérance.

« Il y a des tentes partout en ville. On ne peut pas juste continuer d’enlever les campements et placer ces personnes dans des situations encore plus difficiles, a-t-il plaidé. La crise va encore s’accentuer, la population locale ne sait plus quoi faire, les gens ont peur. Je crois qu’on a atteint un point de bascule à Montréal, on est en train de perdre le contrôle. »

La responsable du dossier de l’itinérance au comité exécutif, Josefina Blanco, a reconnu que la crise prenait de l’ampleur, mais elle a assuré que la Ville jouait son rôle pour s’y attaquer et que les investissements étaient suffisants, après que l’administration eut fait passer de 3 à 6 millions son budget consacré à cet enjeu l’an dernier.

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Josefina Blanco, responsable du dossier de l’itinérance au comité exécutif

« Il ne faut pas oublier que la santé et les services sociaux sont des responsabilités de Québec et que la Ville n’a qu’un rôle de soutien », a dit Mme Blanco, rappelant que les maires des grandes villes avaient récemment pressé le gouvernement de François Legault d’agir pour sortir les gens de la rue.

Le mois dernier, la mairesse Valérie Plante avait qualifié de « largement insuffisants » les investissements de 15,5 millions annoncés par le ministre Lionel Carmant pour la lutte contre l’itinérance.

Mardi, Mme Blanco a dit s’attendre à ce que de nouvelles mesures locales soient bientôt annoncées par les CIUSSS de la métropole, à la suite de l’annonce du ministre.