(Québec) Le premier ministre François Legault doit démontrer, études à l’appui, que la présence de Canadiens hors Québec dans les universités québécoises met en péril la survie du français — ou se rétracter.

C’est ce qu’a lancé mercredi la députée libérale Madwa-Nika Cadet, alors que la décision du gouvernement de doubler dès 2024 la facture annuelle pour les nouveaux étudiants canadiens continuait de faire réagir.

M. Legault a justifié cette décision mardi en disant vouloir protéger le français. « Le nombre d’étudiants anglophones au Québec, ça menace la survie du français », a-t-il déclaré lors d’un point de presse.

En entrevue, Mme Cadet dénonce l’incohérence du gouvernement, qui accuse les étudiants canadiens de fragiliser le français, tout en se plaignant que ces étudiants ne restent pas au Québec une fois leur diplôme obtenu.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

La députée libérale Madwa-Nika Cadet

« S’ils quittent le Québec, comment est-ce qu’ils anglicisent le Québec à distance ? Il y a quelque chose de complètement incohérent là-dedans. On ne peut pas nous servir les deux arguments à la fois dans la même phrase et penser que c’est logique », a-t-elle souligné.

La porte-parole libérale en matière de langue française ajoute que l’Université McGill s’apprêtait justement à présenter un programme de francisation de 50 millions, avant que le gouvernement ne lui coupe son élan.

Ce type de mesure « structurante » aurait permis aux jeunes des autres provinces d’apprendre le français et de mieux comprendre le Québec, en plus de créer des « ambassadeurs » du français à l’extérieur du Québec, selon elle.

« Ces gens-là, quand on les accueille et on leur fait vivre une expérience québécoise, bien quand ils quittent, ça leur permet de faire rayonner le français à leur manière par la suite », a plaidé Mme Cadet.

Entre-temps, elle exige du gouvernement caquiste qu’il produise les études d’impact prouvant que les étudiants canadiens menacent la survie du français, à défaut de quoi le premier ministre devra « retirer ses propos » et les remplacer par des « affirmations véridiques ».

Interrogée en mêlée de presse à savoir si elle avait documenté l’impact des étudiants canadiens sur le déclin du français, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, s’est limitée à dire que « tout le monde sait que le français […] est très fragile ».

Depuis qu’elle a été annoncée vendredi dernier, la mesure ne cesse d’être critiquée, notamment par les universités anglophones, le milieu des affaires, le gouvernement fédéral, la mairesse de Montréal, ainsi que les trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale.